MEKONG DELTA - In A Mirror Darkly (SPV/Season of Mist) - 11/07/2014 @ 08h31
L’histoire de la formation allemande est aussi tortueuse que le delta du Mekong (oui je sais elle était facile celle-là !), il faut dire que depuis sa formation en 1985 le combo de Westphalie a tout connu ou presque : un arrêt de ses activités entre 1996 et 2007, des changements de personnel à répétition (seul le bassiste Ralph Hubert est présent depuis le début) et des albums assez peu inspirés. Il faut dire que le style pratiqué par le groupe est quand même du genre casse-gueule car mélanger le thrash avec une grosse dose de technique et des passages progressifs n’est pas aisé, et si la production n’est pas à la hauteur cela se ressent encore plus, et c’est ce qui était un peu le cas depuis leur come-back.

Mais les germaniques sont du genre persévérants et se sont stabilisés avec l'actuel line-up depuis 2010 et le moyen « Wanderer on the edge of time » (même si le deuxième guitariste Benedikt Zimniak a mis les voiles et n'a pas été remplacé) et ils nous reviennent avec leur 11ème album qui a été produit par Ralph Hubert et dont le rendu n’est pas exempt de tout reproches car le son a été vraiment compressé voire étouffé.

Ce qui est aussi marquant c’est qu’ils ont décidé de continuer dans cette voie plus progressive que metal, même si l’introduction très flamenco et olé (olé) pouvait nous faire croire que la surprise serait au rendez-vous. Néanmoins force est de reconnaître que l’instrumental « Ouverture » est excellent et on voit que les mecs sont vraiment au top de leur forme et de leur technique.

Et puis voilà enfin le chant qui apparaît sur « The armageddon machine » bien en place et intéressant au niveau des arrangements mais qui est assez vite répétitif, tout comme « The sliver in gods eye » à l’esprit assez expérimental et spatial où le synthé est vraiment présent. Par contre « Janus » permet au groupe de repartir sur des meilleures bases où les arrangements progressifs et jazz font des merveilles, tout comme pour « Inside the outside of the outside » qui est là aussi instrumental mais toujours très bien foutu et totalement accrocheur. Et on finit par « Hindsight Bias » où l’on retrouve la première période du groupe avec des passages énergiques et rapides, une technicité à toute épreuve et une inspiration au top pour à mon avis le meilleur titre de l’album, celui-ci se finissant sur « Mutant Messiah » plus accessible et heavy et où durant 7 minutes on se laisse imprégner par ce morceau entraînant et moins complexe.

Au total pendant 45 minutes ils nous ont montré tout leur éventail et leur panel musical, avec des compositions oscillant toujours entre 5 et 6 minutes qui se laissent écouter avec plaisir et où malgré la production faiblarde et qui gâche un peu l’ambiance (bien que celle-ci soit équilibrée et avec une basse bien audible) on se rend bien compte du boulot impressionnant fourni par la bande qui visiblement a délaissé le thrash énergique pour partir dans de nouvelles contrées et continuer d'expérimenter.

Alors certes ça n’est pas encore avec ce disque qu’ils sortiront du cercle d’initiés dans lequel ils traînent depuis leurs débuts, mais avec les qualités qu’il possède il fera son effet auprès de sa fan-base et après tout c’est tout ce qu’elle leur demande.




Rédigé par : GabinEastwood | 14,5/20 | Nb de lectures : 12723




Auteur
Commentaire
RunForestRun
Membre enregistré
Posté le: 11/07/2014 à 10h51 - (112796)
Une oeuvre d'art, que dire d'autre...

Pour moi c'est l'album de l'année sans problème et une des sorties majeures de la dernière décennie dans le style, rien que ça. D'ailleurs l'accueil un peu tiède (du moins en France) de cet album alors que plein de trucs qui ne sont que des resucées plus ou moins convaincantes d'artistes plus anciens sont encensés, me fait vraiment me poser des questions sur le temps que consacrent réellement une grande partie des auditeurs à une oeuvre avant de porter des jugements péremptoires. Et puis ça fait de la peine pour Mekong Delta aussi, qui mérite mieux. Enfin bref...

