(Un mot sur l’emballage. Je ne sais pas si la promo sera la même pour tout le monde mais la qualité du coffret "Mind Over Body" est remarquable et mérite à elle seule un 20 sur 20. Je sais le prix que représente la distribution d’un produit fini de cette trempe surtout venant de la part d’un groupe qui n’a pas encore un réservoir de fans capable à lui seul de faire déborder le tiroir caisse. D’autres formations mieux nanties se montrent souvent plus pingres dans leur offre. Donc, bravo !)

En dehors d’Angra, les combos de métal prog en provenance du Brésil n’ont pas pignon sur rue. (Et encore faudrait-il se poser la question de savoir si Angra est vraiment un groupe de métal progressif. Moi, j’ai bien ma petite idée mais pas sûr qu’elle fasse l’unanimité…) Quoi qu’il en soit, c’est vrai qu’elles ne sont pas très connues. On peut citer toutefois Scar Souls, Shaaman (émanation d’Angra), Scelerata, Sleepwalker Sun, Thessera ou Destra. Fort de ce désintérêt, avec "Mind Over Body", Mindflow en est à son deuxième album et s’accorde toutes les chances de devenir le leader sud-américain de cette scène. Et avec des arguments qui pourraient même en faire une référence s’il se défait de certains travers propres au genre dont il se réclame.

Le style est clairement Dream Theater techniquement parlant le symphonisme en moins. Mais ses influences peuvent aussi englober Andromeda (notamment le chant et les claviers), Queensrÿche, Angra, Arena et pourquoi pas Pain Of Salvation. L’ombre de Spiral Architect plane aussi sur ce copieux CD (79min).

Et là, ce n’est pas forcément heureux. Car si les musicos fondus au yaourt du groupe norvégien sont de redoutables bêtes techniques, leur assourdissant et étourdissant métal prog donne le vire - vire si l’on n’est pas habitué à autant de plans, breaks et autres empilements de structures. Et c’est souvent le cas des pièces purement progressives de "Mind Over Body" notamment la première "Crossing Enemy Lines" (12min16). Moi, ça ne me gêne pas plus que ça, mais la complexité dont font preuve les Sud-Am est ici poussée à son paroxysme et transforme l’ensemble en pur exercice de style au détriment du plaisir d’écoute. Ça dégringole de toutes parts et l’on ne sait plus très bien où « écouter ».

Autre inconvénient, la grande variété de lectures proposées (métal, rock, jazz, pop) parfois au sein d’un même titre déconcerte. Parce que ce n’est pas assez fluide. Ça sent l’éparpillement et ce syncrétisme même voulu apparaît comme un manque de direction claire. Tout aussi dommageable, la production n’est pas irréprochable sur les titres où le groupe devrait faire parler la poudre alors qu’il retient ses coups. (Section rythmique sous-mixée ?).

Maintenant que j’ai fait mon Schtroumpf grognon, je vous la joue Oui-Oui. Car, si comme moi, vous êtes amateurs de cet aspect un brin cérébral du métal vous pourrez largement y trouver votre compte. De nombreux titres - plutôt longs en général - valent le détour surtout sur la fin du disque. ("Hellbitat" 12min00 – "Follow Your Instinct" 15min50 – "Hide & Seek" 9min51). En gardant tout de même à l’esprit qu’il vous faudra du courage et de la volonté pour ne pas perdre le fil.

En résumé, "Mind Over Body" se situe dans la bonne marge du métal sponsorisé par Aspirine et Paracétamol et on ne peut que leur souhaiter de durer. Mais on peut aussi leur conseiller de réunir leurs idées et de les exprimer avec plus de cohérence. En disant cela, je pense à des groupes comme SleepyTime Gorilla Museum, Unexpect ou Diablo Swing Orchestra qui oeuvrent également et avec succès dans « l’Avant-Garde Metal » où tout est permis. Mais chez eux, ça passe très bien grâce à leur grande maîtrise alors que chez Mindflow, l’effet produit demeure parfois déstabilisant. Donc bon élève mais brouillon dans son travail. Nous pourrons d’ailleurs très bientôt juger de leurs progrès sur leur 3ème album ("Destructive Device") qui sort en mai prochain. A suivre…


Rédigé par : Karadok | 13/20 | Nb de lectures : 10387