Cet album n'a que très peu de défauts. Cependant, certains fans lui en trouveront au moins un. Les plus gentils appellent cela l'évolution et les plus teigneux la compromission. Chacun se fera sa petite idée, et au final chacun jugera.
Quoi qu'il en soit, c'est donc le retour des affreux, armés de ce nouvel album à la pochette étrange, mais une fois encore, dans la tradition mastodonesque. Treize titres, près de cinquante minutes de musique, de l'inspiration à revendre, et une tripotée de morceaux renversants.

Il est ÉVIDENT que cet album ne sera pas du goût de tout le monde. Tout ceux qui aiment le côté direct et brutal de MASTODON risquent d'être déçus et vont certainement crier au retournement de veste. C'est vrai, et on s'en était déjà aperçu, MASTODON évolue et accentue encore un peu plus son virage vers une musique « plus accessible et écoutable »... mais ne croyez pas pour autant que le groupe est devenu une méchante bande de mous du gland.
Car les garçons continuent plus que jamais à construire leurs chansons comme de complexes épopées musicales, toujours sinueuses mais n'oubliant pas que le Saint Graal se trouve lorsque la chanson prend vie et qu'elle t'emporte avec elle dans ses eaux sombres. N'hésitant pas à piocher dans le rock n' roll et la musique des années 70, les poilus sautent du calme au furieux sans sourciller une seconde.

Oui, MASTODON devient de plus en plus mélodique et planant.
Oui, ils sont bien loin désormais de « March of fire Ants ».
Oui, ça fait quand même un peu chier.

Mais c'est pas possible d'être méchant avec cet album car les chansons tuent ! Un morceau comme « Creature lives » est particulièrement déconcertant mais face à la beauté du résultat, on est un peu obligé de fermer sa gueule. Plus on écoute l'album et plus on en arrive à la conclusion que ce « The Hunter » est une pure tuerie, et certainement parmi les meilleures livraison du combo.
MASTODON ne vend pas son cul pour autant puisqu'on retrouve sur la majorité des titres leur patte pachydermique. L'évolution est sensible, mais elle est suffisamment bien dosée pour qu'elle passe bien.
J'aime à croire que MASTODON a désormais envie de jouer cette musique plutôt que d'essayer de se diriger vers le mainstream... de toute façon la bizarrerie de certains passages montrent que la soupe à six heures et demie, c'est pas encore pour tout de suite.
Si l'évolution saute d'emblée aux oreilles, il en faut un peu plus pour décortiquer l'album dans son entier. Juger cet album en une fois, c'est vouloir sonder la connerie de Monsieur Vendetta en trente secondes : cela n' a pas de sens.
« The Hunter » est tellement fouillé, possède tellement de tiroirs et de réserves d'émotions qu'il mérite qu'on s'y penche avec attention. De toute façon, vous risquez d'être rapidement pris dans les filets de MASTODON car plus on écoute cet album et plus on l'aime.

Si les chansons sont bonnes, on remarque rapidement que les musiciens ont mangé plus que cinq fruits et légumes par jour.
Brann Dailor reste le batteur de grand talent qu'il a toujours été et il régalera encore ses nombreux fans avec les nouveaux beats et breaks qu'il a concoctés.
Les guitares restent grasses, les mélodies sont d'enfer et les solos... putain mais ces solos ! On savait déjà que Brent et Billy n'étaient pas des manches mais ici c'est la fête à la six cordes ! Le solo du morceau éponyme, « The Hunter », est incroyablement bien senti et regorge d'un feeling absolument renversant ! Le choix des notes est d'un goût réellement exquis.
Les deux gus enchaînent sur leurs pauvres instruments de monstrueuses et gargantuesques passes d'armes qui en arrivent presque à me faire dire que ces deux enfoirés ont été touchés par la grâce divine. Un sacré boulot et un incroyable savoir faire ! Chapeau les mecs !
Le travail sur les voix et les harmonies est, pour terminer, très travaillé et elles sont interprétées avec tellement de feeling qu'elles semblent couler de source. MASTODON donne une image de facilité, alors que tout ce qui est joué est loin d'être basique.
Du tube « Blasteroid » au fracassant « Black Tongue », les boys nous offrent de nombreux refrains imparables comme celui de « All the heavy Lifting » ou encore « Stargasm » et « Octopus has no friends ». Les lyrics sont quant à eux aussi percutants qu'originaux, le titre des chansons est là pour en attester.
Puissant, carré, mélodique et inspiré... rien à dire, ces enfoirés, quoi qu'on en dise, iront loin. Un grand album.


Rédigé par : Pamalach | 17/20 | Nb de lectures : 20239