A ne pas confondre avec leurs helvètes collègues de label de Monno, c'est pas tout à fait la même came. Même si les membres de l'écurie belge Conspiracy (Gnaw, Jakob) jouent tous deux sur les ambiances et les longueurs, les Japonais ont le "n" et la haine en moins. Et difficile de l'avoir moins qu'eux, la haine, puisqu'ici, tout n'est que finesse et volupté, "Hymn To The Immortal Wind" tapant dans un post-rock au son on-ne-peut-plus propret (malgré Steve Albini encore aux manettes), et qui voit le quartet s'entourer d'un orchestre symphonique pour l'occasion.

Reste qu'il y a des jours où je me dis qu'il vaut mieux chroniquer du grind que du post-rock. Parce qu'au moins, si l'album est pas bien retournant au final, t'as pas perdu trois semaines de ta vie à essayer de le cerner un minimum. Puisque Mono souffre du syndrome The Evpatoria Report. C'est mignon tout plein, c'est magnifiquement exécuté, ça respire le propre à cent bornes, mais ça reste du post-rock d'ascenseur dégueulant de violonneries et d'arpèges cristallins totalement stériles. Pas besoin de fouiller bien longtemps dans ta mémoire auditive: ces montées, ces explosions, ces descentes, tu les as déjà entendues un bon millier de fois chez Explosions In The Sky et tous leurs suiveurs. Alors pourquoi se les coltiner une énième fois?

Les titres des morceaux ("Pure as snow "...) semblent être là pour parachever de montrer aux demeurés où Mono veut en venir. "Hymn To The Immortal Wind" ne convaincra que ceux que les ambiances cinématographiques à la limite du sirupeux ne rebutent pas. Quant à moi, j'ai malheureusement perdu ma capacité à m'émouvoir en courant, caméra à la main, pour filmer la chute d'un flocon de neige avant de chuter par terre tout en riant à gorge déployée. Je l'ai même jamais eu, le Morbihan c'est pas vraiment le Mont Fuji niveau enneigement. Mais même si ça avait été le cas, cette mélancolie trop exacerbée, ces arrangements trop larmoyants, auraient quand même eu raison de moi. Parce qu'à trop vouloir véhiculer un sentiment de pureté, Mono flingue son travail d'orfèvre, "Hymn To The Immortal Wind" fleurant bon le sentimental bon marché.

Bien sûr que c'est joli; le digipack, quand même über classe, m'empêchera de dire le contraire, mais le relief trop peu accidenté des morceaux, couplé à un classicisme irritant, fait de ce quatrième album de Mono un énième représentant du post-rock dans sa frange la plus scolaire, pas mauvais pour autant mais à l'intérêt limité sorti de son utilisation en guise de fond sonore pour diaporamas de week-ends en amoureux; et puis en fait, Mono, c'est comme si je faisais des paragraphes d'une phrase, c'est indigeste, irritant à la longue et on en voit jamais la fin.

Allez, remballez vos violons, l'hiver est fini.


Rédigé par : Crown_Me | 10/20 | Nb de lectures : 11453