Ce qui est marrant avec MINISTRY, c’est que celui qui ne sait pas que le groupe a splitté en 2008 (tout le monde ne peut pas être au courant de tout) pourra aisément croire que le groupe est toujours actif. Depuis leur dernier « véritable » album, The Last Sucker (2007), le groupe a sorti moult compilations, remixes, lives et singles. Se sont donc suivis The Last Dubber (remixes Dub de The Last Sucker), Cover Up (album de reprises), Adios… Putas Madres (CD puis DVD Live), et une reprise de "Thunderstruck" de AC/DC en guise de single. J’ajoute qu’un best-of avec des inédits est prévu pour bientôt chez Cleopatra. Et c’est sans compter toutes les autres sorties du père Al Jourgensen, notamment les albums (et albums de remixes aussi !) de REVOLTING COCKS, ainsi que ses divers featurings (notamment sur le dernier FRONT LINE ASSEMBLY). Mais bien qu’il n’enregistre plus rien, il semble que MINISTRY se doit encore et toujours de sortir des trucs, c’est donc les précédents albums qui passent au grill des remixes (on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a sous la main). Ce coup-ci, c’est donc Houses Of The Molé (2003), premier album de la trilogie anti-Bush fils, qui est passé à la moulinette des remixes, pour un disque logiquement nommé MiXXes Of The Molé.

Bref, rien de particulier ici, ce sont juste les titres de Houses Of The Molé, remixés un à un par Erie Loch, chanteur du groupe de Punk-Indus BLOWNLOAD. La plupart des titres sont tellement proches des originaux que leur « remaniement » est loin d’être évident. C’est le cas de "No W" et de "Waiting" (juste un peu plus saccadés), et de "WTV" par exemple (le titre le plus violent de l’album d’origine conserve son statut ici). D’autres sont épicés par un peu d’électro chiadée, ce qui fait son petit effet ("Wrong", "Worm"). Certains sont rendus un peu plus lourds et percutants ("Worthless"), d’autres sont vidés de leur substance Thrash-Indus pour essayer d’avoir un rendu différent ("Warp City", "World"). Qui dit remix dit aussi qu’on peut se contenter de mettre un peu plus en retrait les guitares et le chant ("WKYJ", et "Worthless" dans une moindre mesure). Puis le groupe se permet aussi quelques délires sympa, comme le remix de l’outro "Walrus" dans un genre de techno-rétro-chiptune. Globalement, on a juste l’impression d’entendre l’album original avec un peu moins de guitares, une relecture un peu moins speed et plus variée, avec l’adjonction de quelques éléments électro/D’n’B. C’est à peu près tout.

L’intérêt de tout ça ? Aucun. Soyons francs, à part les fans indécrottables du groupe et surtout les collectionneurs (et encore, tout ce petit monde commence sérieusement à être pris pour des vaches à lait), je ne vois pas qui pourrait accorder 47 minutes d’usure de tympans à ce disque de remixes proprement inintéressant (à part les chroniqueurs de webzines qui reçoivent les promos bien sûr…). Surtout que le père Al ne s’est pas foulé pour le packaging, juste le CD dans une « Cardboard Sleeve » (ou « Gatefold Digipack », enfin vous voyez ce que je veux dire), et pas de livret, rien. L’album d’origine est bon, assez classique et pas le meilleur de la trilogie anti-Bush fils (mon préféré étant Rio Grande Blood), mais c’est du bon MINISTRY dans son versant le plus bourrin. Cette session de remixes se retrouve trop le cul entre deux chaises, à vouloir rester trop proche des originaux tout en expérimentant dessus de façon pas toujours heureuse. Et l’ensemble n’a, à mon sens, que très peu d’intérêt. A part quelques passages réussis (je retiens surtout le remix de "Worthless") il n’y vraiment rien d’excitant… Enfin bon, allez comprendre. Il faut bien qu’Al finance ses vieux jours avec son label, je vous rappelle que le système de retraite américain est assez hard en son genre. Il ferait mieux d’inventer une nouvelle conspiration pour nous prétendre qu’Obama est un pantin des républicains, pour reformer MINISTRY et nous balancer des nouveaux titres de Thrash-Indus vindicatif à la gueule. A moins qu’il ne faille attendre les prochaines élections en 2012 ? Pas sûr que les républicains passent, et de toute façon il y a la fin du monde peu de temps après. Tant pis. Rendez-vous bientôt pour l’album de remixes de REVOLTING COCKS qui devrait se nommer Got CoXXX. A moins qu’on ait le droit avant à un AnimositisomiXXXa ?


Rédigé par : ZeSnake | XXX/20 | Nb de lectures : 14367