Tonton - Pour ce nouveau débat de mélomanes avertis, nous allons Bozzy et moi-même traiter ce nouvel album de MEKONG DELTA. Le groupe renaissant de ses cendres après une dizaine d'années de statu quo (pas le groupe hein ?), nous ne serons pas trop de deux pour saluer à sa juste valeur le retour d'une véritable légende. Et ce n'est pas Bozzy qui dira le contraire. N'est-ce pas mon cher ?
Bozy - Clairement!!! Une sacrée légende même! On peut dire que MEKONG DELTA est synonyme de nec plus ultra en terme de Thrash Metal ultra technique. On peut dire que d'une certaine manière, ce sont eux qui ont inventé le concept de mélange Métal – Classique.
- Il est clair que la musique classique a toujours eu une influence prépondérante sur le fond comme sur la forme de MEKONG DELTA. Il faut dire également que le nom de MEKONG DELTA était entouré d'un certain mystère aux débuts du groupe. Les musiciens ayant choisi d'utiliser des pseudos pour des raisons, soi-disant, de contrats. Si bien qu'on ne savait pas exactement qui se cachait derrière ce groupe.
- Ah oui c'est vrai tiens, ça m'a toujours fait marrer ce détail comique de l'histoire. M'enfin il y avait certainement des problèmes légaux qui empêchaient certains membres de se dévoiler (huhu).
- Bah il y avait dans le groupe les deux guitaristes de LIVING DEATH et le batteur Jorg Michael (le batteur de GRAVE DIGGER, HEADHUNTER et la moitié des groupes teutons). Mais le plus gros morceau c'est que la tête pensante du groupe, le leader n'était autre que le manager de Aaarrg records, leur label.
- Oui Ralph Hubert! Une tête pensante et créatrice ce mec. Tous les arrangements classiques, voir même certaines vraies compositions, et puis la basse dans le groupe, c'est lui. C'est d'ailleurs le seul survivant aujourd'hui. Il doit être le dépositaire du nom du groupe. Quoi qu’il en soit, il n'y a pas de MEKONG DELTA sans lui!
- Exactement vu qu'il en est l'unique compositeur...
- Enfin je réalise que Uli Kush qui avait déjà participé au groupe en d'autres temps tient la batterie sur l'album
- Absolument, il avait fait un passage éclair sur le mini « The Gnome »
- M'enfin bref c'est de l'histoire ancienne, car ce qui est une réalité, c'est que pseudo ou pas, le groupe a toujours eu énormément de problèmes de line-up! et ce n'est pas cette résurrection qui va changer la règle.
- Les problèmes de line-up étaient quand même inévitables car le groupe a mené une carrière très intense de 1988 à 1994 en sortant un album par an. Au bout de trois disques la formation a commencé à s'effriter. Pour la sortie de "Kaleidoscope » en 1992, Ralph Hubert était déjà le seul membre d'origine. Un septième album en 1997 avec "Pictures at an exhibition", un disque jugé faiblard par bon nombre de fans et puis plus rien pendant 10 ans.
- Chers lecteurs, ce qui est bien avec Tonton, c'est que vous croyez connaître des trucs, mais qu'en fait vous en avez toujours à apprendre. Mais bon, l'histoire c'est bien beau, on va se concentrer sur le présent, ce "Lurking Fear". Alors l'attente en valait-elle la peine?
- Absolument mon cher Bozzy, enfin encore une fois ce bon vieux Ralph a fait table rase sur les zicos en recrutant une nouvelle équipe et pas des moindres.
- Uli Kusch donc à la batterie ex-citrouille et MASTERPLAN.
- Peter Sjöberg de THEORY IN PRACTICE et LESZEK SZPIGIEL (ahem) l'ex chanteur de SCANNER, WOLF SPIDER (j'ai des anti-sèches).
- Ouais, et sans y aller par quatre chemins, c’est ce dernier qui me hérisse le plus. J’ai beaucoup de mal à me faire à sa voix assez typée Heavy Metal. Alors que les précédents avaient plutôt un timbre aigu tendant à être dissonant, plutôt qu’aigu, Heavy Metal Moule burnes.
- Alors oui, le chant dans MEKONG DELTA a toujours été un point assez particulier qui rebutait souvent au premier abord et c'est vrai qu'avec Leszek, on navigue dans un chant heavy à faire frétiller Shaka mais j'ai toujours perçu le chant comme étant anecdotique chez MEKONG DELTA puisque du côté musical c'est du lourd.
- Oui ça c'est bien vrai; malgré tout je ne suis pas sûr que c'était LE bonhomme qu'il fallait... En revanche niveau musique, effectivement on a de quoi se mettre dans les oreilles. Beaucoup de titres purement thrashisants - sept sur dix - et donc trois morceaux à leur habitude instrumentaux.
- Ce "Lurking Fear" c'est déjà une véritable orgie de guitares thrash, heavy voir même flamenco sur un passage
- Une chose qui m'a instantanément frappé, c'est que plutôt que d'écouter du MEKONG DELTA, c’est plutôt à CORONER que j'ai pensé, surtout sur le titre "Purification" et d'une manière générale, ce disque sonne dans son ensemble comme un gros come-back aux premiers albums du groupe, voire même à une époque lointaine du Thrash technique. Là c'est une grosse surprise, je ne m'attendais certainement pas à ce genre de pied de nez.
