« Ce soir sur ARTE, soirée Thema : Tintin au Congo sous LSD se tape un trip vaudou » ou kronik du « Zombi » de MOMBU. Déjà, qui sont MOMBU ? Sous ce blaze se cachent deux musiciens italiens : Luca T. Mai, saxophoniste de ZU et Antonio Zitarelli, batteur de NEO. Voilà, quand on connaît un peu le background de nos amis on comprend vite fait à qui on a affaire. Mais le MOMBU c’est aussi une incantation vaudou qui a pour effet de déclencher de fortes pluies. A mon avis, il ne sont pas étrangers aux trombes d’eau qui tombent ces temps-ci…

Et lorsque nos deux compères décident de se réunir c’est pas pour faire de la pop, mais plutôt pour se taper un délire free jazz hardcore sax’-batterie complètement barré et assez difficile à digérer au premier abord. Déjà, si vous passez l’épreuve de déchiffrer les titres inscrits au dos de l’album, vous êtes bon pour apprécier l’album. Quoique…

Car « Zombi » n’est pas un disque facile. Ici, pas de guitares, pas de basses, juste un saxophone baryton et une batterie, des rythmiques afro’, de l’improvisation, des morceaux longs, difficiles à digérer, dans une ambiance vaudoom, qui nous rappelle souvent les bandes sons façon vieux films d’horreur en noir et blanc. « Alors qu’est-ce que ça fout sur VS ce truc-là ?! » vous allez me dire ? Je vous répondrai « Attendez, restez un peu, c’est vraiment pas mal en fait, et y a même un peu de guitare sur un (sic) titre ! ». Ouais, je sais, ça fait maigre, mais bon fouillons plus en profondeur ce « Zombi » pour vous convaincre un peu plus.

Se composant de huit morceaux, tous baignant dans un trip jazzy vaudoo haïtien, la musique de MOMBU se caractérise par un style très travaillé et totalement libre à la fois. C’est assez spécial, il faut bien le reconnaître, mais le résultat en est très convaincant. Le travail sur les rythmiques est impressionnant et surprenant à la fois. Usant majoritairement des polyrythmies et des impros typiquement free jazz, notre gazier fait véritablement vivre ses fûts et cymbales pour faire voyager l’auditeur dans un monde mystique au-delà du réel. Couplé à cela, le jeu de Luca T. Mai, avec son saxophone, en rajoute une couche. Remplaçant aisément une bonne paire de guitares électriques, ses rythmiques lourdes, sombres et sourdes, venues d’outre-tombe, s’imposent d’elles-mêmes sur les coups de frappe de son compère. MOMBU s’est décidé à extirper les morts de leurs tombes, pour les confronter aux vivants, et tout ça en musique, nous invitant à un voyage mystique quasiment instrumentale. Car hormis sur le titre « Zombi », qui comporte quelques gémissement et grognements dudit zombi ainsi qu’une guitare (la voilà !), tout l’ensemble du disque est exclusivement réservé au duo saxophone/batterie. Mais quand on voit la finalité, on se dit que ça ne gâche rien dans cette bande son de l’épouvante et que cela rajoute un certain cachet.

Bénéficiant également d’une production très brute et poisseuse, l’ambiance mise en œuvre sur cet album n’en est que parfaitement restituée. Malsain, tripant, perché, ou tout ce que vous voudrez, ces deux types savent ce qu’ils font et nous étonnent par tant de talents et d’originalité. On se surprend à apprécier, après beaucoup d’écoutes, même si certaines parties sont un peu trop « free style party », mais dans l’ensemble, ce « Zombi » n’en est qu’un bon petit OVNI musical. A essayer, pour les plus curieux d’entre-vous.


Rédigé par : Velvet Kevorkian | 14/20 | Nb de lectures : 12941