Que de chemin parcouru par MOONSORROW, passé en quelques années de « FINNTROLL en plus sérieux avec des membres de FINNTROLL » à une référence du Viking/Epic/Pagan Metal (rayez la ou les mentions inutiles si vous en voyez). Il faut dire que passé l’excellent Kivenkantaja (2003), le collectif finlandais a choisi d’évoluer et de se réinventer. A la lecture de la tracklist de Verisäkeet (2005), on aurait cru avoir affaire à un disque de Funeral Doom avec ses compos approchant ou dépassant le quart d’heure. Si MOONSORROW avait déjà proposé quelques morceaux assez longs par le passé, il a depuis 10 ans choisi de baser son art sur ces longues plages, presque à tiroirs, histoire de mieux développer ses ambiances et emporter l’auditeur dans le Nord (pas les Hauts-de-France, le Grand Nord). V : Hävitetty (2007) avec ses deux morceaux de 26 et 30 minutes, était déjà une belle prouesse. L’EP Tulimyrsky (2008) avec son splendide morceau-titre de 29 minutes enfonçait déjà le clou. Indigeste pour certains, MOONSORROW avait peut-être besoin de freiner sinon il aurait aisément fini par pondre un album constitué d’un seul morceau de plus d’une heure, ce qui aurait cependant pu être grandiose après tout. Varjoina Kuljemme Kuolleiden Maassa (oui, j’ai copié-collé le nom) avait il y a 5 ans vu les finlandais revenir à des compos « légèrement » plus courtes et entrecoupées d’interludes, pour toutefois un album toujours aussi épique et enivrant. Car oui, MOONSORROW est devenu maître en l’art de balancer de l’epicness nordique très envoûtante, depuis plus de 10 ans maintenant.

Désormais passé chez un gros label Metal, MOONSORROW va avoir à cœur de poursuivre sa carrière dans la classe et l’application. Je ne vais pas refaire le topo aux connaisseurs, le groupe finlandais ne change pas son fusil d’épaule et continue à égrener son style viking/pagan épique post-Verisäkeet. Entre riffs Black appuyés, synthés majestueux, voix grim-mais-pas-trop, chœurs de barbus (blonds), incursions folk et/ou acoustiques, tout y est, y compris les atmosphères nordiques à souhait bien entendu. Et donc, MOONSORROW continue à se montrer un peu plus digeste que par le passé (tout est relatif) avec un Jumalten Aika constitué de 5 morceaux durant de 7 à 16 minutes, qui prennent leur temps pour se développer. Ou pas parce que le morceau-titre qui ouvre cette galette de 67 minutes en tout n’attend pas trop pour envoyer le Metal, si ce n’est une intro forcément obligatoire histoire de se (re)mettre dans l’ambiance. Ensuite, on retrouve sensiblement la même tambouille que pour Varjoina Ku… que pour l’album précédent, avec un aspect toutefois sombre dans les riffs (et dans la production, assez rugueuse pour le coup) qui rappellera Tulimyrsky. Et à grands coups de splendides synthés, Henri « Trollhorn » Sorvali et ses camarades de jeu nous font à nouveau voyager. C’est un MOONSORROW en forme qui nous propose ce Jumalten Aika, et "Ruttolehto" est là pour nous le prouver : cet excellent morceau est en effet relevé par des breaks folk assez exceptionnels, magiques et fantastiques, et tout simplement beaux.

Folk, épique voire même atmosphérique, MOONSORROW n’oublie pas pourtant les racines pagan/black de son art et joue avec brio sur tous les tableaux. Le « single » "Suden Tunti" est donc globalement plus dur, et ce dès les premiers accords, moins porté sur les atmosphères mais on a toujours affaire à du pur MOONSORROW (l’outro folk est là pour le prouver), encore une fois plus dans l’esprit de Tulimyrsky que de V.K.K.M.. "Ihmisen Aika (Kumarrus Pimeyteen)" qui clôt l’album montre également ce penchant plus dur pour les finlandais, avec un riffing globalement Black bien que forcément mid-tempo et peu agressif, mais les claviers sont toujours au rendez-vous. "Mimisbrunn" est toutefois un morceau très raffiné, parfois touchant même, où l’on retrouve encore quelques jolis breaks et passages folk. Du pur MOONSORROW même si l’humeur de certains passages est plus sombre que pour le précédent opus. Du pur MOONSORROW tellement pur que finalement, Jumalten Aika ne surprend pas vraiment, se posant comme un album inspiré mais peut-être un peu trop classique, on en retient surtout que c’est un nouvel album de MOONSORROW, sans plus-value par rapport à ce que fait le groupe depuis 10 ans (même s’il n’a pas été spécialement prolifique). Les finlandais ont pris des risques à l’époque de V : Hävitetty, maintenant ils se contentent de faire ce qu’ils savent faire en se « limitant » à des pistes de 16 minutes maximum. Cela est suffisant pour faire de Jumalten Aika un très bon disque de Viking/Pagan Metal épique, mais MOONSORROW ne devrait pas hésiter à oser encore et encore, ici il reste sur les sentiers battus, sur les trajets de GR de Finlande. A l’image du dernier DARKESTRAH, un bel album bien fait avec des moments de grâce mais qui ne surpasse pas ses prédécesseurs, ce qui sera néanmoins largement satisfaisant pour les fans, et avec sa science des morceaux fleuves mais avec peu de longueurs, MOONSORROW reste aisément une référence quand il s’agit de Viking-Metal qui fait voyager.




Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 8184