Lorsque le batteur Perra Karlsson, alors ex-SUFFER et batteur dans le groupe de doom trad' SERPENT mais pas encore en train de glougloutter pour le compte de NOMINON ou IN AETERNUM, a décidé de lancer son propre label (HEATHENDOOM MUSIC) en 1994, c’était avant tout pour soutenir la scène doom/gothic de son pays natal, la Suède. Et sa première sortie fut un mini CD, aujourd’hui monnayé à prix d’or sur Ebay, ‘Forever’ signé par un jeune groupe alors inconnu, MEMORY GARDEN. Tout sauf des opportunistes les gars, limite des cons auraient pu dire les cyniques, vu qu’au moment où le black-metal devenait soudainement tendance et que les groupes de pandas tristes pullulaient comme des militants UMP à une visite présidentielle, eux avaient décidé d’imiter CANDLEMASS et surtout les regrettés MEMENTO MORI en tapant dans un heavy/doom au relent de power-metal des bois ! Si par la suite, et notamment sur leur dernier album en date ‘Carnage Carnival’ sorti à l’hiver dernier, le côté power a un peu trop pris la place sur le reste, en 1996 c’était alors en avant doom toute !

Dix-huit mois après ‘Forever’, non seulement leur premier album ‘Tides’ transformait l’essai mais, en plus, il lui permettait de, limite, surpasser ces évidentes influences, échouant là où CANDLEMASS avec ‘Chapter VI’ et MEMENTO MORI avec ‘La Danse Macabre’ avaient échoué. En flirtant avec d’autres influences, notamment le prog, mais tout en réussissant à conserver un ton général bien pachydermique, MEMORY GARDEN a toujours été plus évolué et complexe que la majeure partie de la (petite) scène heavy/doom et il avait su ici trouver la juste balance, notamment grâce au chant épique de Stefan Berglund, très emphatique sans jamais tomber dans la grandiloquence, un peu à la TAD MOROSE par exemple. Et puis enregistré au studio Fredman à Götebörg, à l’époque où il ne fallait pas encore vendre son rein droit pour s’y payer quelques heures d’enregistrements, le son a un puissance et une clarté titanesques qui ne font qu’amplifier le côté conquérant de l’ensemble, avec ses paroles apocalyptiques (« Judgement Day ») ou dignes de MERCYFUL FATE (« Trapped at the Pharaohs »).

De nouveau disponible treize ans après, cet album qui reste à ce jour le meilleur de leur discographie (certes pas très fournie) n’a pas pris une ride. Mieux : cette réédition bienvenue n’a heureusement pas sauvé de l’oubli l’immonde première pochette (même si la nouvelle n’est guère plus enthousiasmante, m’enfin) et donne même en pâture trois morceaux démos en bonus. Par contre, pas glop de n’avoir eu l’intelligence d’y joindre aussi les quatre titres de ‘Forever’. A moins que petit cachottier, le label ne les ait gardé sous le coude en vue d’une éventuelle seconde réédition ?!


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | réédition/ | Nb de lectures : 10140