Le voili, le voiçà, deux ans après « Discordia » le MISERY INDEX nouveau est arrivé avec ses onze nouveaux pamphlets dédiés à la brutalité d’un death grind égrené de relents hardcore punk. On remarquera au passage que MISERY INDEX semble enfin avoir trouvé le parfait line-up puisque c’est avec la même formation que ce nouvel album a été enregistré. Pour un groupe qui avait toujours peiné à aligner la même distribution sur deux enregistrements d’affilés, la performance n’est pas des moindres. Comme à chaque fois, la sortie d’une nouvelle galette de MISERY INDEX est un petit événement en soi car les groupes à disposer d’une telle aura de respectabilité ne sont pas si nombreux que ça. MISERY INDEX peut s’enorgueillir d’un sans faute dans sa discographie même si « Discordia », amorçant un virage sensiblement moins radical, n’avait pas fait l’unanimité chez tous les fans de la première heure.

Cette fois-ci, MISERY INDEX a choisi de régler leur compte aux « Traitres », ces bien-pensants s’engraissant sur la naïveté religieuse ou économique des masses. Un sujet qui, en ces temps de crise économique, offre un écho cinglant à une actualité aux effluves de banqueroute mondiale et qui fait de ce disque la bande son originale idéale pour le naufrage des organismes financiers qui avaient spéculé sans impunité sur la misère humaine.

Comme c’était le cas deux ans plus tôt, le quatuor de Baltimore nous balance à la face un nouvel opus alliant puissance et violence ; une sorte de « Discordia 2 » à décrocher les têtes. Entre leurs prises de position radicales, leur prédisposition pour le death/grind et leur statut de pur et dur, il n’est pas étonnant de constater que de plus en plus de personnes fassent un certain rapprochement entre MISERY INDEX et les vétérans engagés de NAPALM DEATH.

Si MISERY INDEX n’arrive toujours à égaler le sommet de leur art développé sur « Dissent », « Traitors » assure une continuité parfaite à la carrière du groupe même si on pourrait leur reprocher de camper sur leurs positions et de bâtir la majorité de leurs albums sur une même alternance de plans lourds, de breaks, de blasts, de titres fulgurants et d’autres plus étoffés sur la longueur. De ce fait, les titres, comme les deux derniers albums, ont une légère tendance à se ressembler à deux exceptions près : l’énorme « American Idolatry » et sa ligne mélodique au saxo, titre dans lequel MISERY INDEX piétine allégrement les « valeurs » américaines qui conduisent tranquillement le pays à sa perte et le massif « Black Rites » qui démarre tranquillement sur des tempos lourds presque atmosphériques pour s’achever dans un tourbillon survolté.

Aux rangs des petites surprises, on notera la présence de deux invités de marque, Guy Kozowyk chanteur des RED CHORD et le légendaire Tomas Lindberg venus, respectivement, pousser la chansonnette sur « Partisans of Grief » et « Ruling Class Cancelled ».

Côté prod, MISERY INDEX a encore une fois changé son fusil d’épaule. Après le duo Remillard/Dagenais pour « Retaliate » et Eyal Levi (le guitariste de Dååth) pour « Discordia », c’est au tout de Kurt Ballou (CONVERGE) de venir prêter ses savantes manettes au quatuor. Le résultat pallie les quelques faiblesses de prod de batterie présentes sur « Discordia « qui se retrouve ici légèrement mise en avant dans le mix plus organique.

Bref, on prend les mêmes. On recommence et on obtient encore un disque de furieux peut-être sensiblement en dessous de ses prédécesseurs mais toujours aussi efficace dans le décrassage des tympans.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 13473