MONOLITHE - Monolithe III (Debemur Morti/Season of Mist) - 12/03/2013 @ 08h01
7 ans après Monolithe II, voici enfin la suite de l’aventure cosmique et introspective du groupe de doom MONOLITHE. Certes, ce vide a été en partie comblé par la sortie de deux EP en formes d’interludes (Interlude Premier (2007) et Interlude Second (2012)), mais il tardait aux fans de découvrir un nouvel opus œuvrant dans la particularité la plus remarquable du groupe, à savoir les longs morceaux uniques dépassant 50 minutes. Monolithe III est donc à nouveau composé d’une seule piste de 52 minutes, sans séparation quelconque. Le projet de Sylvain Bégot est donc toujours bloqué sur ce concept, ce qui peut le rendre inaccessible mais la réussite est toujours au rendez-vous, au sein de ce style de doom cosmique assez unique en son genre et toujours ambitieux.

Concernant ce troisième opus, la sauce avait eu le temps de monter. Vindsval (BLUT AUS NORD) avait même initialement été annoncé comme vocaliste, mais c’est finalement Richard Loudin, chanteur sur toutes les sorties de MONOLITHE excepté Interlude Premier (et également membre de NYDVIND) qui reprendra son poste. Des rumeurs avaient également annoncé que Monolithe III serait particulièrement expérimental, mais finalement nous resterons dans la lignée de Monolithe I et Monolithe II, sans énorme surprise. Surprise, c’est pourtant ce qu’avait été Interlude Second, un fantastique EP où MONOLITHE se montrait particulièrement sombre et lancinant. Pour Monolithe III, MONOLITHE va donc reprendre le chemin du doom introspectif assez lumineux, émaillé de nombreux leads et accompagné d’un fond de claviers. Néanmoins on s’éloigne pas mal du strict Funeral Doom pour désormais pencher vers un doom cosmique tout à fait personnel. Monolithe I et Monolithe II étaient déjà parfaitement ficelés, en sera-t-il de même pour Monolithe III ? La tâche ne semble pas difficile pour Sylvain qui a déjà eu l’occasion de montrer tout son savoir-faire.

Chroniquer un album de MONOLITHE n’est pas chose aisée, car le format piste unique ne permet pas de se raccrocher à quelques morceaux pour éviter de se faire happer par l’énergie noire du cosmos. Ce monolithe musical de 52 minutes n’est donc pas facile à aborder, si on peut en dégager certains mouvements et des « points de rupture », il n’y a vraiment rien qui pourrait justifier un quelconque découpage en pistes, ce qui est déjà un tour de force de la part du projet. MONOLITHE joue bien évidemment la carte de l’empilage de riffs doom plus ou moins pesants et abyssaux, mais il serait trop facile de résumer Monolithe III à ça. Quelques leads légèrement DARKSPACiens parsèment l’ensemble, de même que les claviers très présents qui posent l’ambiance cosmique étonnamment lumineuse. Car MONOLITHE joue également sur les contrastes avec des montées mélodiques libératrices qui contrebalancent les rythmiques lentes et noires, ainsi que le chant doom/death cependant utilisé avec une certaine parcimonie (sa première apparition ne se fait qu’à 8’50 !), laissant place aux instrumentations qui font tout le sel cosmique de MONOLITHE.

Monolithe III n’a pas vraiment d’intro, on est directement plongé dans la matière noire à l’aide des riffs et des claviers. Le début du morceau est d’ailleurs plutôt dissonant, avec de très bons riffs, avant que l’atmosphère ne se mette en place grâce à un somptueux break spatial à 2’10. Un long passage de doom mélodique enivrant prend alors place, sublimé par des excellents riffs et un jeu de batterie méchamment bien dosé. Une première rupture intervient à 8’50 avec l’apparition du chant, l’ambiance s’assombrit alors légèrement, malgré l’omniprésence des leads et claviers, aux sonorités parfois assez hallucinantes (à 11’, c’est très chelou). Après un break apocalyptique très prenant à 14’20, Monolithe III devient progressivement de plus en plus sombre. Les riffs à partir de 20’ sont particulièrement écrasants, et l’ambiance prend ensuite une tournure très négative à partir de 24’, dissonances à l’appui. MONOLITHE nous plonge alors dans la noirceur du cosmos mais une seconde rupture va de nouveau tout chambouler. Le sublime break à claviers à 32’50 va nous extirper de l’amas de matière noire pour introduire une suite d’album bien plus lumineuse, avec les mélodies mises à l’honneur ainsi que le chant de Richard. Les leads et claviers cosmiques s’enchevêtrent, et après un nouveau break étonnant à 42’, ambiant et orchestral, la fin de Monolithe III va être très abyssale malgré les claviers en fond, avec un final hypnotique à souhait. Au bout, nous avons donc 52 minutes d’un voyage cosmique oscillant constamment entre lumière des étoiles et espaces de vide très noirs, pour un album très prenant dans l’ensemble, et surtout cohérent, faisant preuve de la maîtrise de MONOLITHE dans l’exercice difficile de l’album à piste unique.

