On dit souvent que le poids des années apaise les mentalités et les rebellions de jeunesse. Pour Al Jourgensen, c’est plutôt l’inverse ! Après avoir fait renaître de ses cendres son projet que l’on croyait mort et enterré, REVOLTING COCKS, avec un album qui botte le cul, voilà que le sieur Jourgensen sort un nouvel album de MINISTRY après le coup de massue qu’était "House of the Molé". Et autant le dire tout de suite, "Rio Grande Blood" frappe fort, très fort, démontrant une nouvelle fois que le groupe n’est décidément pas mort !

Malgré tout l’enthousiasme que m’avait procuré le précédent effort, j’avais été un peu déçu par ce retour de MINISTRY à des sonorités brutes de décoffrage, "House…" étant à mon goût une resucée un peu trop évidente de "Psalm 69": mêmes idées, mêmes samples, bref beaucoup trop de similitudes qui m’avaient assez rapidement lassé… Mais alors-là, la claque est de taille. Certes, le son MINISTRY est reconnaissable entre mille, les riffs sont typiques de ce qu’a su faire le père Al depuis toujours mais cette fois-ci, on est vraiment face à une œuvre originale qui se hisse directement à niveau égal de "Psalm 69" avec la touche d’originalité que n’avait pas "House...". Riffs acérés qui vous claquent à la gueule comme un pétard mammouth, rythmiques speed dopés aux amphets, samples redoutables ajoutant le petit côté indus essentiel au son MINISTRY (en plus du son glacial de batterie), la voix de Jourgensen est quant à elle agressive comme jamais, nous crachant à la gueule des textes orientés directement contre l’administration Bush.

Pour pondre un tel déluge, il faut dire que la team MINISTRY est impressionnante : aux côtés d’Al Jourgensen, on ne retrouve que de grandes pointures du metal indus dans ce qu’il a de plus puissant, à savoir Tommy Victor à la guitare (PRONG), Paul Raven à la basse (KILLING JOKE) et le fidèle Mark Baker à la batterie. Et le résultat nous donne des morceaux à l’énergie fracassante ("Rio Grande Blood" et son sample introductif qui donne d’entrée de jeu le ton, "Señor Peligro", "Fear (is big business)", l’assassin "The Great Satan", "Yellow Cake", "Palestina") ou encore des titres lourds et massifs qui vous écrasent les tympans ("Gangree" avec un discours directif de Sgt. Major, "Lies Lies Lies" et son refrain monumental, "Ass Clown" qui voit le compère de toujours Jello Biaffra pousser la chansonnette, ou encore "Khyber Pass" et son sample vocal ethno).

Bref, un sans faute pour MINISTRY qui, en fer de lance de la lutte anti-Bush, fait passer son message avec une conviction impressionnante et une crédibilité totale. Mention spéciale également pour l’artwork franchement réussi où on voit Bush trôner en Jésus des temps modernes dans un monde dévasté par ses ambitions guidées par une seule et même devise : "Liberty and Justice for Oil".

"Rio Grande Blood" représente définitivement l’album de MINISTRY auquel je ne croyais plus ! Je n’ose même pas imaginer ce que pourra donner le prochain album du groupe si Bush mène à terme ses ambitions guerrières contre je ne sais quelle autre nation…


Rédigé par : Foofur | 17/20 | Nb de lectures : 18549