Dommage que la crédibilité de ne fasse pas tout parce que MIRROR OF DECEPTION en a par wagons de douze. Car en plus d’être avec les trop rares DAWN OF WINTER peut-être le plus vieux groupe de ‘true doom’ encore en activité au bout de vingt ans de l'autre côté du Rhin, leur guitariste-fondateur, Jochen Fopp, est à l’origine du cultissime festival DOOM SHALL RISE et sa section rythmique vient même de prouver une nouvelle fois sa foi en la cause en participant au très réussi premier maxi de MOUNTAIN THRONE… Mais voilà, rien n’y fait, depuis deux décennies le groupe pisse dans un violon, change de label à chaque album et continue de n’être qu’un soupir à peine audible dans le vacarme ambiant. Et si la conviction de ses géniteurs n’est pas à mettre en cause, l’essentiel à savoir la musique, elle, l’est.

En fait, comme tous ces prédécesseurs, ‘A Smouldering Fire’, leur premier album en quatre ans, se traîne toujours les mêmes deux enclumes, à savoir son chant et le manque de puissance de ses chansons. Deux soucis qui ont tous les deux la même source, leur indécision à se placer sur l’échiquier musical. En gros, MIRROR OF DECEPTION adorerait faire du ‘true doom’ à la SAINT VITUS mais aime trop la mélodie, voire des plans limites prog’, pour totalement plonger la tête dans cette flaque noire. Donc comme leurs compatriotes de DREAMING, le résultat est donc caduque, sombre mais pas assez désespéré, plein d’élan mais pas assez épique, heavy mais malgré tout encore trop léger et avec donc un chant certes moins catastrophique que celui de leur premier frontman mais manquant toujours de justesse et surtout de coffre. Et sans l’attitude ‘Pascal Brutal’ de REVEREND BIZARRE ni l’univers psychédélique d’un CATHEDRAL, leur doom n’en paraît donc que plus fade, sans relief et surtout dépourvu de cette capacité essentiel pour ce style à faire suffoquer l’auditeur sous le poids de son désespoir. Eux y voient peut-être une volonté de faire un doom ‘non-orthodoxe’ comme c’est d’ailleurs indiqué sur leur page web, mais pour moi, tout cela manque juste de cojones et donc d’intérêt. Surtout quand tout cela sort dans à peu près le même style coincé entre le live de WHILE HEAVEN WEPT et THE ATLANTEAN KODEX avec lesquels la comparaison est hélas des plus assassines pour nos vieux lascars.

À noter pour les plus acharnés d’entre vous qu’il existe une version double CD digipack avec un second CD bonus (non fourni dans la version promo envoyée à VS) de dix morceaux, contenant divers réenregistrements de morceaux démos, une reprise (« One Mind » de SAINT VITUS) et les titres initialement inclus sur deux splits sortis en 2009 en compagnie de TEFRA et GARDEN OF WORM et à la base en format vinyl uniquement.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 08/20 | Nb de lectures : 12318