MONOLITHE - Monolithe IV (Debemur Morti/Season of Mist) - 17/10/2013 @ 07h57
2013, l’année MONOLITHE ? Tout de même pas (surtout pour les haters) mais il faut dire que le projet de Doom monolithique de Sylvain Bégot, discret voire oublié pendant des années, se sera montré pendant cette année. Debemur Morti a récupéré le monolithe pour la sortie de Monolithe III en novembre 2012, et en a été tellement hypnotisé qu’il ne le lâche plus. D’abord avec l’annonce de la réédition de Monolithe I et Monolithe II (sortis respectivement en 2003 et 2005 chez Appease Me) et Monolithe Zero qui sera une compilation regroupant Interlude Premier, Interlude Second et des inédits. Seule la première de ces rééditions est disponible pour le moment, pour laisser tout simplement place au 4ème album full-length de MONOLITHE. Monolithe IV sort donc moins d’un an après Monolithe III alors que ce dernier suivait Monolithe II de 7 longues années ! MONOLITHE n’a pas chômé et semble bien décidé à rattraper son retard.

La question qui se pose naturellement, c’est est-ce que MONOLITHE est capable de rester aussi inspiré pour tenir une telle cadence ? La réponse va se trouver dans les 57 minutes de ce nouveau monolithe de Doom mi-funéraire mi-cosmique. 57 minutes, le plus long morceau proposé par MONOLITHE depuis ses débuts et 57 minutes, c’est porte-bonheur pour le mosellan que je suis. Mais d’emblée, on constate que rien ne change vraiment chez MONOLITHE. Monolithe III ouvrait quelques perspectives, proposait quelques sonorités travaillées, cassures, nombreux breaks et changements d’ambiance, et rythmes variés qui faisaient mouche, et Monolithe IV opère un petit retour en arrière vers le style « classique » et plus sombre, plus lancinant mais forcément personnel de Monolithe I et Monolithe II, avec toutefois la production plus claire et une partie du paysage sonore de Monolithe III. La pochette plus apocalyptique n’augure finalement rien de particulier, si ce n’est l’apparition de chœurs assurés par Emma Elvaston du groupe EVOLVENT, et de légères surprises mais finalement bien discrètes par rapport aux idées plus foisonnantes de Monolithe III. La recette est donc toujours la même : à savoir un dialogue permanent entre rythmiques doom et leads sombres ou lumineux, avec des synthés plus ou moins présents en toile de fond et toujours ce chant profond, placé de manière parcellaire mais calculée, tel des déclamations au sein d’une litanie musicale.

Et le tout se met toujours en place au sein d’un long morceau presque indivisible et donc bien difficile à chroniquer. Mais comme à l’accoutumée, certaines cassures et passages remarquables sont présents, même si Monolithe IV se raccroche toujours à un schéma bien précis, un véritable échange entre riffs pesants et leads savamment dosés. On se fait donc immédiatement accueillir par les rythmes appuyés, les synthés lumineux en fond et les leads quelque peu dissonants. Contrairement à Monolithe III, le chant arrive plus tôt (vers 3’30), immédiatement accompagné des chœurs apocalyptiques qui font le sel de Monolithe IV. Les riffs sont toujours très pesants, se faisant parfois plus incisifs (6’), et les chœurs englobent le tout qui devient un peu plus psychédélique vers 10’. Le paysage rythmique commence à s’assombrir ensuite, mais à partir de 14’ les leads se font progressivement plus lumineux avec des sonorités parfois bizarroïdes. La première véritable cassure intervient à 15’25 : une étrange et bien sombre guitare semi-acoustique se fait entendre, et l’ambiance en devient plus apocalyptique, toujours appuyée par des leads très dissonants. Deux minutes plus tard le mouvement classique des leads mélodiques et des rythmiques reprend, avant le retour des chœurs vers 20’20. Trois minutes après c’est la gratte semi-acoustique qui fait son retour mais de manière plus lumineuse, la musique devient plus épurée le temps d’un break avant de repartir en rythmiques accompagnées d’un synthé particulièrement sidérant. La seconde cassure de l’album intervient à 26’, mais ce n’est que le temps d’un court break à piano car les leads et rythmiques repartent bien vite. Après 28’ la musique de MONOLITHE devient progressivement plus mélodique, les synthés sont plus présents et l’ambiance devient cosmique et DARKSPACienne, s’enfonçant après 31’ dans une sorte de break noir et abyssal, comme si un trou noir venait d’absorber toute la lumière environnante.

