Toujours prompt à nous prodiguer des piqûres de rappels salvatrices pour l’éducation des jeunes générations et raviver la flamme nostalgique des anciens, Iron Pegasus nous a déterré, voilà plusieurs mois, les anthologiques démos de MASSACRE pour les réunir sur ce « Tyrants of Death ».

Tout d’abord un peu d’histoire : L’épopée de cette légende commence par un autre groupe : MANTAS. C’est le nom que lui donnent ses trois membres Kam Lee (batterie, chant), Rick Rozz (guitare) et Chuck Schuldiner (guitare). Nous sommes en 1983 et Chuck n’est alors âgé que d’une quinzaine d’années. Bien vite, le groupe enregistre une première démo quatre titres « Death By Metal » dans laquelle figurent déjà des titres qui apparaîtront sur « Scream Bloody Gore » comme « Evil Dead » ou encore « Beyond the Unholy Grave ».

Peu de temps après Chuck décide de changer de changer le nom du groupe : MANTAS devient alors DEATH et enregistre une paire de démos supplémentaires. Pour l’anecdote, c’est Kam Lee qui sera à l’origine du logo que DEATH affichera pendant toute sa carrière. Pourtant en 1985 l’ambiance tourne un peu au vinaigre entre Kam Lee et Chuck. Ce dernier décide sur un coup de tête de quitter la Floride pour aller s’installer au Canada pour rejoindre le groupe SLAUGHTER, une autre formation qui fait alors sensation dans l’underground de l’époque.

Kam Lee, farouchement décidé à continuer sur sa lancée, rejoint Bill Andrews, Mike Borders et Alan West et leur groupe MASSACRE. Dès 1986 cette formation enregistre une première démo trois titres « Aggressive Tyrant ». Suite au départ d’Alan West cette même année pour probablement rejoindre XECUTIONNER (qui deviendra OBITUARY par la suite), Rick Rozz arrive à son tour pour enregistrer la seconde démo de MASSACRE : « Chamber of Ages ».

Ce sont précisément de ces deux démos dont il est question sur « Tyrants of Death ». Deux pierres angulaires qui ont grandement contribué à faire du death metal US ce qu’il est devenu par la suite. A commencer par le chant de Kam Lee qui, suivant les traces de Lemmy, Cronos et Jeff Becerra, sera l’un des premiers chanteur à utiliser des growling vocals, son fameux « death vomit style » comme il se plaisait lui-même à le nommer. La légende dit que le style vocal de Kam Lee qui mêlait aussi bien les growls que les cris stridents tiendrait son origine du fait d’un matériel de répétition obsolète qui obligeait ce dernier à beugler comme un beau diable pour se faire entendre de ses petits camarades.

Pour en revenir à ces premières maquettes, ces deux témoignages de toute une époque nous replongent dans les fastes années qui ont vu les balbutiements du death metal, la prolifération de fanzines cultes (BLACKTHORN, SLAYER mag, DECIBEL OF DEATH, PEARDROP, RIPPING HEADACHE) et l’effervescence du tape-trading. Je ne vous ferai pas la leçon sur les atours musicaux de MASSACRE et de son death metal old school floridien pur jus. Sachez que dès les premières démos, la hargne et un certain don naturel pour composer des titres accrocheurs étaient déjà de la partie.

L’intérêt principal de la ressortie de ces démos se situe principalement dans les titres inédits qu’elles contiennent et dans les petits bonus qui viennent agrémenter le tout. En effet, les trois titres de la première démo (« Agressive Tyrant », « Death in Hell » et « Mutilated ») et un de la seconde (« Clangor of War ») étaient encore inédits à ce jour.

Du côté des bonus, on découvre une version instrumentale de « Cryptic Realm » qui n’avait pas été terminée dans les temps pour apparaître sur « Chamber of Ages » mais également un live datant de 1986 enregistré au Rock city de Tampa. Le son du live est, bien entendu, celui d’un authentique bootleg. Si le son est plutôt mauvais on peut néanmoins savourer toute la véhémence scénique du groupe et même entendre Kam Lee dédier le titre « Aggressive Tyrant » à un ami de Caroline du Nord ayant fait le déplacement : le label manager de Goreque Production plus connu sous le nom de David Vincent. On notera au passage le présence d’un ghost track de choix avec une version live de « Corpse Grinder ».

Il apparaît clair qu’un tel ramassis de vieilleries ne sera pas destiné à tous. « Tyrants of Death » rend néanmoins justice à l’un des pionniers du death metal, à un groupe qui n’aura pas eu la chance de connaître la véritable consécration qui lui revenait légitimement.

Si un disque comme « Leprosy » fait partie de vos albums de chevets, il est clair que l’investissement dans cette heure de légende, enfin disponible sur cd, est plus que recommandé.


Rédigé par : Tonton | Réédition/ | Nb de lectures : 16219