C'est l'esprit méfiant que mon œil torve se posa sur cette nouvelle parution du label qui monte en Pologne Witching Hour. Ça monte tellement que tout cela risque de finir en clafoutis lancé d'une tour ! On a un peu l’impression qu’ils vont signer tout ce que la Pologne compte de groupes et surtout ils ont l’air d’avoir mis un point d’honneur à exhumer tous les musicos vivotant dans les hospices. Après Moon, voici Mastiphal autre ancêtre de la scène Black polonaise ayant sorti un unique album en 1995. Comme Moon et comme une bonne partie des groupes à l’époque, Mastiphal envoyait un Black Bontempi or si je vous dis que ce second album fut mixé au Necromorbus, vous pensez à quoi ?

Fondé en 1991 par Flauros et Cymeris, Mastiphal version 2011 voit d’une part grossir ses rangs de jeunes loups (dont un gratteux d’Iperyt) et surtout connaît un ravalement de façade. Vous aviez compris, qui dit Necromorbus dit orthodoxie. Ainsi, nos Polonais nous sortent toute la panoplie du Black made in Sweden que ce soit l’intro qui fait peur à base de samples, les dissonances, les blasts plus mélodiques ou l’atmosphère déliquescente.

Mais comme ça vient de Pologne, on n’échappe pas à quelques parties brutales et efficaces et nos deux anciens dévoilent quelques belles varices sentant bon le Thrash/Death à l’ancienne. Ils n’hésitent pas à envoyer du solo à l’ancienne limite « slayerien » parfois. A l’image de ce "Man Strikes God Falls" qui s’enclenche par un solo lancé à tout berzingue. Franchement, ça doit bien faire vingt piges que je n’avais pas entendu une entrée pareille. De plus, la suite du morceau tabasse un Death de bûcherons qui ravira le service gériatrie.

Le bon côté de Mastiphal est que le combo sait se montrer suffisamment accrocheur en piochant dans le Black’n’Roll d’un Satyricon époque "Volcano". Autre avantage, la rondelle ne durant que 38 minutes, on n’a pas vraiment le temps de se faire chier. Après visite du mouroir, c’est plutôt un bon cru pour Witching Hour par rapport à leurs dernières sorties (Iperyt faisant exception !). La musique n’est pas originale pour deux zlotys mais on se laisse facilement pervertir par cet assaut évitant le piège du blastage sous cellophane. Un petit disque qu’on n’hésitera pas à fourrer de temps en temps dans notre mange-disque histoire de se délecter du superbe riff épique de "Sovereign’s Return" ou des lignes mélodiques de "Nihil Esse".

Même si la prod fut concoctée en Pologne, on ne tombe pas dans le son Mister Freeze chimique grâce à l’habillage de chez Necromorbus donnant la petite poussière crasseuse nécessaire à l’écoute de ce métal noir.

Bon, pas de quoi s’épiler le scrotum à la truelle, mais on sent bien que nos deux vieillards ont de la boutanche dans le métier car ils injectent suffisamment de diversité pour que notre reste de cervelle demeure en alerte.

Un ch’tit album divertissant et pas trop générique. C’est déjà pas si mal…


Rédigé par : Dark Rabbit | 13/20 | Nb de lectures : 12431