Je vais contredire GabinEastwood, pour une fois je trouve le son vraiment pas mal, la dynamique est certes réduite à peau de chagrin (comme d'habitude en metal serais-je tenté de dire) mais tout cela est extrêmement clair et généreux. La batterie est vraiment surproduite mais on s'y habitue, après tout son timbre un peu artificiel apporte beaucoup à l'ambiance très high-tech et futuriste que cet album évoque.
Moi j'aime bien cette prod, aérée et ça reste bien puissant malgré le choix plutôt axé vers la clarté de l'ensemble.

Alors pourquoi il est si bon In A Mirror Darkly ?
Déjà, ça fourmille d'idées, il y en a partout, dans tous les sens, un truc de dingue. Le riffing est monstrueux, la section basse-batterie démonte, tout cela interprété avec un niveau technique de malade et un sens de la compo que je ne trouve habituellement plus dans les groupes modernes. Hubert à vraiment été très très inspiré cette fois.

Comme une symphonie orchestrale, entrelacs mélodiques et contrepoints se télescopent, se rejoignent ou se séparent chacun de leur côté telle une échappée du tour de france.
Une telle richesse rend pour moi le disque très immersif, on est happé par l'avalanche, surtout que les morceaux, au delà de l'aspect impressionnant, sont véritablement passionnants et habités : ils racontent des histoires.

Moi ce disque me transporte complètement dans l'espace, ça m'évoque les vaisseaux à propulsion Hawking de Simmons, les habitats orbitaux Edenistes de Hamilton, sphères de Dyson, trous de vers et autres joyeusetés que les amateurs de SF comprendront.

Côté chant, c'est assez critiqué, je ne comprend pas trop pourquoi, moi j'adore. Pour une fois que le groupe a un grand chanteur (un genre de fils spirituel de Bruce Dickinson en moins pompeux) qui parvient à placer des lignes de chant intéressantes sur une musique si complexe, chapeau.

Tous les morceaux sont excellents, même si j'aime moins Janus, trop "classique".
L'album est très difficile d'accès au début, mais il devient vite accrocheur. Il demande des écoutes répétées et attentives, puis c'est le bonheur quand le déclic est opéré.

Un "instant classic" ! Même la minable pochette est déjà culte :-)





catfish
Membre enregistré
Posté le: 11/07/2014 à 14h15 - (112800)
Je n'avais jamais posé une oreille sur Mekong Delta et le commentaire de RunForestRun m'a donné envie d'écouter ça. Et là, j'ai l'impression d'être tombé en plein Nevermore. Je vais creuser.

Sinon, le delta du Mékong est vaste, mais guère tortueux ;-))



ZeSnake
Membre enregistré
Posté le: 11/07/2014 à 16h01 - (112801)
c'est toujours au top techniquement mais perso depuis "Wanderer...", je trouve que le groupe est devenu trop prog. le techno-thrash est toujours présent mais sur cet album en particulier, je trouve qu'il sent trop la resucée... c'est du Mekong Delta trop attendu. c'est dommage, maintenant qu'ils ont un 'vrai' chanteur ils s'entraînent vers une certaine routine. je préfère nettement les albums 100% techno-thrash c'est à dire les premiers ainsi que l'énormissime "Lurking Fear", Rafl aurait vraiment du garder le gratteux de Theory In Practice avec lui car niveau compos techno-thrash c'était la quintessence...

dances of death
IP:149.154.248.207
Invité
Posté le: 12/07/2014 à 01h10 - (112806)
Il y a plein de choses que j'aime quand j'écoute ce nouvel album: cette "patte" caractéristique du groupe, cette maîtrise technique, cette manière de mélanger thrash technique et classique, ce côté progressif, etc.

On reste souvent en terrain connu pour du MD, sur certains passages, personnellement, j'apprécie... mais malheureusement je regrette aussi le manque de "folies" ou le côté barré qu'on trouvait sur les premiers albums.

Je sais que beaucoup se réjouissent que " maintenant, ils ont un vrai chanteur" ou " grand chanteur ".
Désolé, le chanteur est peut-être meilleur, techniquement, mais je trouve son chant trop "classique" comparé à ce que proposaient ses prédécesseurs. Les oreilles qui n'apprécient pas le chant sur-aigu trouvent peut-être ça mieux, plus "digeste".
Moi trouve son chant moins original, et moins en adéquation avec la musique du groupe. Bref, un peu le même sentiment que j'ai eu à la sortie de Wanderer et surtout d'intersections: c'est bien du Mekong Delta mais une versions un peu trop "soft" à mon goût.

