Dixième album pour MINISTRY, le moment idéal pour faire le point sur vingt ans d’une carrière entre coups de maître (Psalm 69, The mind is a terrible thing to test) et coup dans l’eau (Filth pig). MINISTRY reste un groupe de référence dans une scène indus qui a vieilli face à la poussée en flèche de l’électro. Si MINISTRY reste un groupe qui a su se créer un son qu’on reconnaît en quelques mesures, Allen Jourgensen n’a plus rien à prouver. Tout le monde, jusqu’à présent, s’accordait à rattacher l’âge d’or de son groupe au passé glorieux du début des années 90. Le départ récent de Paul Barker , binôme d’Al depuis plus de quinze ans, laissait présager, avec ce nouveau disque, l’ultime sursaut d’un groupe agonisant. MINISTRY était encore capable de surprendre sur ces derniers albums mais du feu sacré ne subsistait que des braises.
Et puis voilà « Houses of the Molé » et son visuel riche en symboles. Le signe de la paix et celui de l’anarchie réunis sur une pochette au parfum de révolution.
Cette promesse de soulèvement prend immédiatement forme dès le début de « Houses of the Molé » dans une version mémorable et très personnelle de Karmina Burana. Bien rapidement, on se rend compte qu’on est en train de vivre un véritable miracle : le vent du renouveau a soufflé sur les braises jusqu’à leur rendre leur éclat passé. La fougue subversive de MINISTRY est de retour et Jourgensen nous offre ni plus ni moins que le meilleur album de MINISTRY depuis plus de dix ans. Il faut croire que l’Amérique de Georges Bush a réveillé d’anciens démons enfouis sous la tignasse du père Al. Chacun des titres du prodigieux « Houses of the Molé » contient un « W » lourd de signification (indéniable allusion au président américain en exercice). Un peu comme si MINISTRY voulait signaler par cette simple lettre l’omniprésence et la puissance du pouvoir américain sur un monde qui ne veut plus vivre sous cette tutelle chimérique.
Le grand MINISTRY est de retour avec ses voix malmenées, distordues, ses rythmiques cycliques, ses samples hypnotiques. Le tout animé d’un esprit très punk et revanchard assez proche de celui qui nous avait transcendés dans « Psalm 69 ». Al fait même référence à ce chef d’œuvre en proposant 69 pistes (pas titre !) sur cette nouvelle galette.
Jourgensen n’est pas content du tout et il a décidé de ressortir son arme la plus puissante : sa musique.
A signaler que le disque comporte deux ghost tracks piste 23 (un détournement de l’hymne américain, des extraits de discours de Georges W Bush) et piste 69.
« Houses of the Molé » est un pied de nez magistral à tous ceux qui voyaient déjà la fin prochaine du groupe. Quand Barker va entendre ça, il va en faire une jaunisse ou retourner dans le groupe … Fasse le ciel que ça soit une jaunisse…
Chapeau bas Monsieur Jourgensen.



Rédigé par : Tonton | 17/20 | Nb de lectures : 10421