Restant dans la lignée des deux précédents opus avec juste un léger accent mis sur le côté mélodique et lumineux, MONOLITHE livre à nouveau une œuvre aboutie et parfaitement ficelée. Monolithe III est même l’album le plus accessible du groupe, car moins Funeral et laissant plus d’accroches ici et là comme quelques riffs de premier choix, des leads bien sentis ou des breaks à couper le souffle, bien plus que dans les précédents opus plus denses. Tout est relatif et ce format particulier d’album reste vraiment réservé à un public averti, surtout à celui habitué au doom qui étale ses riffs et prend le temps de développer ses atmosphères. Et bien évidemment, Monolithe III n’est pas un album digéré en deux écoutes, loin de là. Si vous ne vous étiez jamais intéressés à MONOLITHE, cet album est donc le meilleur moyen de se plonger dans l’art cosmique de la formation. Pour ceux qui s’étaient déjà entichés de Monolithe I et Monolithe II, il n’y a pas énormément de nouveautés ou de prise de risque à signaler et Monolithe III sera juste pour vous un nouvel album de MONOLITHE, meilleur ou moins bon qu’un autre c’est à vous de juger. Personnellement j’ai d’ailleurs du mal à en dégager un favori (même si Interlude Second, plus particulier, tire son épingle du jeu et m’avait mis une bonne baffe), surtout de par le format difficile à conjuguer avec des écoutes répétées, et plutôt qu’un album ou un autre c’est surtout l’art de MONOLITHE tout entier qui est intéressant. En définitive, une expérience métallique à vivre et éventuellement à apprécier, et quoi qu’il en soit Monolithe III est sans conteste un très bon album, pour un groupe original qui ose et qui réussit.

Un dernier détail, je trouve dommage que le digipack soit présenté avec un bord avant et une tranche blanche, surtout que l’arrière et l’intérieur sont unis avec le motif cosmique sombre. Si on peut reconnaître que ça met l’artwork en valeur, je trouve néanmoins le choix discutable, avec un digi entièrement sombre ça aurait peut-être eu plus de classe. Mais c’est la musique qui compte après tout…



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Monolithe III - 127 téléchargements


Rédigé par : ZeSnake | 15.5/20 | Nb de lectures : 13064




Auteur
Commentaire
GzU
Membre enregistré
Posté le: 12/03/2013 à 10h57 - (106469)
Merci Debemur de leur offrir un vrai visuel :)

J'ai les 2 premiers et le dernier, je préfère le dernier ! Un très très bon cru de nos français ! Bravo

Mais par contre je suis dègu', ils vont rééditer les CD, et surement avec de vrai visuel :D

mika
IP:81.185.119.31
Invité
Posté le: 12/03/2013 à 11h24 - (106471)
c'est peut être la musique qui compte, mais la remarque sur le digi est intéressante, il existe encore pas mal de gens qui auscultent l'objet, et font attention au visuel, et la je dis bravo !

génial
IP:78.223.221.125
Invité
Posté le: 12/03/2013 à 17h46 - (106474)
Autant je salue la démarche artistique ambitieuse du groupe, comme d'hab', autant il y a quand même des défauts assez pénalisants, comme la boite à rythme (excellente sur certains passages, mais parfois un peu étrange, pour rester poli), l'accent du chanteur ou certains riffs qui font assez B-sides de My dying bride passées dans la réverb... Du coup, ça plombe un peu l'immersion à mon sens...

Ennemi
IP:81.252.135.249
Invité
Posté le: 13/03/2013 à 15h49 - (106489)
Une chronique monolithique.

Clalire
Membre enregistré
Posté le: 26/10/2013 à 16h29 - (109695)
chef d'oeuvre (et avec enfin un visuel qui fait honneur au contenu) !

cet album est monumental et d'une richesse incroyable, on ne s'ennuie pas une seconde... Je le trouve d'ailleurs moins "monolithique" que les 2 premiers, plus ciselé. Mais il faudrait réécouter les 2 premiers car chacun a son lot de petites choses surprenantes...

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