Youhou!! Les patrons du heathen metal sont de retour, à peine un an après leur cinquième opus "V : Hävitetty". Ceux qui ont râlé à cause des deux titres d'une demi-heure chacun de la précédente production pourront ressortir leurs griefs du placard. Moonsorrow nous refait la même, encore une fois. Personnellement, cela m'enchante fortement, car je trouve que le groupe gagne en ambiances et en dynamique en développant ses titres sur de longues minutes. Alors hop, "maintenant jouons" comme dirait Patrice Laffont dans Direct Poker.

Un rapide coup d'œil à la tracklist est déjà surprenant. Moonsorrow propose un titre inédit et éponyme d'une demi-heure, une reprise de Metallica, une autre de Merciless et deux versions estampillées 2008 des titres issus de la période démo ("Taistelu Pohjolasta" et "Hvergelmir"). Le tout nous donne un mini d'une durée hallucinante de 68 minutes dans la boîte à musique. Autant dire que l'amateur de viking en a pour son argent, avec un CD présenté dans une jolie super-jewel box, comme pour "V : Hävitetty".

Et fondamentalement, le titre éponyme de ce mini suffit amplement à justifier l'achat. Moonsorrow y apparaît en pleine possession de son art et parvient encore à surprendre. Après une introduction pour mettre en place l'ambiance, les premiers riffs du titre déboulent carrément à cent à l'heure. Nom di diou, on se croirait dans un vieux morceau d'Enslaved, à l'époque du masque en cuir (mmmh). Et une fois la barque bien lancée à contre-courant, Moonsorrow déroule ses mélodies lourdes et puissantes et ses chants clairs guerrier. Tout y est, comme dans les deux derniers efforts et on se retrouve téléporté autour d'un feu de camp à évoquer la dernière bataille et la nostalgie de la mère-patrie qui est si loin. Les transitions entre les différentes parties se font avec naturel et grâce, Moonsorrow virevoltant entre son riff agressif qui évolue et des parties atmosphériques de toute beauté. La formation se donne encore le temps de faire évoluer ses riffs et laisse totalement parler sa sensibilité. Kiki tout dur, encore une fois. Les fourbes, ils ont encore réussi.

J'avoue qu'après ce magnifique morceau, j'ai beaucoup plus de mal avec la reprise de Metallica, qui n'apporte pas grand-chose à l'original hormis le son Moonsorrow. "For Whom the Bell Tolls" est déjà un morceau navrant de simplicité, qui a été repris plus que de raison par tous les apprentis métalleux débutant la guitare de par le monde. Henri Sorvali prend même le micro pour ce titre dont l'enregistrement date de 2005. Et si le guitariste est parfaitement à sa place dans les backing vocals viking, je trouve son chant heavy absolument moche et poussif. J'ai donc développé une tendance à zapper promptement cette reprise.

La fin du mini se passe toute en douceur. On retrouve le Moonsorrow plus habituel des premiers albums sur les trois derniers titres. Le groupe conserve sa production la plus récente, c'est-à-dire avec le clavier au second plan même si celui retrouve un rôle de premier plan pour le coup. Les deux titres des démos s'avèrent dynamiques et entraînants. S'ils sont relativement classiques dans leurs structures pour du Moonsorrow, le groupe les balance carrément à l'énergie et nous blaste la face plus que de raison. La seconde partie de "Taistelu Pohjolasta" est même complètement dingue et frénétique. Youhou!!

Le dernier titre est donc une reprise de Merciless. Rangez vos drapeaux, il s'agit ici d'une composition du Merciless suédois, tiré de l'album "Unbound" de 1994; notre Mercyless s'écrivait avec un "y" de toute façon. Cette version de treize minutes m'a donné envie de découvrir l'original (que je ne connais pas), même si je me doute que la touche Moonsorrow apporte sûrement beaucoup à l'original, à grands renforts de guimbarde et de riffs plaqués avec vigueur.

Au bilan, encore une sortie de Moonsorrow qui vaut le détour. Le groupe fait dans mon cœur un sans faute depuis 2005. Et il est vraiment dommage qu'il ne passe pas encore le cap de jouer les titres de sa dernière période en live (en décembre dernier, nous n'avions eu droit qu'à un seul titre de Verisäkeet à Paris, ce qui était assez frustrant). En attendant, il va encore falloir que je me change. Et c'est chiant à nettoyer un futal en peau de phoque…


Rédigé par : Prince de Lu | 8,5/10 | Nb de lectures : 12015