Un peu plus d’un an après la sortie de leur mini « Stage Box », le trio Haut-saônois revient plus fort que jamais faire parler la poudre. Cette année écoulée entre les deux sorties n’aura pas été inactive puisque Membrane a joué aux Eurockéennes, et fait pas mal d’autres dates. La cohésion travaillée sur la route se ressent ainsi fortement sur « Utility Of Useless Things ». Et puis tant qu’à faire, ils ont pris le taureau par les cornes et se sont adjoint les services de Serge Morattel (Knut…) pour le son et Alan Douches (Mastodon…) pour le mastering.
Le résultat est décapant. « Utility Of Useless Things » est beaucoup plus concentré, compact que « Stage Box ». Non pas que les morceaux soient plus courts, mais ils sont plus efficaces, plus monolithiques dans le bon sens du terme. Epurés, presque sans arrangements, les 6 titres sont un condensé de puissance assez impressionnant, surtout pour un trio. Le résultat musical s’affranchi désormais du tout-puissant Unsane, bien que la saveur urbaine du combo New-yorkais ne soit jamais bien loin. Membrane est à mon avis le digne descendant de groupes comme Portobello Bones ou Prohibition et un véritable frêre d’armes de groupes encore existants comme Tantrum ou Sleeppers. L’espace sonore est rempli à ras bord par une rythmique inflexible. La batterie multiplie les syncopes, les roulements et meuble parfaitement les titres. Par-dessus se pose la basse saturée de Jérôme, véritable mur sonore qui asphyxie l’auditeur. Les lignes sont simples mais ultra efficaces et le tout est parfaitement en place. Puis la guitare de Nico, qui n’a jamais sonné si gros, alterne riffs syncopés et épileptiques avec des parties plus atmosphériques, comme toute la première partie du superbe « Neurones », et assène parfois quelques dissonances bien senties (« Dirty »). Membrane se distingue aussi par la voix spéciale de Nico, hurlée mais pas trop, mélodique mais pas trop, il a un timbre et une façon de chanter assez uniques en leurs genres. A noter la paticipation de Jérôme sur quelques backings, dans un esprit assez similaire d’ailleurs. La variation des ambiances, la façon de les faire durer et évoluer dénote un gros travail de composition et une mûre réflexion sur le chemin à suivre. En effet rien ne fait tache dans cet album, la direction artistique est manifestement parfaitement suivie et la cohésion qui ressort de l’écoute de « Utility Of Useless Things » (pourtant le premier album de Membrane) est plus qu’intéressante pour l’avenir du combo. Je vais toutefois apporter quelques nuances à ma dithyrambe : en premier lieu, le disque est trop court : 6 titres pour une durée totale de 28 mns, je n’aurais pas craché sur 2/3 titres supplémentaires et une durée plus conséquente. En second lieu, je trouve que l’équilibre sonore entre la caisse claire et la grosse caisse n’est pas optimal, trop de l’une et pas assez de l’autre. Attention toutefois, le son reste énorme, ultra propre et très aéré malgré la musique étouffante proposée par le trio.
Membrane nous offre avec ce « Utility Of Useless Things » un bien bel album de NoiseCore, preuve s’il en était que la France n’est pas avare de combos de qualité. Les amateurs des groupes cités dans la chronique peuvent se jeter les yeux fermés sur cet album, il est taillé pour eux. Les autres n’ayez pas peur d’essayer, la musique de Membrane reste accessible et offre un beau voyage à qui pénètre et parvient à comprendre son univers. Bon gros coup de cœur pour moi !



Rédigé par : Ocean? | 16/20 | Nb de lectures : 10913