MINUSHUMAN, ou le parfait exemple du parcours exemplaire ? Formé en 2007 sur les cendres de DARK POETRY, la carrière du quintette de Bergerac semble prendre un départ de rêve. Premier album sorti en autoproduction (Watch The World Die, 2008) très acclamé, signature chez un gros label (Season Of Mist) dans la foulée pour un second album, c’est ce qu’on appelle un démarrage en fanfare. Bloodthrone ou comment combler les attentes du fan du premier album, faire évoluer son art et mieux se faire connaître…

Inutile de vous dire que j’avais eu un gros coup de cœur pour Watch The World Die à sa sortie en 2008, tout comme notre almighty rédac-chef Greg. Avec cet album on tenait assurément un grand espoir du Metal français. Etalant ses multiples influences (mélodeath à la DARK TRANQUILLITY, Thrash moderne, Metal plus sombre et atmosphérique, Sludge groovy, etc) au sein d’un disque déjà maîtrisé au niveau des compos, des ambiances personnelles et du son, MINUSHUMAN avait fait mouche. Peut-être un peu trop discrètement toutefois, et la signature chez Season Of Mist constitue donc une occasion en or pour que le groupe puisse exploser. L’attente se fit sentir, et les exigences qui l’accompagnent avec, surtout après un premier album quasi-parfait. De ce fait, je n’ai pas été convaincu à 100% par les deux premiers extraits dévoilés ("The Architect" et "The Day We Died"), pensant que le groupe allait continuer son petit bonhomme de chemin sans chichis, en livrant un Watch The World Die II sans creuser plus profond. Et pourtant…

Bloodthrone m’a fait le même effet que Black Days de KLONE, à savoir un album qui n’apporte pas énormément de nouveauté par rapport au précédent effort, mais qui constitue un mûrissement du style pour donner un nouvel opus encore plus maîtrisé. La recette ne change donc pas de trop après Watch The World Die, MINUSHUMAN nous livre toujours un mélodeath incisif avec des riffs proches de DARK TRANQUILLITY, le tout dans une ambiance sombre et dépressive (notamment grâce au chant déchirant de Cédric), et avec un apparat groovy dans le son, parfois proche de certains groupes typés US comme MASTODON période Sludge (cf. les intros de "Evolve" et "Three Mile Island"). La mixture proposée par les aquitains fonctionne toujours, et encore plus que sur Watch The World Die. Car oui, MINUSHUMAN laisse un peu en marge ses développements d’ambiances qui faisaient le charme du premier opus pour se concentrer sur son aspect direct et accrocheur. Et c’est là que ça bute.

Bloodthrone est une véritable usine à compos catchy. Déjà, la prod à nouveau réalisée par El Mooooooooboooooooo au Conkrete Studio, est une nouvelle fois excellente et percutante, avec ce coup-ci une basse très présente qui accentue le côté groovy du disque. A partir de là, il n’y a plus d’excuse pour apprécier les riffs à la fois mélodiques et coups-de-poing, propices à un headbang incontrôlable. L’écrasant "The Architect" assure la mise en bouche, mais la folie commence avec l’exceptionnel "The Size of An Ocean" particulièrement entraînant. "Evolve" est le digne successeur de "Empire", et le groupe dévoile ensuite sa facette plus catchy et groovy avec l’ultra-efficace "The Day We Died" (qui passe bien mieux dans l’album complet qu’en single YouTube). D’autres morceaux dans cette lignée font leur effet, "Three Mile Island" quasi-Rock’n’Roll (mais toujours mixé à des riffs mélodeath gothenburg !) et "Godspeed" qui fait taper du pied, taillé pour le Live malgré son côté plus dépressif. Côté dépressif ou « dark » qui n’est pas oublié dans ce disque, avec les plus développés "Forgotten Fields" (tout de même bardé de riffs tranchants), "Bloodthrone" plus lancinant, ou encore le final instrumental "Kill Me". Bloodthrone, album parfait ? Si ça ne l’est pas, ça y ressemble en tout cas…

Et d’ailleurs, pour une fois j’ai essayé de ne pas écouter mon démon chipoteur qui flotte à côté de moi, et qui me susurre à l’oreille quelques remarques du genre « Mais le chant est quand même moins bon que sur le premier ! Puis les influences ressortent encore de trop ! Et le riff de "Another All" c’est le même que celui de "The Sixth Mass Extinction" ! Et la caisse claire fait toujours « schplaf » ! Et pis un album français en sélection, t’es prêt à affronter les comms ?! », pour apprécier Bloodthrone pour ce qu’il est : un excellent album de mélodeath groovy très personnel, qui s’inscrirait presque dans le style « French Metal » avec des mélodies et des ambiances différentes. Il y a ici du riff catchy à la pelle, et du gros tube ("The Size of An Ocean", "The Day We Died", "Godspeed") de quoi se déhancher pendant l’été, avec une atmosphère sombre qui colle bien à la météo moribonde. Tout simplement, une tuerie dans le genre Metal direct-mais-pas-trop bien accrocheur et efficace. Il m’est pourtant difficile de dire si Bloodthrone est supérieur à Watch The World Die, eu égard à la claque prise à l’époque, mais quoi qu’il en soit la qualité est au minimum équivalente malgré l’angle d’approche un peu différent, et un mûrissement logique du style. De toute façon si vous avez apprécié le premier opus : foncez. Deux albums, deux baffes : c’est bien un début de carrière en trombe…




Rédigé par : ZeSnake | 17/20 | Nb de lectures : 16933