Un des groupes les plus attendus en cette année 2008, Meshuggah est enfin de retour avec un "vrai" album, fini les expérimentations des excellents "I" et "Catch 33" où le groupe se renouvelait avec brio même si ce dernier fut assez déstabilisant.
Ils livrent ici leur 6ème album, "Obzen" à la cover très spéciale, dans un format classique avec 9 morceaux pour 52 minutes de musique toujours aussi unique.

Première surprise déjà quand on se prend "Combustion": le groupe semble revenu à une musique plus véloce, au rythme plus soutenu (il n'y a qu'à voir Tomas Haake derrière les fûts) et surtout plus compréhensible. Assez facile de suivre ce qui se passe et ce n'est pas "Electric Red" qui me fera dire le contraire, titre très proche de "Catch 33" avec une ambiance très oppressante. Suit ensuite ce qui va devenir sans aucun doute un classique, "Bleed" à l'approche très direct, son riff de folie qui évolue petit à petit qui semble injouable et un magnifique solo lunaire de Thordendal. 7 minutes de bonheur qu'on ne voit pas passer.
Les deux morceaux suivants, "Lethargica" et "Obzen" vous marqueront par la lourdeur écrasante des guitares 8 cordes, rien que l'intro de ce dernier, qui vous broie la nuque à chaque écoute.
Première partie de l'album réussie et accrocheuse ce qui est quand même surprenant, la musique est toujours aussi technique mais largement moins complexe que par le passé.
Même après peu d'écoutes, des riffs, les solos ou certaines lignes vocales vous resteront dans la tête.

Pour moi l'album perd en intensité avec "The Spiteful Snake" et "Pineal Gland Optics", deux bons titres mais très communs où rien ne ressort vraiment. Heureusement que le monstrueux "Pravus" arrive avec son intro frénétique, où chaque guitare joue une partie différente et la double de Haake en fond. Sans doute le morceau le plus rythmé et varié où il se passe tout le temps quelque chose de passionnant. Un autre classique, j'ai envie de dire et nul doute que ce titre devrait faire des ravages en live.
L'album se conclut avec "Dancers To A Discordant System", où la première partie n'est pas sans rappeler le travail rythmique présent surl'album solo de Thordendal "Sol Niger Within". Morceau ravageur avec un Jens Kidman toujours aussi possédé par ses paroles, le chant chuchoté colle très bien. Des riffs énormes vers le milieu, alliés à une batterie déchaînée, ce qui nous donne un titre qui détruit tout et se termine une nouvelle fois par un excellent solo planant.

Le chant de Kidman est toujours pareil, ça n'a pas changé, toujours aussi saisissant et brutal. On notera le retour de Tomas Haake derrière une vrai batterie, pas de "Drumkit from Hell" comme sur "Catch 33" et c'est tant mieux. Ca sonne plus organique mais je suis déçu par le rendu sonore, qui n'est pas vraiment naturel.

Certains regretteront peut-être un manque d'évolution (en y réfléchissant bien c'est la première fois qu'il n'y en a pas), mais Meshuggah ne se répète pas pour autant, pour moi il n'y a pas un air de déjà vu. Les fans ne seront pas déstabilisés, toujours ses polyrythmies, ses riffs syncopés, ce chant reconnaissable à la première seconde et l'ambiance claustrophobe.
Ce "Obzen" n'aura sans doute pas l'impact d'un "Destroy Erase Improve" ou même du labyrinthique "Nothing" mais Meshuggah signe un grand album et reste intouchable. 20 ans de carrière et la qualité est encore une fois au rendez-vous, respect.


Rédigé par : Arnaud | 17/20 | Nb de lectures : 15891