“I am the master killer - fall to me. Pray for a way out which you can't see
I the master killer - strike you down. Can't be defeated, I own the crown.”

Tous les fans de hardcore (et les autres aussi) ont, un jour ou l’autre, scandé ce refrain à tue-tête dans leur chambre en guettant la vidéo de "Master Killer" qui passait parfois tard le soir sur M6. Eh bien après un hiatus de 6ans, MERAUDER revient avec un nouvel album tout chaud, « God Is I », et malgré un changement total d’effectif (R.I.P Sob), Jorge est le seul rescapé de "Bluetality", le groupe continue de creuser le sillon qui est le sien à savoir celui d’un hardcore mid tempo fortement métallisé. Je vais être honnête, lors des quelques premières écoutes, je n’étais pas vraiment convaincu par cet album. Les compos paraissaient correctes mais sans originalité, puis petit à petit, le charme agit (ou bien ai-je subitement retrouvé la raison?) et finalement, sur la longueur les morceaux s’affirment, la voix de Jorge occupe plus que jamais l’espace, les riffs enchantent l’oreille et font bouger la tête, puis les bras puis les jambes. L’effet MERAUDER est intact, il suffit juste de laisser sa chance au produit comme on dit en école de commerce.

Sans parvenir à réitérer l’exploit de "Master Killer", album légendaire sorti un peu de nulle part et classique instantané, "God Is I" se place finalement pas loin derrière dans la discographie du groupe et démontre une fois de plus ce qu’est et aurait toujours dû être le vrai metalcore. MERAUDER fait plus que jamais figure de passerelle entre le metal pur jus de SLAYER et le New-York hardcore des CRO-MAGS, il s’impose donc comme le groupe capable, mieux que personne, de réunir les deux cultures si proches et pourtant si éloignées. Avec le temps le son du combo s’est alourdi, sur "God Is I", les maraudeurs sonnent plus metal que jamais, les riffs sont plus velus et les fûts martelés plus fort que par le passé. La production c’est elle aussi dopée aux petites pilules bleues afin de redonner toute sa vitalité au membre des New-Yorkais et lui éviter une disgracieuse demi-molle "Bluetality" style. Mené par un Jorge plus énervé encore qu’à l’accoutumée, le MERAUDER crew est dans la place, fait le ménage à coups de latte dans la tronche, rappelant ainsi à tout les wannabes que la légende se crée avant tout sur scène et en studio plutôt que sur le net et dans les magazines.

God is I s’ouvre en trombe sur un « Until » typiquement merauderien et se termine sur «See You In Hell », à la rythmique démoniaque et aux chœurs certainement scandés en direction de Sob. Entre les deux on trouve de futurs classiques hardcore comme «Gangsta» avec son speech introductif et son obsédante ligne de gratte, le brutal «God Is I» et le quasi parfait « Never Surrender» qui devrait prouvé à mon estimé ex-confrère xV.O.Bx, que non, MERAUDER n’est pas un groupe chiant. Un titre de MERAUDER ça se reconnait en un instant. De par ses influences thrashisantes et métalliques au niveau des guitares d’abord, ensuite par le chant de Jorge qui sonne comme si Freddy Madball avait bouffé Phil Anselmo (ca saute aux oreilles sur le titre « Perdona Me ») et enfin le groupe se distingue aussi par son jeu de batterie mixant allégrement partie 100% hardcore et rythmique plus guerrière, voire même «allemande» par moment. N’oublions pas non plus leur look de gangstas chicanos duquel ils sont devenus indissociables et les pochettes moches. Tout ça se retrouve sur God Is I, agrémenté de solides moshparts (j’attends de vos nouvelles concernant « Built On Blood ») et de solos plus varié que chez le tout venant metalcore. On remarque donc que si les membres défilent, l’identité de MERAUDER reste bien présente entre les pognes calleuses de Jorge, dernier survivant, chanteur, frontman et tête pensante de l’entité. Malgré cette mainmise sur le son de MERAUDER, celui ci ne stagne pas et le groupe continue d'évoluer. Pas de chambardement, on reste en terrain connu et personne ne sera dépaysé, toutefois au niveau du son, du chant et de l'écriture on peut déceler de petite velléités d'ouverture à la modernité prouvant que malgré son statut kvlt, le groupe n'est pas tourné vers le passé mais regarde vers l'avenir.

A l’instar de leur collègues de ALL OUT WAR ou d’EARTH CRISIS, il est parfois difficile de dire si MERAUDER est un groupe de metal jouant du hardcore ou un groupe de hardcore jouant du metal. Je ne suis pas suffisamment callé en théorie musicale que pour y répondre, je me contenterais juste de dire que MERAUDER joue du fuckin’ MERAUDER et que sur cette dernière livré il le fait sacrément bien même si l’album n’est pas parfait. Je le trouve un peu longuet et les new yorkais auraient gagné en efficacité avec l’ablation de l’un ou l’autre titre, je pense plus spécifiquement au trop lourd «Hell Captive» qui n’est pas rappeler un sous ALL OUT WAR (décidément ces deux là sont indissociables) et à « Intro » qui n’apporte pas grand-chose à l’ensemble.

Il n’est jamais facile de parler d’une légende tant on se sent tout petit, nous misérables chroniqueurs, à côté de ces mecs là qui n’ont plus rien à prouver à personne et dont le style est à ce point établi et (re)connu de tous. Je terminerais donc en conseillant, non, en ordonnant à tous les fans de Master Killer de foncer s’acheter ce God Is I car cet album est un excellent album de hardcore qui signe le retour en très grande forme d’un groupe qu’on attendait plus à un tel niveau.


Rédigé par : Seb On Fire | 17/20 | Nb de lectures : 14136