Dans l'univers cosmopolitain et chamarré (hum...) des gens tout de noir vêtu, on trouve de tout, venu de partout. Chaque région y va de sa propre sauce, de son propre mélange maison. Et le plat servi peut être « excellent », « spécial » ou « à gerber ». En musique comme en cuisine, tout est question de dosage. Le Japon l'a bien compris ! La preuve ? Le too much y fait figure de plat national...
Pour ceux qui ne connaîtrait pas le Visual Key, je ne peux que les inviter à découvrir par eux-mêmes. Aucun mot ne peut résumer cette musique, ce look, ce scénique, cette culture... Ce truc que MOI DIX MOIS, groupe phare, a réussi à faire découvrir au monde.

Si le nom vous débecte tellement, pourquoi lisez vous cette chro' ? Vous espérez pouvoir baisser le pouce pour la mise à mort ?
Passez donc votre chemin !
Et oui, aussi potache que cette mode, ce phénomène ou quoi que cette chose puisse être, ce serait ingrat de ne pas souligner les qualités de ce live.

Filmé dans la capitale du deuxième pays le plus nippon-style du monde (Paris, bien sûr) ce DVD risque d'en surprendre plus d'un.

On dira le mal qu'on voudra du look, de l'androgynie poussée à l'excès, du kitch et tout le tremblement, mais le Visuel Key prévient : c'est aussi visuel que sonore. Shooté avec professionnalisme, on a bien une dizaine de caméras pour courir d'un bout à l'autre d'une scène et d'une salle qu'on croirait sortie d'un film de Tim Burton. Absurde et dynamique comme un combat de Ken le Survivant, voilà bien un concert comme on n'en voit pas tous les jours.
Le son est quant à lui bien propre pour être vrai, mais on passe volontiers sur ce qu'on écoute. Ce qui se détache, se sont avant tous les voix totalement incongrues, allant du Bernard Minet local (finalement un bon choix pour les VF ?) aux growls les plus obscurs, les effets les plus décalés, et j'en passe. L'oreille habituée au metal, si souvent en anglais, ne reste pas indifférente... Non, honnêtement, c'est indescriptible. La musique part dans tous les sens, mais les voix. Quel choc culturel !

Plus d'1h30 de show, 20 tracks à la San Ku Kai, mise en scène digne de Jean-Michel Jarre (encore plus) défoncé... Au risque de choquer fan comme ennemis : ça déboîte tellement ça ne sert à rien !
Rois du ni-fait-ni-à-faire-land, le quintet maîtrise son discours et assume son ton. Récréatif, frais tant c'est décalé, voire à côté de tout ce qui peut se faire avec une guitare, ce DVD remplit son contrat : illustrer dans un format un peu froid ce qu'on peut faire en mangeant des sushis aux acides. Inutile au possible, invraisemblable performance, MOI DIX MOIS use, ridiculise les superlatifs.

Toute la discographie est passée en revue, chaque morceau trucidant les poncifs du m'as-tu-vu du metal mondial à la sauce (soja) psychédélique d'une ambiance totalement inédite. De l'indus ultra-militaire au black le plus minimaliste, tout le monde est éclaboussé de maquillage ou singé dans sa mise en scène.

On en vient à ce demander à quel point cela peut être sérieux, mais qui ne s'est jamais posé les mêmes questions avec MANOWAR ou JUDAS PRIEST ? C'est trop, bien sûr. Comme un spectacle de clowns, comme une kermesse à un enterrement, ce live de MOI DIX MOIS fait garder des yeux ronds du début à la fin. On rit, on ne comprend rien, on en viendrait presque à danser, parodier les postures du groupe comme les combats de Goldorak.

Japoniaiserie par excellence et concert totalement hermétique pour tous les non-fanatiques, ce DVD reste un divertissement complètement décalé. À la fois loin et en plein dans les a priori, ce show reste marquant par une grande force : quand il s'arrête, on réfléchit LOOOOONGTEMPS pour comprendre ce qu'on vient de voir...

Bien plus abouti qu'une grande partie des DVD que j'ai pu voir, et surtout expérience complètement inédite, quelque part en Manson, Guignol et Candy et ses Amis, ce live restera à jamais dans ma mémoire... Entre Casimir et Dragon Ball, sans doute.

Ouais, je vais finir par une phrase qui résume bien l'ensemble de mon opinion sur le groupe.

C'est exactement comme Nicky Larson, l'Île aux Enfants et toutes les conneries de mes enfances dans les années 80 : c'est débile, kitch, nul et totalement con, et pourtant, même si ça me saute au yeux à chaque fois, ça me fera délirer toute ma vie...


Rédigé par : Aneria | DVDécalé/ | Nb de lectures : 16049