Allez savoir pourquoi mais c’est presque un an après sa date de sortie que nous parvient finalement le dernier album de MASTER. Lorsqu’on sait que « Four More years of terror » avait déjà été enregistré en 2004, l’esprit très contestataire de cette « réaction discographique » face à la réélection de Georges W., passe un peu à la trappe.

Pour ce retour, Speckmann, visiblement inspiré par le choix électoral de ses compatriotes nous pond ici un album dépassant l’heure. Délaissant le second degré de « Let’s start a War » ou « Spirit of the West » qui avait fait passer le bonhomme pour un apprenti GI Joe prônant les vertus du patriotisme, de l’honneur et des flingues, Speckmann nous balance à la face des textes plus directs et ouvertement cyniques. Il est évident que notre bon vieux Paul n’est pas content, mais alors pas content du tout de ce que son pays natal est en train de devenir et nous le fait ouvertement savoir dans ses propos énervés.

Du côté zic, c’est un peu la même chose. Même si MASTER reste cloîtré dans le style post 1985 qu’on leur a toujours connu ; c’est à dire une sorte de succédanée de MOTÖRHEAD, SLAYER, VENOM et CELTIC FROST avec une grosse louchée de punk. Hé oui, MASTER ne déroge pas à son sacro-saint thrash metal sautillant pro Kilmister. Pour le chant c’est toujours pareil, Speckmann excelle dans ses vocaux rauques de trachéotomisé à la rencontre de Cronos et Lemmy. Les titres sont tous échafaudés sur les mêmes plans binaires alternant couplet/refrain parfois émaillé de solos presque anachroniques au milieu de ce death/thrash rétro. Les seules exceptions à la règle se résument à deux titres « Betrayal » et « Lined up and punished » dont les intro fleurent bon les seventies aux influences sabbatiennes.

Mais le plus surprenant dans cette galette, c’est que, même si les morceaux ont la fâcheuse tendance à un peu trop se ressembler, la ferveur et la détermination communicative de Speckmann suintent tellement des enceintes que c’est avec un certain plaisir qu’on s’autoinflige cette heure de MASTER. Qui l’eut cru ? Moi, qui chroniquais voilà quelques mois une compilation relativement dispensable qui retraçait l’épopée Speckmann, me voilà presque séduit par un disque répétitif au possible et totalement « has been ». L’idée des quatre années supplémentaires de Bush junior à la Maison Blanche aurait-elle suffisamment irrité notre bon vieux Paul, pour que sa musique trouve un second souffle ? A moins que ça ne soit mon affection chronique pour les grandes gueules et les contestataires qui ait trouvé dans « Four more years of terror » un écho à mes idées personnelles ?

Dans un souci objectif, je trancherai en disant qu’il y a probablement un peu des deux et que nous ne seront probablement pas nombreux à trouver intéressant ce huitième opus de MASTER mais que voulez-vous ? Entre quadragénaires vétérans, faut qu’on se serre les coudes…


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 13485