Pour être parfaitement honnête, la perspective de chroniquer cet album m'emballait à peu près autant que l'idée de recevoir un bon coup de pied dans le palais. Molotov Solution, mmh... Encore une « trouvaille » typique de label en quête de chiffre, un truc bien dans l'air du temps dont on n'entendra plus parler dans 18 mois et qui, en attendant, vient grossir les rangs des albums jetables comme on en trouve des centaines sur les sites de VPC ? Pas si simple, et surtout, pas si sûr !
Certes, le quintette texan ne révolutionne pas le deathcore, mais évite assez habilement les écueils majeurs contre lesquels une bonne partie de la concurrence s'est abîmée comme une grosse otarie bourrée à la 8°6.

Tout d'abord, ici, point de surenchère technique à la con. Rien que pour ça, on placerait bien MS en tête de gondole ! L'accent est en effet mis sur l'efficacité. C'est marrant, on avait presque oublié que ce style pouvait être efficace à force de le voir s'engluer dans un shredding aussi frénétique que stérile, sans même parler des parties de batterie improbables qui sonnent comme autant de publicités pour Pro-Tools (ou de mises en garde contre la maladie de Parkinson, c'est selon).

Molotov Solution a su allier les figures imposées du style à un sens de l'écriture presque fluide, qui réhabilite la notion de « chanson » au sein du deathcore. Des titres comme « Living Proof » ou « Monolithic Apparatus » s'en font le vibrant témoignage. Mais plus encore, la surprise vient du superbe « The Dawn Of Ascendency » qui clôt l'album de façon absolument magistrale. Sept minutes qui prouvent que MS a assimilé toutes les leçons de musique prodiguées par ses aînés et peut désormais en restituer l'essentiel tout en restant cohérent. Parler de « touche personnelle » est assurément un peu exagéré, mais il faudrait être de bien mauvaise foi pour nier un talent certain à la formation de Las Vegas. Au chapitre des réussites, il convient également de saluer la production absolument exemplaire signée par Tim Lambesis, ci-devant chanteur des très bons As I Lay Dying.

Destiné aux amateurs de genre, mais bien plus encore à ceux (dont je suis) qui n'en attendent absolument rien, « The Harbinger » propose un instantané de ce que le deathcore peut apporter de plus musical sans sacrifier pour autant la violence du propos. Une dose supplémentaire de personnalité saurait – dès le prochain album, peut-être ? - faire de Molotov Solution un groupe franchement méchant.


Rédigé par : Rahahaaz | 14/20 | Nb de lectures : 10287