Thor, ne m’envoie pas ton Marteau dans la gueule, malgré le fait d’avoir péché. Oui, je l’avoue, je ne me suis jamais vraiment penché sur Moonsorrow. Ben oui, mais bon, je suis un peu allergique aux claviers Bontempi, et à chaque fois que j’ai jeté une oreille sur les Finlandais, un horrible son de clavier cheap à mort m’a agressé ! Donc, je n’ai jamais vraiment poussé l’écoute des cinq albums précédents, ni du dernier EP, malgré tous les bons échos de mes camarades. Que ce soit une bonne ou une mauvaise raison, d’ailleurs, on s’en fout, parce que, finalement, voici le sixième album qui affronte ma plume acérée. Mais pourquoi ai-je mérité çaaaaa ??

Bon, OK, j’en fais un peu trop. D’ailleurs, c’est la curiosité qui ma poussé à me pencher sur ce nouvel album, les extraits m’ayant tenté. Au programme, quatre longs morceaux, entre 11 et 16 minutes, entrecoupés de trois courts interludes. Le groupe prend donc encore une fois le temps de poser ses ambiances, et invite l’auditeur au voyage. Le titre, qui signifie en français « Nous errons au pays des morts tels des ombres », est parfaitement illustré par les trois interludes, où on entend une personne (ou un groupe) en train de marcher dans un environnement qu’on imagine désertique. D’ailleurs, tout au long de l’album on a l’impression d’une quête, d’un voyage, illustré par les interludes, mais également les morceaux, qui sont de véritables histoires.

En effet, le groupe prend son temps pour poser les ambiances et les morceaux. Comme je le disais, les morceaux sont assez longs, preuve que le groupe ne cherche pas à se presser, à rentrer dans des codes commerciaux. D’ailleurs, les structures et l’ambiance des morceaux me font penser à la période viking de Bathory, avec des titres épiques et longs. Moonsorrow a accouché de quatre petites histoires qui au final en forment une seule. Clairement axé sur les guitares, "Varjoina…" est avant tout un album de metal.

Un concept album donc, qui s’écoute d’une traite. Alors certes, une heure d’attention ça peut paraître beaucoup, surtout aujourd’hui où tout doit aller très vite, mais se contenter uniquement d’un morceau à la fois serait vraiment dommage. Il y a une vraie ligne directrice dans tous les morceaux, et c’est avec plaisir qu’on accompagne le groupe dans son voyage. Comme je l’ai dit un peu avant, Varjoina est avant tout un album de metal. Les morceaux sont donc logiquement basés sur les guitares. Tout le folklore pagan, à savoir les instruments traditionnels, sont donc relégués au second plan, pour souligner les ambiances et seconder les autres instruments plus classiques. D’ailleurs, ils n’interviennent que ponctuellement dans les morceaux. Leur présence en est d’autant plus intéressante, puisqu’on est loin d’un dégueulis de flûtiaux ou autre ancien instrument à cordes. Je trouve d’ailleurs ça beaucoup plus intéressant de ne faire intervenir les instruments traditionnels qu’à certains moments, ils en deviennent d’autant plus importants. Autre utilisation plus diffuse, les claviers. Ils sont clairement au second plan, pour mieux souligner les ambiances, à l’aide de nappes diffuses. Le son Bontempi est heureusement assez rare, et le clavier n’est pas indigeste. Mis à part le cinquième morceau, "Huuto", un peu mièvre et pompeux à mon goût, les autres titres ont cette touche épique et intense qui les rend captivants. Niveau tempo, même si le groupe garde une petite identité black metal, notamment par la voix, il ne s’aventure que très rarement dans la vitesse, privilégiant un mid-tempo qui fait hocher la tête. L’intensité dans cet album n’est pas dans la vitesse d’exécution, mais clairement dans la composition des morceaux, qui montent en puissance, un peu comme le fait Primordial.

En termes de reproches, les morceaux étant longs et denses, j’ai parfois trouvé le temps un peu long. D’autant plus que le groupe n’hésite pas à répéter les plans au fil des morceaux, qui s’en trouvent plus longs. Et comme le tempo reste globalement toujours le même, il faut s’accrocher à d’autres détails moins perceptibles pour garder le fil, ce qui est assez éprouvant. Il est donc assez facile de décrocher de l’écoute. Mais ce côté difficile d’accès est également une force, car il va à l’encontre de la musique fast-food, vite écoutée, vite oubliée. Moonsorrow a composé cet album comme on racontait les histoires quand la télé n’existait pas, en prenant son temps de développer, de rentrer dans les détails. Un album sans conteste à écouter au coin du feu.


Rédigé par : Skay | 17/20 | Nb de lectures : 14398