Melvins... Il y aurait tant à dire, tant à décrire. Qui peut prétendre à autant de qualités que ce combo US ? Car en plus d’être l’un de ces groupes des plus admirables pour son intégrité artistique, c’est aussi un unique et un infatigable vétéran de la musique Rock. Issu de la scène de Seattle dont il est l’un des précurseurs, le trio (qui est devenu quatre, puis à nouveau trois) ne s’essouffle, ni ne s’épuise après toutes ces années de création intense.
Mené avec toujours autant d’énergie et de vivacité par son père fondateur (le King Buzzo), le monstre Melvins nous offre, en échange de sa vingtième bougie d’anniversaire, un énième album à part dans sa discographie. Accompagné de Dale Crover (Batterie) et du charismatique Kevin Rutmanis (également bassiste de l’un des nombreux projets de Mike Patton, Tomahawk), le guitariste/chanteur a agrémenté le trio de deux personnages dont on perçoit aisément la contribution lors de la composition de cet album pour le premier, et l’interprétation pour le second. Peu connu dans le monde du Rock et encore moins du Metal, Lumstord a fait précédemment son trou dans un terrain plus électronique, les projets principaux SPK et Throbbing Gristle ayant permis au sieur d’épancher toutes ses pulsions les plus bruitistes. Puis, c’est Adam Jones qui apporte sa pierre à l’édifice. Je parle en effet du guitariste de Tool, mais rien d’étonnant, puisque depuis fort longtemps, les connections entre les deux formations ont été établies (on se rappelle d’ailleurs la participation d’Adam à un live très, très particulier, immortalisé sous la forme d’un enregistrement du nom de «Colossus Of Destinity »).
Le résultat ? Après une entrée matière très réussie et très ambiante (le titre « III »), nous retrouvons, dès la deuxième plage « The Bloated Pope », les riffs lourds et pachydermiques, la rythmique écrasante et le chant malsain de la période la plus marquante de la carrière des Melvins. Un retour aux sources, donc. Mais pas seulement. Car si la hargne et la couleur des albums tels que « Houdini » (1993) ou « Slag » (1996) sont des composantes majeures de ce « Pigs Of The Roman Empire », des éléments nouveaux - greffés au tissu sonore - apportent une toute autre dimension. Comme si le Rock gras et sale s’accouplait à un style beaucoup plus synthétique pour donner naissance à une musique hybride et distincte (les escapades de Buzzo au sein de Fantômas lui auraient-elles donné quelques appétences pour l’expérimentation ?). Pour preuve, les titres instrumentaux axés essentiellement sur la combinaison entre sons acoustiques et éléments électroniques (« Toadi Acceleratio », «ZZZZ Best »). Ces neuf plages nous apportent la certitude que cet album est un véritable concentré d’inspiration et de génie artistique, qui ne décevra en aucun point les fanatiques du combo. Pour les autres, le moment est venu de découvrir cette formation très à part.


Rédigé par : DeadStar | 18/20 | Nb de lectures : 10321