« Avoir le dernier Misanthrope 6 mois avant tout le monde … ça n’a pas de prix, pour tout le reste il y a Mastercard ».

Eh oui moi aussi je cède à la mode du « … ça n’a pas de prix » que l’on voit fleurir sur Fesses Bouque à chaque post. Et pour ma part ça tombe bien, j’ai les deux (je parle de la master card et surtout du dernier Misanthrope). Plus de 6 mois que j’ai ce précieux entre les mains. Inutile de vous expliquer mon état érectile du moment. Alors pour couper court tout de suite à toutes allégations et blasphèmes de votre part:

- Non je n’ai pas couché pour avoir ce disque (mais j’aurai aimé … avec des filles de préférence).
- Non je ne connais aucun membre du groupe.
- Non je n’ai eu aucune pression pour mettre une bonne note.
- Non ce n’est pas du copinage avec VS … bah quoique … s’ils nous ont filé le disque avant c’est qu’ils sont quand même potes avec nous … mais bon pas avec moi en tout cas !
- Oui j’aime Misanthrope, et ça ne date pas d’hier.
- Oui je suis un piètre rédacteur.

Cinq années se sont écoulées depuis le chef d’œuvre « IrremeDIABLE», album que je chérie plus encore que tous les autres car il parle de mon poète préféré (on peut être bourrin, et aimer Baudelaire, si si c’est possible !). La relève allait être difficile. Et pourtant, ce Ænigma, est vraiment un poil de cul supérieur à IrremeDIABLE. Pourquoi ? … les compos … la musique … du béton armé ! Jamais la cohésion de tous ces éléments n’avait été aussi marquée. Il n’y a pas une fausse note, pas un seul passage chiant ou limite. Trop souvent dans ce style de musique, on trouve une accumulation de riff, une juxtaposition de plans sans grande cohérence … alors certes, c’est technique mais c’est chiant. Ici tout est fluide, tout s’emboite comme papa dans maman. On sent les quatre années de gestation.

La prod est très clinique, très sèche … certains pourrons le regretter, mais l’avantage c’est que chaque instrument est audible, sans qu’aucun ne prenne le dessus sur l’autre. Personnellement j’aime beaucoup même si j’ai une légère préférence pour les prod’ grasses, mais le style Misanthrope ne se prête pas à ça.

Pas de concept album cette fois-ci. L’expérience misanthropique d’Alceste continue, son exploration du plaisir, de la perversité, de la religion, du mysticisme.

J’ai beaucoup apprécié le chant de SAS que je trouve encore supérieur à ses précédentes performances. Ahhh le chant dans Misanthrope … toute une polémique. Je n’ai jamais compris si les gens n’aimaient pas les parties plaintives ou le chant growlé … ou les deux ? Les paroles ? Perso, j’aime tout. Avec à chaque fois une petite érection dès que je l’entends geindre comme une veille rombière. Bien sûr tout est exagéré, les paroles, le côté théâtral, les chemises à jabot, le côté ridicule. Ce n’est pas non seulement assumé, c’est voulu, cela fait partie de l’identité Misanthrope, au même titre qu’un Caniboule sans hachoir et tronçonneuse ne serait pas pareil. Imaginez le groupe transporté au temps des « Précieuses Ridicules » et vous comprendrez le concept du groupe.

Alors il contient quoi de si extraordinaire ce disque pour que je lui donne une note maléfique ? Même si je n’aime pas l’exercice que je trouve très difficile, je vais tenter un track-by-track histoire de vous donner un aperçu de l’ambiance (et comme je suis une grosse larve qui ne sais pas écrire, je vais simplement le décrire par des mots sans faire forcément de phrases complètes).

L’art chorégraphique de la transe : ouverture du bal avec un riff presque raw … lent quelques notes qui formeront l’armature de ce titre au rythme soutenu. Un pur titre résumant tout Misanthrope : c’est speed , des paroles sombres, crues. On ne pouvait rêver mieux comme entrée.

Force Conspiratrice : très Dimmu dans l’esprit, nappe de clavier, ultra speed, batterie apocalyptique. Très bon titre.

La bonté du roi pour son peuple : titre phare de l’album. Basse ultra présente, titre lourd, riff envoutant, refrain entêtant. Break de basse. Par moment on a une vraie impression de minimalisme dans les sonorités. Simple et efficace.

Les ombres de Dante : titre sombre, rapide. Pas mauvais mais j’accroche un peu moins. Je ne sais pas pourquoi.

L’arboresence du Lys : basse slappé en intro, refrain de killer, riff destructeur … excellent titre, si ce n’est le meilleur !

Desponsation : les guitares sont à l’honneur sur ce titre. Le refrain est ultra accrocheur. Le titre commence mid-tempo, accélère pour retomber, puis ré accélère pour une finale à 200 à l’heure qui se termine direct dans le mur ! Le chant plaintif est présent. Encore un grand morceau.

Gigantomachie : morceau lourd … très lourd … chant growlé. Passage plaintif totalement jouissif suivit par un break limite funky … excellent !!! Encore de la bombe.

Nouvelle parole: Le riff d’intro est très lourd, lent puis le titre accélère au fur et à mesure. Musicalement on retrouve quelques sonorités black, la finalité est très sombre avec le riff de début en clôture. Un peu moins accrocheur, aurait mérité un refrain histoire de donner un peu d’unité.

Charmantes castratrices : une ode à la gente féminine. Titre très nerveux. Solos très rock. Bon titre.

Suis-je misandre ? : Titre lent, chant plaintif. Bridge de gratte très accrocheur. Encore du tout bon ! Je me demande toujours si le thème parle de misandrie ou du Misandre du labyrinthe …

Lycaon (Omophagie Communiante) : growls furieux, titre ultra nerveux, très death scandinave dans l’esprit.

Ænigma Mystica : Le titre éponyme conclue ces quelques 60 minutes. Encore un titre jouissif. Du chant plaintif, des paroles indécentes. Un refrain gras, futur hymne … des paroles inspirées futures références: « Aenigma … Mystica … transfigure … l’oméga !!! ». Et le meilleur … un pur break plaintif « Insoutenable vie inhumaine, ou même les morts culpabilisent » Aaaaahhh … j’ai jouis.

J’espère vous avoir donné l’eau à la bouche, et après ce bref aperçu, la question que l’on peut se poser … Misanthrope peut-il faire mieux ? Oui … mais ça va être chaud. A chaque sortie je suis surpris, généralement agréablement donc je ne m’en fais pas trop pour la suite.


Rédigé par : Kurglom | 16.666/20 | Nb de lectures : 17930