Ma découverte de Mastodon remonte au Graspop 2003. Ce fut le premier coup de tonnerre du festival à mes yeux et j’ai de suite cherché à en savoir plus sur ce groupe américain atypique. J’ai donc acheté « Remission » au metal market, album qui me comble toujours autant d’aise après plus d’un an d’écoutes intensives. Aussi étais-je partagé entre appréhension et impatience dès lors que j’ai su que son successeur était en route.
Mal m’a pris de douter car « Leviathan » est la parfaite suite de « Remission ». Il repart sur les mêmes bases mais en plus abouti et plus compact. La musique proposée sur cette cuvée 2004 est plus heavy et grasse, on pense même parfois sur certains passages à Thin Lizzy ou encore Black Label Society (« Megalodon » ou l’introductif « Blood and Thunder »). Cependant la touche Mastodon se ressent immédiatement, par son groove particulier, ses guitares aux mélodies enchevêtrées, ses passages ultra lourds et ses arpèges en sons clairs salis par un léger crunch. Les guitares enchaînent riffs puissants façon post HcX et parties plus aériennes. La basse me semble moins saturée qu’auparavant, mais effectue un travail énorme avec la batterie pour que les guitares puissent s’envoler librement sur une musique qui reste quoiqu’il arrive lourde. Le batteur, Brann Dailor, est tout simplement ahurissant de maîtrise, avec un jeu ultra fourni et vraiment groove, il occupe une grande place dans le son et l’originalité de Mastodon (impression confirmée en live du reste). Mais le plus gros du travail a été fait sur les voix, qui ont véritablement changé depuis « Remission ». A l’époque purement post hardcore, celles-ci restent toujours tendues mais incluent désormais un aspect mélodique du meilleur effet. Il y a même 2 titres qui sont entièrement chantés (« Seabeast » et « Naked Burn », dont le refrain constitue l’un des points d’orgue de l’album). On pense aussi parfois aux intonations de Henry Rollins, voire de Al Jourgensen car un léger filtre donne un caractère presque indus aux vocaux. En pleine possession de son art, le groupe se permet même quelques fantaisies comme l’utilisation d’un motif country qui coupe « Megalodon » en deux ou encore une partie très punky sur « Aqua Dementia ». Et ça ne dépareille pas sur l’ensemble de l’album ! Les textes semblent inspirés de deux grandes légendes du 19ème siècle : l’histoire du Capitaine Achab et son obsession, Moby Dick, et celle de Joseph Merrick, alias Elephant Man. Deux images de mastodontes (Leviathan…) mais aussi deux quêtes différentes, le délire meurtrier pour Achab, le cobaye d’expériences médicales pour Joseph Merrick, en quelques sortes… Un bon résumé de cet album, au final…
Hormis la pochette très laide, il n’y a pas de faute de goût dans cet album. Il est vivant, organique, mélodique, puissant. Le mix parfait entre Neurosis, Thin Lizzy, Isis, The Melvins et Iron Maiden. Mastodon : rarement un groupe n’aura si bien porté son nom !


Rédigé par : Ocean? | 16,5/20 | Nb de lectures : 13109