Si on y réfléchit bien, des groupes qui ont un nom plutôt pourri, il y en a quand même un bon paquet... et attention, quand je fais référence aux noms pourris je pense à POUTRE, CHEVEU, FRACTURE, LES MERDES ou PRÉPUCE.
Loin de moi l'idée de critiquer un quelconque choix artistique, il est même parfois carrément plus malin de choisir un nom improbable... c'est plus facilement mémorisable et on sait jamais, un buzz arrive parfois plus vite que l'on ne le croit (ah tiens il y avait SCOTCH aussi !).

Du coup, en choisissant pour leur combo un nom comme MONOSKI, ce duo de Suisses exilés à New York savait qu'il ne risquait pas de taper dans le tiède.
"No More Revelation" est le premier album de ce duo qui manie les dualités aussi bien que les ambiances.
Au cours des huit chansons de cet album se mêleront une voix masculine et féminine, une batterie et une guitare... et puis c'est tout.
Évidemment, on pense immédiatement à THE WHITE STRIPES et si MONOSKI peut rappeler par certains aspects les Américains, ils ont des influences à eux.

Le blues crasseux, l'ambiant dépravé et le rock n'roll des années 70 sont les principaux vecteurs utilisés par les deux musiciens.
L'ensemble donne un Stoner qui pourrait tirer vers le Sludge si les voix des deux protagonistes ne restaient pas "mesurées" dans leur chant en essayant de s'envoler vers les sphères virginales des vocalises cristallines.
Volontairement Vintage, le son de cet album est vraiment très intéressant et je ne doute pas qu'en vinyle (puisque l'album sort sous cette forme) cela doit vraiment envoyer du grain à moudre !

La distorsion de la guitare est grasse mais assez claire et c'est au détour de nombreux larsens que l'on devine que le guitariste doit jouer avec le volume d'avec sa guitare plus qu'avec un rack particulièrement compliqué.
On devine quelques pédales et de effets, mais le côté "Expérimental" du live prend toute sa source dans le fait que l'album a été enregistré en condition live sur un 16 piste. C'est tour à tour délicat puis gras et ça sonne lourd ! Vintage que je vous dis !

La batterie est très riche en cymbale, relativement pauvre en variation, martelant plus qu'elle ne groove. Brouillonne et pas toujours très en place (je doute que la batteuse ait quinze ans de baguettes derrière elle) la rythmique participe cependant énormément à l'identité de MONOSKI puisque sans cette "vie" et ces errances, l'album ne sonnerait pas aussi cru et... Vintage encore une fois.

Les voix tour à tour masculines et féminines sont par moments difficilement différentiables tant elles paraissent androgynes.
Un peu à la manière d'Iggy Pop à ses débuts, le chant est un peu étouffé, à la limite de la suffocation et de la rupture.
Les fantômes des STOOGES et des MC5 se mêlent donc aux figures plus moderne des WHITES STRIPES ou de KYUSS.
Le seul souci, c'est que l'ensemble sonne beaucoup moins original que ce que l'on pourrait croire au départ.

En fait, le gros "plus" de ce disque vient de son côté particulièrement cru et immédiat.
Écouter l'album d'une traite à une valeur d’expérience sonore, certes déjà entendue, mais quand même agréable.
Aucun hit ne se dégage vraiment de cet album pas plus qu'une volonté de vouloir crever le plafond avec du son calibré.
Le parti pris stylistique évidemment met en lumière une volonté d'expérimentation assez balisée, pas vraiment révolutionnaire mais pas désagréable.

La musique prend de joli chemin mais, à mon goût, ne va pas assez loin pour véritablement faire la différence... un peu plus de volonté de filtrer avec les extrêmes aurait certainement apporté de l'épaisseur à l'ensemble.
De bonnes bases, encore du chemin à faire pour arriver à ce qu'ils souhaitent mais restons à l'affût pour la suite.


Rédigé par : Pamalach | 12/20 | Nb de lectures : 12484