Si le metal peut se targuer d'avoir suffisamment de personnalité pour s'auto-suffire depuis 40 ans en tant que style à part entière (bon, ok, avant on disait « hard-rock »), il a sû à diverses époques de sa glorieuse carrière s'acoquiner avec diverses autres familles pour des résultats parfois très probants. En termes de finances, bien sûr (Kiss et son indémodable « I Was Made For Lovin' You ») mais aussi de réussite artistique : on se souviendra pour l'occasion du début des 90's, où certains Dan Reed, Red Hot Chili Peppers et autres Faith No More ouvrirent un chemin en or au courant baptisé un peu vite « fusion » tant la profusion d'OVNIs musicaux de l'époque laissait l'ensemble du public et de la profession à court de termes pour définir ce joyeux gloubiboulga sonore.

Mindless Self Indulgence a l'audace de ressuciter cette époque des étiquettes révolues en accouchant d'un « If » pour le moins hybride. Le quatuor New-Yorkais – nouvelle coqueluche Outre-Manche, comme d'hab...– invente le décathlon musical. Tout d'abord, le combo mixte arbore un look goth de cartoon franchement too much, avec ses maquillages exagérés, son cuir et son vinyl trop près du corps, mais ne se limite heureusement pas à ce seul travestissement de BMW volée. Derrière ces apparats tape-à-l'oeil se cache un vrai groupe qui joue, et qui ne fait pas semblant.

Bien sûr, « If » est trop long, bien trop long. Avec ses 15 titres qui aimeraient être autant de singles, le disque pèche dès sa moitié par une envie de vouloir trop bien faire. Sa basse électro saturée, séduisante sur le gigantesque premier titre (« Never Wanted To Dance »), devient lassante sur la longueur, et ce phrasé à mi-chemin entre les plaintes de Robert Smith et le hip-hop ne séduisent plus vraiment après 45 minutes d'écoute ininterrompue. Mais M.S.I. (et plus encore son label, The End, coutumier des pires turpitudes musicales) a le mérite de faire ce pari devenu aujourd'hui aussi insensé qu'obsolète dans l'esprit de toutes formation établie : il OSE !

Il ose « If », cette créature à quinze bras, largement influencée par le punk, l'électro, le hip-hop, Marilyn Manson (dans le traîtement sonore),The Cure, Waltari, ABBA, les Beastie Boys, et des dizaines d'autres. Il ose l'hystérie d'un Fishbone qui reprendrait des titres de Killing Joke pour le fun.
En ces temps où il est de bon ton de resservir les recettes établies et rien d'autre – voire de déterrer les plats à l'ancienne, il convient de saluer l'initiative. « If » n'est assurément pas le chef d'oeuvre de tout une époque, mais a le considérable intérêt de faire figure de curiosité dans un paysage trop morne au sein duquel le dernier truc excitant en date (a.k.a le revival du thrash old school) commence déjà à devenir casse-burnes.



Rédigé par : Goat Of Rahahaaz | 15/20 | Nb de lectures : 10737