- Oui c'est vrai que le nom de CORONER vient facilement à l'esprit pendant qu'on écoute l'album. Mais tu avoueras que cette comparaison est plutôt flatteuse. Et puis, avec cette galette, MEKONG DELTA renoue avec les disques qui ont construit sa légende. Il faut bien admettre que l'apogée du groupe se situe sur ces premiers albums et ce retour aux sources est donc une excellente initiative.
- Je m'attendais à trouver une continuité à "Vision Fugitive" avec peut-être encore plus de mélange Métal classique, et d'une certaine manière ce n'est pas le cas.
- Hum, j'ai un peu le sentiment que ce bon vieux Ralph s'est rendu compte que MD avait dérivé vers de l'exercice de style pur et qu'il a voulu revenir sur des bases qui avaient fait leurs preuves ; sans doute moins inextricablement liées à la musique classique mais toujours aussi influencées par elle. Il y a sur ce disque des passages grandiloquents à couper le souffle.
- Vu sous cet angle, il a bien remis les pendules à l'heure, car ce disque pète le feu : les tempos sont rapides (Uli Kusch montre une nouvelle fois son talent), et ça virevolte dans tous les sens. C'est très technique, toujours extrêmement mélodique (sans en faire trop - sauf pour les passages plus "classiques"). Les guitares et surtout la basse sont vraiment à l'honneur.
- Il faut dire que la production est à la hauteur sans avoir été bodybuildée comme c'est souvent le cas actuellement.
- Si l'on prend l'"Allegro Furioso" qui porte bien son nom, ou encore "Defender of the Faith", ça y va, les tempos sont déchaînés.
- C'est clair que les rythmiques sont soutenues sauf sur les passages plus orchestraux. Le travail sur ces derniers est colossal mais hélas ne se montre pas toujours à la hauteur de ses prétentions.
- Je trouve aussi que ces passages n'ont pas la classe des passages classiques d'antan. Mais bon le "Moderato" vaut le détour ne serait-ce que par son clin d'œil.
- Tu veux parler de cette allusion à John Williams, le compositeur de musique de film ?
- Celui-là même. C'est très germain ça que de nous claquer sans prévenir une référence à Star Wars. Le prochain coup ce sera Star Trek tu verras.
- Quoiqu'un bon Cosmos 1999... Mais on s'égare là. Recentrons. Recentrons. Question composition c'est très fouillé, très vif parfois empirique et le fait qu'il y ait trois instrumentaux n'est pas gênant vu que le chanteur est irritant. En même temps ça m'a changé des gruiiiik ou autres borborygmes habituels
- Oui c'est vrai. Bref ce "Moderato", quoique très plaisant, me laisse un arrière-goût dans la bouche... Pas du tout l'effet qu'ont pu me laisser les "The gnome " ou encore "Night on a bare mountain ". Au final il y a des bonnes choses : ce retour aux sources (plus de riffs, plus de place au thrash technique, toujours plus d'arrangements, sans en faire de trop), mais beaucoup de moins bonnes : chanteur pas génial (trop Heavy, comme sur "Ratters"), morceaux classiques moins faciles à appréhender, références trop faciles au "c'était mieux avant", soli pas forcements marquants.
- Effectivement mais je pense qu'il faut appréhender ce disque sans trop tenir compte du passé de MEKOND DELTA. Musicalement parlant ça reste très au-dessus de ce qu'on peut entendre aujourd'hui.
- Bah soyons clair, MEKONG DELTA est toujours un OVNI, et visiblement le seul rescapé du TechnoThrash donc ce retour est, dans tous les cas, une bénédiction !
- Personnellement, "Lurking Fear" est un disque que je recommanderais également aux fans de CORONER (qui ne font pas d’allergie au chant heavy), aux amoureux de guitares. Les autres trouveront sans doute ça trop indigeste, trop capilotracté (pour ne pas dire tiré par les cheveux). C'est pourquoi, je lui donnerais un bon 15/20. Une note qui aurait sans doute été supérieure sans les lignes de chant de Leszek Szpigiel.
- De mon côté j'aimerais donner la note "Culte" quel que soit le niveau de l'album. J’avais, du temps de "Visions Fugitives", de gros a priori, qui se sont levés au fur et à mesure. Donc je n'ai aucun doute que ce disque va marquer... maintenant en 2007, seuls les vieux croûtons de notre espèce vont apprécier l'effort. Je mets pour l'instant un 13/20 car j’ai beaucoup de reproches sur la galette... mais je ne doute pas que ça change vers le mieux dans le futur
- Oui, encore un disque qui nous rapproche inexorablement de la maison de retraite mais je reste persuadé que les amateurs y trouveront leur compte.
- En fait ce qui est bien c'est qu’on n’a pas eu vraiment à débattre. En fait, on a écouté le même album et on est d'accord... C’est culte! Ça aurait été beaucoup plus marrant que tu me parles du dernier LAST DAYS OF HUMANITY alors que je t'aurais parlé du dernier EPICA....
- …et je t'aurais traité de crevard...
C'est sur ces commentaires plus ou moins pertinents que notre débat s'achève. En espérant qu'il continue dans vos commentaires constructifs. Dans le cas de certains, on peut toujours rêver.


Rédigé par : Tonton et BozKiller | 13/20 + 15 | Nb de lectures : 15317