"Mass Hysteria sur des rythmes chauds. On met le feu dans le cerveau. »

Ces lyrics sont extraits de « Furia », un des hits de « Contradiction », l’album qui avait propulsé les Mass au sommet en 1999. A cette époque, le groupe avait le vent en poupe et livrait des prestations scéniques très énergiques, au niveau de certains groupes internationaux.

Chacune de leurs prestations était alors une joyeuse foire où tout partait en quenouille et où l’énergie se disputait à la bonne humeur. Une grande époque pour ceux qui ont connu le groupe à cette période.
Avec « De cercle en cercle » en 2001, le groupe a courageusement choisi de changer la formule qui avait fait son succès… et avait du coup perdu une bonne partie de ses fans. C’est à Nîmes en première partie des Four Horsemen que les M.H se sont rappelés à mon bon souvenir. J’avais peur que le groupe se fasse pourrir mais même si une partie du public n’a pas apprécié, moi j’ai kiffé le set et leur attitude. J’avais un peu oublié que même s’ils avaient des « positves vibes », les Mass restaient des fans de metal ayant écouté Slayer, Morbid Angel et Metallica. A Nîmes, on sentait vraiment qu’ils étaient ravis d’être là et qu’ils voulaient faire honneur à cette première partie. Motivés comme des haltérophiles ukrainiens, ils ont réussi leur pari. Du coup, quand j’ai reçu la proposition de faire la kro pour leur album « Failles » j’ai été bien content.

Du coup, j’ai été rejeter une oreille sur « Mass Hysteria » qui ne m’a toujours pas convaincu et sur « Une somme de détails » définitivement mieux que ce que j’avais pu juger à l’époque. Sur cet album, on constatait un certain retour aux sources qui redonnait espoir surtout après la pop franchement peu goûteuse de « Mass Hysteria ».

Que se cache-t-il donc derrière cette énigmatique pochette et derrière ce visage buriné au regard perçant ? Douze titres percutants qui contiennent la fougue des débuts de Mass Hysteria associés à quelques accélérations et riffs plutôt velus.
L’album débute assez fort avec le titre « World on fire » qui avec ses lyrics en prise avec la société actuelle et son refrain musclé, envoie bien la sauce. MH reste ici dans une certaine tradition, notamment lorsqu’on entend « Ne laissez pas la haine du système s’installer » Les boys continuent de prôner un certain positivisme, inhabituel chez les métalleux.

Cela choquait déjà sur « Le bien être et la paix » et cela continue de faire son petit effet. Il est certain que ceux qui détestaient ça chez les Mass risquent d’être déçus, le groupe n’a pas cédé aux sirènes alarmistes annonçant la déchéance d’un monde déjà à la dérive. « Aller plus loin », « Respirer » ou encore «Clean» continuent d’alimenter l’espoir que les MH défendent depuis tant d’années.
Un frisson de nostalgie se fraye pourtant un chemin tout au long de l’album, prouvant que la désillusion est un poison perfide qui finit par écorcher le sourire des plus joyeux. Le titre « Failles » est dans cet état d’esprit, tout comme l’excellent « Plus qu’aucune mer », certainement le meilleur morceau de l’album. Ce deuxième morceau se hisse au panthéon des hits des hystériques malgré un riff principal identique en tout point à celui de « Los » des Rammstein. Heureusement que le refrain bon, original et fédérateur fait oublier ce point un peu fâcheux. Ce n’est hélas pas que sur ce morceau qu’on sent l’influence des Teutons. Les mélodies « machines » font très souvent penser aux Allemands (« Le magnétisme des sentiments ») ce qui tranche avec le passé où ils faisaient preuve d’une grande personnalité à ce niveau-là. Les guitares étant accordées graves (comme Ramstein sur « Reise, Reise ») et les tempos restant relativement lourds, cela n’aide pas à se détacher du style germanique. Bien sûr, on retrouve aussi tout ce qui fait la personnalité des Mass avec un peu de Hip Hop, de l’electro, du metal, des « Faïa, powa, freedom » et bien sûr une pêche de tous les instants.

Cette énergie communicative est vraiment la quintessence du groupe car même avec ses lyrics positifs et ses riffs manquant parfois de relief, les gaziers finissent toujours par embarquer ceux qui sont dubitatifs (j’ai pas dit les réfractaires). Même un morceau comme « Voyez comme on danse » possède cette vibe qui fait qu’on ne peut rester insensible.
Car si cet album s’écoute avec plaisir (avec de très bons moments) c’est en grande partie parce qu’on sent que le groupe croit encore en ce qu’il fait et en ce qu’il dit. Certains appelleront cela une forme de naïveté mais en ce qui me concerne je préfère penser que les gus ont avant tout la passion de ce qu’ils font.

Le groupe joue donc avec ses propres armes et arrive à nous délivrer un bon millésime qui rejoint directement « Contradiction », passant devant « Une somme de détails »… rien de moins.
Il est de ces groupes qui n’ont rien dans le gilet comme dirait Mouss, et il est de ces groupes qui gardent la furie et le feu. L’épine hystérique continue inexorablement de rentrer dans la chair de ceux qui les aimaient et les aiment encore… ils creusent et restaurent… continuez les amis… continuez.


Rédigé par : pamalach | 14.5/20 | Nb de lectures : 13618