D'où mon avis mitigé: c'est clairement mon préféré depuis leur "come back" et dans l'absolu, je trouve que c'est un bon album, voire très bon.
Je pourrais même le trouver excellent, mais pour ça, il faudrait que je m'abstienne de le comparer à un DoD, Kaleidoscope, Music of Erich Zann ou Principle of Doubt. ;-)

Bellig
IP:89.159.221.111
Invité
Posté le: 12/07/2014 à 12h54 - (112807)
Bof c'est médiocre. On s'ennuie ferme. Et la prod approximative n'aide pas. 11,5/20

ratonearth
IP:78.119.100.251
Invité
Posté le: 12/07/2014 à 16h12 - (112808)
Groupe absolument fantastique!!!

Ginzu
Membre enregistré
Posté le: 13/07/2014 à 20h33 - (112813)
runforest m'a encore donné envie d'écouter un truc (j'en étais resté aux deux premiers lp de mekong delta) , notamment avec l'allusion faite à hamilton (dont je suis infoutu de poursuivre la lecture tellement il étend son truc en longueur, mais les concepts sont top, là où dan simmons avec hypérion était plus concis)

Moulinexxx
Membre enregistré
Posté le: 16/07/2014 à 12h12 - (112824)
Merci pour la découverte, et pour la contre-kro de RunForestRun.
Je ne connaissais pas ce groupe mais cet album me semble excellent aux première écoutes !



Morbid Tankard
Membre enregistré
Posté le: 18/07/2014 à 22h18 - (112846)
Fabuleux !



Will
IP:90.27.132.232
Invité
Posté le: 19/07/2014 à 12h27 - (112848)
Je fais partie de ceux qui ont toujours admiré Mekong Delta, et convenu qu'il était un groupe culte, c'est à dire pillé sans jamais obtenir la moindre reconnaissance, si ce n'est celle des professionnels, des musiciens et des mélomanes avertis. Quand on écoute "and justice for all" de Metallica, et en particulier le titre d'ouverture, on n'en est plus à se demander quel écho "dances of death" a pu trouver dans la scène... Pour autant, je n'ai jamais pu aimer ce groupe, la faute à des vocalistes incapables de chanter, systématiquement faux, et à mon sens aussi à leur place dans cet univers fin et sophistiqué qu'un hippopotame dans un ballet du Bolchoï. Depuis que Ralph Hubert a décidé de trouver un vrai chanteur, le groupe a subi la métamorphose que j'ai toujours attendue de sa part. Reste maintenant à soigner davantage la production, mais ça, c'est plus une question de moyens que de volonté. Ce disque est à mon sens le meilleur que MD ait écrit. Et s'ils continuent sur cette lancée, le prochain sera peut-être encore plus intéressant. Chapeau.

Dark Mussel
IP:90.32.228.50
Invité
Posté le: 19/07/2014 à 13h33 - (112849)
Tout y est parfait. Sauf la pochette. 18/20

ZeSnake
Membre enregistré
Posté le: 19/07/2014 à 15h17 - (112851)
@Will : sauf que "Dances of Death" est sorti en 1990 et "...And Justice For All" en 1988... ^^

Will
IP:90.41.233.192
Invité
Posté le: 21/07/2014 à 20h04 - (112873)
Pardon, au temps pour moi, en effet, il est sorti en 90. Mais Mekong Delta avait déjà sorti un album auparavant, l'éponyme. La confusion vient du fait que j'ai acheté les deux disques au même moment - d'où l'erreur.

dances of death
IP:149.154.249.143
Invité
Posté le: 22/07/2014 à 11h56 - (112878)
Euh... avant Dances of Death, ils ont sorti 3 albums ;-)
Oublier The Principle of Doubt et The Music of Erich Zann, c'et un peu faire l'impasse sur 2 de leur meilleurs albums :-/

Will
IP:90.41.233.192
Invité
Posté le: 23/07/2014 à 17h28 - (112895)
Je voulais dire avant "And Justice for All".

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