Pas besoin de s'attarder sur une présentation de Merrimack. Tout d'abord, parce que le groupe est parvenu au fil des ans à faire circuler son nom parmi la scène black française. Ensuite, parce qu'à lire certains commentaires hargneux à l'encontre des Franciliens dans les news que publient VS à leur sujet, leur présentation ne semble désormais plus vraiment nécessaire. Depuis la dernière chronique, on peut juste préciser que le bassiste Seremoth n'est plus de la partie, remplacé ici par Daethorn. Le vocaliste Terrorizt aura également laissé le micro à Saint Vincent (Blacklodge, Vorkreist), très temporairement avant de revenir dans le groupe.

Trois ans après un Of Entropy and Life Denial qui avait défrayé la chronique (en tout cas, la mienne), j'étais fort curieux de savoir où les abysses celtiques s'étaient ouvertes pour régurgiter leur black. A contrario d'un Glorior Belli qui s'abandonne corps et âme à un nouveau métissage, Merrimack creuse son sillon et exploite plus avant le black dans la mouvance orthodox qui était déjà le sien sur le précédent opus. Cette fois, Merrimack se détache d'une filiation trop directe avec Ondskapt et consorts pour se laisser porter par des atmosphères plus morbides. Si le groupe continue d'écrire des titres de durée variable, le jeu sur les ambiances paraît donc cette fois plus appuyé. Moins rentre-dedans (bien que les blasts soient présents), Merrimack n'en vomit pas moins sa haine au travers de pistes aux riffs poisseux et aux thèmes bien noirs.

Si la subtile évolution est palpable, les Franciliens n'en abandonnent toutefois pas leurs fondamentaux et s'en sont allés enregistrer une nouvelle fois au Necromorbus sous la houlette de Tore Stjerna. Mais malgré tout, subtile évolution il y a. Elle en chagrinera probablement certains (dont moi), car le groupe brise le fragile équilibre riffs efficaces-riffs rampants pour privilégier un peu trop ces derniers. Ils vont un peu trop se confondre à mon goût avec une frange plus actuelle du black, malgré la revendication d'un message toujours aussi extrême. D'ailleurs l'artwork de cet album a été confié à l'Américain Seldon Hunt (The Ocean, Wolves in the Throne Room, Ephel Duath), ce qui dénote une volonté d'adopter, a minima visuellement, des graphismes moins traditionnels mais hélas aussi plus en vogue.

Malgré les belles qualités de l'opus qui lui permettent de se placer dans le haut du panier, je reste quelque peu sur ma faim. Les longues plages d'ambiances, couplées à deux interludes parlés longuets, m'ont donné l'impression d'un album qui manque de mordant et dont les riffs ronronnent plus qu'ils ne griffent. Un peu à l'instar de la vidéo basée sur "In the Halls of White Death", de très bonne qualité dans le genre mais qui soutient un titre un peu trop étiré. Après, il reste une ambiance bien noire, qui devrait faire tourner les perruques des amateurs de "grey metal" dont Grey Rigorism apparaîtra comme la frange extrême. Un bon album, mais à qui il manque l'étincelle pour embraser toutes ces mauvaises humeurs accumulées. Mais un bon album tout de même.


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 12874