A peine troublées par la sortie de "The Ziggurat Scrolls", un EP limité à 500 exemplaires, trois longues années se sont écoulées depuis la sortie de "Sphynx", précédent album de MELECHESH. Une période surtout marquée par le départ de PROSCRIPTOR, la distance le séparant du reste du groupe ayant eu raison de sa collaboration avec le groupe mais pas de son amitié. Il était d'ailleurs prévu qu'il assure quelques guest vocals sur cet album, je ne sais ce qu'il en est de ce projet finalement. Le groupe étant depuis quelques années installé en Europe, en France et aux Pays Bas pour être précis, c'est donc à un Européen qu'a été confié le poste de batteur. Il s'agit de Xul connu pour faire également partie de THANATOS, LIAR OF GOLGOTHA, pour avoir un temps tenu ce même poste au sein de FUNERAL WINDS et surtout pour avoir déjà travaillé avec le groupe avant même le départ officiel de Proscriptor, c'est donc tout naturellement qu'il a hérité du poste. Pour le reste, pas de changement, Moloch (Guitare) et Al'Hazred (basse) sont toujours de la partie.

Originellement prévu en mai puis en septembre, ce n'est qu'en cette fin octobre que nous arrive enfin "Emissaries" dont le premier mixage de Attie Bauw (JUDAS PRIEST, FIGHT, HALFORD, SCORPIONS tout de même) ne satisfaisait pas du tout le groupe. c'est donc Dennis Koehne, l'ingénieur du son responsable de l'enregistrement de l'album qui s'est chargé de ce second mixage. Avec tous ces retards, MELECHESH ne perd donc pas de temps. Ici, pas d'intro atmosphérico-ambient histoire de mettre l'auditeur dans une ambiance mésopotamienne. Non, le groupe n'a pas besoin de ça, depuis toujours sa force majeure, l'atout qui le place un cran au-dessus de tous les autres c'est sa faculté à fusionner parfaitement musique traditionnelle et métal extrême. Là où beaucoup de groupes se contentent de quelques intros ou autres interludes au flûtiau ou au synthé histoire de justifier le pagan, heathen, viking, folk ou je ne sais quelle autre appellation qu'ils ont accolée à leur black metal, MELECHESH est capable d'une fusion quasi parfaite de tous les éléments metal et non metal pour arriver au final à un album de metal extrême aux ambiances orientales omniprésentes. On ne perd donc ici pas la moindre seconde et on entre immédiatement dans le vif du sujet avec un "Rebirth of the nemesis" prompt à dissiper illico le peu de craintes que l'on pouvait avoir au sujet de cet album.

Le "mesopotamian thrashing black" de MELECHESH est toujours aussi réjouissant. Les morceaux regorgent plus que jamais de ces riffs d'inspiration orientale auxquels le groupe nous a habitués depuis bien longtemps. Le groupe s'est même, selon moi encore amélioré depuis "Sphynx". Il a délaissé une petite partie de son côté black au profit de la face thrash de sa musique et le résultat est plus que concluant car ce que le groupe a perdu en agressivité, il l'a gagné en efficacité, en clarté, en linéarité. Les riffs, mélodies, breaks et soli s'enchaînent de façon encore plus "évidente" notamment grâce à l'utilisation de tempo légèrement plus lents que par le passé. Le chant est également un peu moins typé black. Ashmedi a laissé tomber les quelques égarement haut perchés à la Rob Halford qu'il s'autorisait encore sur "Sphynx" pour se recentrer sur un chant très efficace à mi chemin entre black et thrash. Quant à Xul, même si j'ai trouvé son jeu moins flamboyant que celui de Proscriptor, il assure tout de même un remplacement de très bonne qualité. La production renforce elle aussi ce léger détachement du black, elle est moins compacte, un peu plus claire et dynamique, tout en sachant conserver l'ambiance et la puissance de la musique.

Grâce à tous ses petits changements l'album est varié, encore plus que par le passé. Il s'étire en onze titres sur près d'une heure sans qu'à la moindre seconde l'ennui ne s'installe. Chacun des titres apporte sa pierre à la flamboyance de cette galette qui, telle la tour de Babel ornant sa pochette, s'élèvera à n'en pas douter au firmament des albums de metal extrême de l'année 2006. De "Rebirth of the nemesis" qui ouvre superbement cet album à l'excellent "Leper Jerusalem" en passant par l'instrumental "The scribes of Kur" (situé à la plage 7 tout comme l'était "The arrival ritual", l'instrumental de "Sphynx"), tout ici n'est que partie d'un grand album, inspiré et réussi. Histoire de totalement achever l'auditeur, l'album se termine par un "Emissaries and the mysterium magnum", véritable tuerie mid-tempo sur laquelle il est impossible de ne pas remuer la tête, tant les riffs sont bons. Il se termine par un solo typiquement MELECHESHien auquel succède un instrumental qui finit d'achever l'auditeur.

Ashmedi éclabousse ici une fois de plus la scène metal de son talent, avec "Emissaries", incontestablement le meilleur album du groupe. Un des albums de l'année.




Rédigé par : Sheb | 18/20 | Nb de lectures : 16939