Comment aborder le nouvel album d’un groupe dont la discographie ne comporte aucune faille ? Comment être capable de faire abstraction de son référentiel musical à l’écoute d’un nouvel album de Misery Index ? Car là réside toute la difficulté... Groupe talentueux, reconnu et adulé, Misery Index est aussi un groupe attendu au tournant à chacune de ses sorties discographique.

Pourquoi je vous dis tout ça ? Eh bien parce que lors de l’écoute du premier extrait de l’album, mis en ligne sur leur site communautaire ('The Carrion Call'), d’affreux doutes et pressentiments mitigés s’étaient ancrés dans mon cerveau. Il faut dire aussi que le quatuor de Baltimore a pris la bonne habitude de toujours se surpasser, élevant leur Death Grind aux relents Hard Core et Punk dans des niveaux de millésimes égalant certains Premiers Grand Cru. D’où un sentiment inévitable d’attente, mêlant doutes et espoirs...

A l’écoute de "Heirs To Thievery", mes incertitudes ont été balayées d’un coup, sans laisser la moindre parcelle de doute en l’état. Misery Index est bien de retour, et "Heirs To Thievery" est bien un excellent album surpuissant. Mais...
... sans atteindre cependant le niveau de ses prédécesseurs, je suis au regret de vous l’avouer...

Pourtant, l’album débute bien et fort, s’ouvrant par un implacable ‘Embracing Extinction’. 1min47 de furie et de Death/Grind typiques du groupe, parfaitement enchaîné avec ‘Fed to The Wolves’, terriblement véloce et radical. La plupart des titres sont percutants et résolument violents, du grand art, me dis-je alors. Mais l’intensité s’estompe légèrement par la suite, laissant entrevoir quelques faiblesses ; et si les premières écoutes, bercées par la furie et la qualité musicale dont sont empreints les 11 compos de "Heirs To Thievery", ne font qu’écraser l’auditeur, sur la longueur, l’album fait ressortir quelques défauts qui étaient jusqu’alors inexistants chez Misery Index.
Oh, rien de bien méchant, n’ayez crainte. Quelques riffs un peu moins inspirés, voire réchauffés, et une osmose moins harmonieuse entre les variations rythmiques. Adjoint à un sentiment étrange, entre sensation d’inachevé et impression moins savoureuse qu’habituellement ... Pas très éloigné cependant de l’exceptionnelle qualité des précédents opus du groupe, mais en deçà tout de même...

Bien entendu, Misery Index demeure un groupe exceptionnel, dont la qualité et le talent sont indéniables. Et "Heirs To Thievery" est à l’image de ces qualificatifs : excellent, rageur et implacable, entre furie Deah/Grind et efficacité imparable aux relents HxC.
Les tempos sont globalement élevés et plus furieux qu’à l’accoutumée, à l’image de ‘Day of The Dead’, ‘You Loose’ ou ‘Embracing Extinction’ ; et s’il manque un 'Traitors' ou un 'Conquistadores' pour véritablement porter l’album dans des contrées incritiquables, "Heirs To Thievery" regorge de titres puissants et racés, variés et résolument violents. La majorité des titres demeurent des brûlots irrésistibles, à l’image de ‘Plague of Objects’ ou ‘Heirs to Thievery’, porteurs du style reconnaissable du groupe, et qui devraient permettre de continuer à briser moult nuques en concert.
Enregistré par Steve Wright aux Wright Way Studios, l’album possède une production puissante, sèche et racée ; sensiblement moins organique que "Traitors", mais éloignée des productions impersonnelles, préservant ainsi l’aspect légèrement rugueux de l’opus.

Vous comprendrez donc aisément que porter un jugement sur un album de Misery Index nécessite surtout de décrire et préciser le référentiel. Car tout est question de référentiel ici avec "Heirs To Thievery".
En effet, pour le néophyte, la satisfaction jouissive de la torgnole sonore implacable sera de mise. Il en va de même si l’on compare cet album avec les différents groupes évoluant dans le même créneau musical ; d’ailleurs toute comparaison est vaine, Misery Index évolue dans une autre dimension tout simplement, et "Heirs To Thievery" figurera sans aucun doute en bonne position dans la liste des albums de l’année, ce que j’approuve, tant il est efficace, accrocheur et abouti.

Mais pour quelqu’un comme moi, qui apprécie et idolâtre ce groupe depuis "Overthrow", un sentiment d’inachevé ou de légère déception ne peut être évité... "Heirs To Thievery" est un excellent album, racé, puissant, varié et dont le regain d’agressivité est jouissif.
Mais, "Heirs To Thievery" a un gros défaut : celui d’avoir pour prédécesseur un certain "Traitors". Et à ce jeu de comparaison, ce p’tit dernier est un cran en dessous. Il manque une étincelle, un fragment infinitésimal de feeling indescriptible, pour élever "Heirs To Thievery" au même niveau que ses prédécesseurs.
A acheter les yeux fermés, cependant...


Rédigé par : ..::Ju::.. | 16/20 | Nb de lectures : 14783