La vrai cassure de Monolithe IV se trouve alors à 32’20, où guitares disparaissent pour laisser place à un rythme martial étonnant puis à des orchestrations digne d’un score de film fantastique. C’est réellement le moment fort de l’album, à l’image de la montée de synthés soudaine de Monolithe III (qui se trouvait aussi à 32' !). Les hostilités reprennent à 34’40 et le schéma rythmiques/leads revient sur le devant de la scène, toutefois de manière bien plus épique et prenante. Nouvelle cassure à 39’30 avec le retour de cette gratte semi-acoustique bizarroïde bien mise en avant, et des chœurs apocalyptiques également plus épiques qu’avant. Les rythmiques écrasantes vont ensuite reprendre possession de l’espace sonore, jusqu’à partir dans des expérimentations dès 42’40, faites de riffs plus accrocheurs et de sonorités originales. Un break ambiant survient à 44’30 avec des leads très mystiques, puis dès 46’ MONOLITHE nous propose un passage très lourd, très doomesque finalement, Richard se lâche sur les vocaux tandis que les leads jouent avec les contrastes, superbement lumineux dans un premier temps puis prenant une tournure plus sombre ensuite. Le final de Monolithe IV démarre à 50’ avec une atmosphère psychédélique et des chœurs de haut vol, et le final sera forcément apocalyptique à souhait : les leads lancinants et le chant tiennent en haleine jusqu’au bout, on se laisse absorber par la nébuleuse jusqu’à la dernière minute dépouillée qui fait disparaître tout l’univers et sa matière dans un big crunch.

Inutile de dire qu’à nouveau, Monolithe IV est un album d’une densité rare qui nécessite de se laisser porter. Les quelques expérimentations en seconde partie d’album valent le détour après une première moitié assez convenue, mais en ce qui me concerne le mal est fait : Monolithe IV est le moins bon album de MONOLITHE. Rien de catastrophique ni de réellement décevant, le niveau n’a en rien baissé par rapport à Monolithe I et Monolithe II qui ont ici servi de base plutôt que le plus travaillé Monolithe III. Le problème vient surtout du fait qu’il n’y a ici rien de surprenant si on connaît les 3 premiers albums sur le bout des doigts, même si les chœurs et ces incursions bluffantes de grattes semi-acoustiques et le magnifique break central comptent beaucoup pour l’intérêt de l’ensemble, de même qu'un apparat finalement très hypnotique qui pourra plaire ou recevoir des « c'est chiant ». Après, ça reste une question de goûts, et pour moi Monolithe III était une belle réussite, alors quand un album un peu plus convenu arrive ensuite il y a un peu de désappointement. Hélas, quatre fois hélas, Monolithe IV semble donc être sorti trop vite, même si l’on ne remettra pas en cause la motivation et les qualités intrinsèques du groupe (comme toujours, il faut en avoir dans le slibard pour pondre des morceaux de 50 minutes sans tomber dans le collage de plans). Il a probablement voulu bien faire mais n’apporte pas ici un plus notable par rapport au reste de sa discographie, et se contente de peu avec un dialogue rythmiques/leads un brin répétitif (ce qui n’est pas forcément un défaut pour du doom…). Monolithe IV reste un bon album mais le groupe a fait mieux, et seuls les fans y trouveront leur compte surtout que ce n’est pas le disque le plus accessible de MONOLITHE, contrairement au Monolithe III qui était plus varié et qui reste pour moi ce que le projet de Sylvain Bégot a fait de mieux. Et d'ailleurs sa réécoute après Monolithe IV le rend encore meilleur...



http://monolithedoom.tumblr.com - 121 visite(s)

Bandcamp - 94 téléchargements


Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 12724




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Commentaire
Deadpool
Membre enregistré
Posté le: 18/10/2013 à 17h02 - (109562)
J'ai beaucoup de mal avec ce groupe, j'arrive pas du tout à rentrer dans le trip. Dommage :/ Par contre je suis assez curieux de voir ça en live !

Clalire
Membre enregistré
Posté le: 26/10/2013 à 16h22 - (109694)
Alors moi je rentre complètement dans leur trip et il me faut ce quatrième épisode !! J'ai trouvé chaque album meilleur que le précédent et le III extrêmement riche... On verra bien si celui-ci déçoit un peu ou pas, mais en tous cas il y a une vraie logique d'évolution d'un album à l'autre, bravo !



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