Il y a dix ans (mâtin !) sortait dans l’indifférence générale ‘Superion’ le seul et unique album d’EXCOMMUNION petit groupe de death-metal du Colorado préfigurait avant tout le retour (bienvenu) à une musique ultra-lourde et sombre, où le côté oppressant prenait le pas sur la technique et la vélocité… Oui, je sais, vous allez encore dire que papy Zozo vous casse les bonbons avec des inconnus et pour une fois, vous avez hélas raison vu que tout le monde s’en foutait d’EXCOMMUNION comme de la première femme de chambre de DSK et que seules trois personnes (en somme, Tonton, moi et ma maman) ont écrasé une grosse larme lorsque le groupe s’est sabordé peu après. Mais la bonne nouvelle, c’est que leur bassiste dénommé Christbutcher et depuis reconverti à la guitare et au chant est de retour et il a amené dans sa besace une bonne partie de l’esprit malfaisant qui donnait toute sa sève à ce fier soldat de l’ombre tombé trop tôt sur le champ de bataille…

Depuis le split d’EXCOMMUNION, Mr Butcher (prénom Christ ???) a changé de vie et surtout de localisation, vu qu’il a visiblement quitté son Colorado d’origine pour la Finlande, même si météo c’est un peu kif-kif. Mais surtout, il s’est fait de nouveaux copains de jeu et semble être pris d’une véritable frénésie depuis quelques temps, vu qu’il s’agite aujourd’hui officiellement dans non pas un mais deux nouveaux groupes, CRYPTBORN (hommage à peine voilé à GOD MACABRE en plus doom dont le premier EP sort ces jours-ci) et donc MAVETH. Et c’est bien ce petit dernier qui va faire frétiller le caleçon des fans (les trois donc) d’EXCOMMUNION en particulier et de death ‘made in Mordor’ en général.

Le pire dans l’histoire est que malgré le fait que ‘Breath of an Abomination’ n’est même pas un véritable album mais en fait une compilation de deux démos datant toutes les deux de 2010. Déjà, on ne sent pas vraiment de réelle rupture entre les deux enregistrements aussi bien au niveau sonore (où, ô miracle, on entend bien claquer la basse pour une fois) qu’artistique et l’ensemble reste très cohérent, même si les titres les plus récents affichent un quota de réussite plus élevé. Mais surtout le résultat décalotterait quand même une tribu entière de clones de Sim à trois kilomètres de distance. Anastasis Valtsanis, patron de NUCLEAR WINTER RECORDS qui sort le tout, m’a avoué qu’il avait d’autant plus adoré que leur musique lui rappelait justement celle de son groupe, le déjà ‘kvlt’ DEAD CONGREGATION, mais en plus moderne et limite encore plus brutal. Et effectivement, la comparaison se tient largement, avec comme toujours en filigrane le même logo d’INCANTATION tatoué sur ces fesses au fer rouge, affiliation d’ailleurs revendiquée via une fidèle mais efficace relecture en fin de parcours de « Immortal Cessation » dont la version originale se trouvait sur 'Onwards to Golgotha' (1991).

Sauf que MAVETH va bien plus loin que tous les autres tribute bands à John McEntee à peine déguisés qui pullulent dans l’underground, avec un Christbutcher allant puisé dans ses dernières ressources vocales pour atteindre les mêmes profondeurs que Craif Pillard, avec Antti Boman de feu DEMILICH aux backing vocals pour lui botter le cul. Alors je vous l’accorde, ce n’est pas forcément évident sur le coup, même si la moyenne plutôt longue de leurs titres (plusieurs dépassent les six minutes) est une première indication. Mais sous les pavés la plage ? Disons que sous ce déluge de blast et ses soudaines décélérations pourtant assez galvaudés transparaît assez rapidement quelque chose de presque épique dans son envergure et sa méchanceté. En fait, ces quatre cavaliers de l’apocalypse finno-américain réussissent à conjurer avec leur musique cet aspect quasi-totalitaire trop rare dans le death, cette impression de puissance dominatrice face à laquelle on ne peut rien faire d’autre tel le roseau face au vent (allez, voilà que je me fais poète tiens) si ce n’est rompre, ‘Breath’ se révélant l’un de ces rares élus réussissant à ne pas débander pendant toute la durée que dure leur coït sauvage avec la Bête. Et ô joie, les plages majestueux qui donnaient toute sa sève à ‘Superion’, ces gros instants de lourdeur contrôlée à la MORBID ANGEL avec solo mirifique aux harmonies macabres par-dessus (« A Ritual of Flame to Flesh »), font partie des réjouissances. Puissent-elles être encore mieux utilisées dans l’avenir et je ne réponds plus de rien…

Alors d’accord, tout comme EXCOMMUNION avant lui, les influences de MAVETH se voit comme un fan de physique quantique à un match du PSG mais nom de Zeus, le résultat est tellement écrasant d’efficacité, alors que l’on ne tient là ai-je besoin de le rappeler que des démos, que je mise sur l’avenir et sur un véritable album qui, je l’espère, sera juste dantesque.

PS : à noter que sur leur page officielle, on retrouve quand même trois des huit morceaux que compte cette compil’ en téléchargement gratuit. À votre bon cœur messieurs dames…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16/20 | Nb de lectures : 12803