Sorti début septembre dans leur Suède natale, c’est seulement maintenant ce premier album de MEMFIS franchit la limite de ses frontières après avoir été largement plébiscité chez lui. Pensez donc, cette première galette sortie sous la bannière de Dental records s’est vu grimper jusqu’à la vingtième place du top des ventes d’albums dans son pays. Un carton plein inespéré pour un label amorçant ses débuts mais un succès amplement mérité pour ce jeune groupe particulièrement inspiré lorsqu’il a mis ce « The Wind-up » en chantier.

Regroupant la plupart des titres que le groupe avait mis en place sur ses précédents enregistrements (deux démos et un ep) MEMFIS vise très haut dès ses premiers balbutiements discographiques. MASTODON, OPETH, DILLINGER ESCAPE PLAN, BURST, KING CRIMSON, ISIS : voilà la liste des groupes auxquels ces jeunots auraient l’impétuosité de rattacher leurs influences. Et pourquoi pas une marmotte qui emballe les CD pendant qu’on y est ?

Si le début du premier titre amorce un départ pétaradant exalté par des riffs détonants qui font bien vite ravaler toute raillerie, c’est très rapidement qu’un premier passage aérien et délicat vient tempérer les ardeurs de MEMFIS. Bien vite on embarque dans un voyage d’une incroyable variété où se mêlent avec délice, intermèdes jazzy, roulements tentaculaires de véritable cogneur de fûts, riffs dissonants, catchy ou simplement majestueux et thèmes purement progressifs si divinement amenés qu’ils tutoient la perfection. Idem au niveau des voix enchaînant avec autant de réussite des growls pas si éloignés de ceux de Mikael Akerfeldt et des susurrements vaporeux à la PORCUPINE TREE (« Eternal Failure »).

Comme vous pouvez vous en douter le style est riche. Les idées de même que les influences fourmillent mais l’ensemble reste parfaitement cohérent. Ici, rien n’est superflu, pas de remplissage, pas de baisse de régime, tout a été minutieusement pensé, mesuré pour ne jamais tomber dans l’exercice de style ou la resucée. Même les clins d’œil orientaux («The Game») ou les riffs hypnotiques (« Dead ends ») ont leur place dans l’écrin tour à tour aérien ou agressif de « The Wind-up ». Loin de toutes inextricables complexités, l’adage millénaire de Marc Aurèle semble avoir trouvé un écho dans la démarche de MEMFIS, celui de la simplicité.

Pourtant, si MEMFIS affiche clairement ses ambitions de groupe progressif, les titres sont plutôt courts et ne dépassent que rarement le cap des 5 minutes. Cela s’explique le plus simplement du monde par le fait que MEMFIS a conçu « The Wind-up » comme un tout dans lequel chaque titre est étroitement lié à celui qui le précède ou qui le suit. De ce fait il n’est pas facile de déterminer le début et la fin de chacun des morceaux. Ils font partie d’un ensemble indissociable qui rend ce disque si particulier, un peu comme pouvaient l’être certains vieux albums d’OPETH.

Et c’est bien là le seul défaut de MEMFIS. Même si le groupe a ajouté des éléments plus délirants, plus contemporains à sa vision du métal progressif, MEMFIS reste un peu trop dans l’ombre de son modèle et ne parvient jamais à le supplanter.

Il est clair que pour une première œuvre complète, MEMFIS accouche avec son écologique « The Wind-up » d’un opus de haute volée, que le succès qu’ils ont déjà rencontré continuera de faire des émules et qu’il est même amplement mérité. Il sera difficile de faire mieux mais le potentiel et le talent n’étant pas relatifs chez ces jeunes musiciens sortis de nulle part, je ne me fais pas trop de soucis pour l’avenir du groupe.


Rédigé par : Tonton | 16,50/ | Nb de lectures : 11550