Le nom Megadeth fêtera à la fin de l'année son 30ème anniversaire. Avec « Super Collider », un 14ème album récemment sorti, la bande à Mustaine garde un rythme de production régulier, publiant un nouvel album environ tout les 2 ans. Là, à peine 20 mois après la sortie de « Thirteen », paru en novembre 2011, et qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable (il est en plus trop long), Dave remet donc déjà le couvert, avec un album qui d'avance ne sent pas bon, mais pas bon du tout.

Quand on sait que le groupe a pas mal tourné en 2012, entre la promo de « Thirteen », les 20 ans de « Countdown » et que en décembre de l'année dernière, ce « Super Collider » était déjà bien avancé, il est clair que Megadeth se sentait plus créatif que jamais et avait hâte d'exposer son nouveau bébé à ses fans. Premier coup dur lorsque la pochette est dévoilée (rien à faire, je n'aime pas, les illustrations du livret sont heureusement meilleures), deuxième coup d'arrêt quand les premiers extraits sonores sont balancés ; Megadeth est mou, peu inspiré, on croit ré-entendre le groupe de la fin des années 90. Et pourtant, si un album comme « Risk » a pu voir le jour suite entre autres, aux 'pressions' du label de l'époque et à la place de plus en plus importante que prenait Marty Friedman dans le processus de composition, « Super Collider » a été sciemment engendré par le groupe, signé sur Tradecraft, un label créé par... Dave Mustaine.

10 nouveaux titres, aux premières écoutes, le côté 'thrash' qui est toujours plus ou moins présent sur les albums de Megadeth est là, pour ainsi dire absent, quelques réminiscences sur « Kingmaker », bonne ouverture, catchy et... c'est tout. « Super Collider » est un album de heavy, parfois mollasson, à l'image de ce « Beginning of Sorrow » pataud ou « The Blackest Crow », qui malgré une intro façon country, intéressante et 'originale', ne décolle jamais ; et même le 'solo' est moisi. « Super Collider » peut se résumer de manière concise à un enchaînements de morceaux simples, et par conséquent rapides à retenir (ou à 'jeter'). Je citerai par exemple « Burn ! » anecdotique piste, au refrain d'autant plus quelconque ou « Off the Edge » construit sur un riff banal et un nouveau chorus répété trop souvent (en plus d'un solo qui me paraît clinique, presque forcé), deux titres qui s'oublient aussi vite qu'ils s'écoutent.

Au contraire, le morceau éponyme sans être brillant, sonne de manière agréable, une fois que l'on se dit que Megadeth est pas si merdique, lorsqu'il sonne plus mélodique et posé. Et puis j'ai un petit faible pour le refrain. En terme de titre mélodique, « Forget to Remember » est mon coup de cœur du disque, de bonnes lignes vocales, des leads assez mémorables, voilà une des (rares) réussites de « Super Collider ».

Le reste des pistes, c'est ni à vomir, ni excellent, juste moyen, et pour du Megadeth ce n'est clairement pas assez. Les « Built for War », « Don't Turn Your Back » (sympa mais pas transcendant) et autre « Dance in the Rain », qui sur les ¾ voit Mustaine « parler », plutôt qu'utiliser son timbre de voix classique. On pourrait y voir un semblant de lien avec « In My Darkest Hour », mais ici le tempo est plus lent, l'ambiance moins marquée et noire, et l'accélération finale pas aussi emballant que ne l'est celle d'un des meilleurs titres de « So Far, So Good... So What ? ». Mais l'idée est bonne, avec en plus en guest David Draiman (Disturbed, Device) qui vient apposer son chant.

David n'est pas le seul invité, on compte aussi Electra Mustaine (15 ans, fille de), qui fait les chœurs sur « Beginning of Sorrow » et « Forget to Remember », les frères Costello et Mary Kate Peterson, tous trois membres d'un groupe jouant de la cornemuse (sur « Built for War ») ou encore Bob Findley, trompettiste, qui avait déjà œuvré sur « The World Needs a Hero ».

L'album se finit sur sa version sans bonus, par une reprise de Thin Lizzy, « Cold Sweat », déjà repris par le passé par Sodom, Helloween, Jorn, Kalmah, etc. Une interprétation assez fidèle, les guitares sonnent spécifiquement plus hard rock et Mustaine se dote d'une voix qui nous parvient plus grave et déterminée.

Un mot sur la production de « Super Collider » plutôt correcte, bien que Mustaine est loin d'avoir été oublié dans le mixage ; je n'ai jamais eu de problème avec son chant de toute façon, même si les années n'arrangent rien, je ne le trouve pas plus 'mauvais' qu'il y a 5 ans. Il est certes un peu limite sur « Built for War » et parfois du soutien ne lui fait pas de mal (comme les chœurs sur « Off the Edge »). Avec l'aide de Broderick, le jeu de guitares est toujours globalement aussi bon et complet, bien que pas toujours mémorable ou très 'instinctif'. La section rythmique n'est pas la plus brillante qu'il soit, Ellefson se fait remarquer sur certaines passages (la ligne sur « Begining of Sorrow ») et bénéficie d'une bonne exposition (bon c'est pas autant qu'un Steve Harris non plus) ; pour ce qui est de Shawn « Mr-double-grosse-caisse à tout va » Drover, si il n'est pas le meilleur batteur de l'histoire de Megadeth et paraît à plusieurs reprises limité dans son jeu, sa contribution est difficile à réellement évaluer, les compos présentes sur « Super Collider » n'étant pas très techniques ou rapides.

Certains voient en « Super Collider » le pire album de Megadave depuis « Risk », je dois dire avec le recul être assez d'accord avec ce ressenti. Un 14ème album qui n'est pas une bouse monumentale, plutôt un opus très (et trop) moyen pour un monstre du genre comme Megadeth. La fin de carrière studio est donc toute proche maintenant non ?




Rédigé par : gardian666 | 11,5/20 | Nb de lectures : 18170