MAR DE GRISES - Streams Inwards (Season of Mist) - 01/09/2010 @ 08h47
Ils étaient minces, ils étaient beaux, ils sentaient bon le sable chaud... my Chilean Doomsters!
La tentation est grande de limiter cette chronique à un retentissant « YIP-PEE! » mais cela manquerait singulièrement de sérieux. Il faut dire que l'attente fut longue et enfiévrée jusqu'à la sortie de ce troisième album de MAR DE GRISES. Pourtant deux années seulement nous séparent de « Draining the waterheart » qui offrait autant de promesses que d'incertitudes aux amateurs de doom racé. Suivra une petite réédition peu convaincante - "First river regards" - pour clore l'aventure avec Firebox puis la signature encourageante chez Saison des brumes.

Et là, en ce trentième jour du mois de l'empereur Auguste, « Streams Inwards » jaillit de vos enceintes préférées comme un diable hors de son digipack (sic). « Surprise! » semble nous dire le groupe de Santiago tant l'évolution est de taille. Subtile, mais essentielle. Au terme d'une lente gestation, le son de MAR DE GRISES semble s'être débarrassé de toutes ses scories, d'une lourdeur superflue qui entravait les élans lyriques du groupe. Un processus d'épuration qui rend ce disque plus accessible que son prédécesseur ; la clarté éclot de l'intelligence sensible qui baigne les compositions.
En rupture avec le doom/death tel qu'on peut le pratiquer en Scandinavie ou au Royaume-Uni, la musique des Chiliens se découvre nettement moins sépulcrale, baignée d'un romantisme fait de détachement et de spiritualité. « Streams Inwards » assume le contraste le plus vif, entre l'ancrage tellurique d'une section rythmique chthonienne et l'ascension céleste de mélodies en partance pour Alpha du Centaure.

Dès lors, se dessine avec ce nouvel album les contours d'un univers metal typiquement sud-américain, une identité musicale liée à la topographie du territoire, faite de tous les extrêmes. Si MY DYING BRIDE se nourrit de romantisme victorien ou SWALLOW THE SUN de la désolation des glaciers nordiques, MAR DE GRISES cultive quelque chose de beaucoup plus solaire, un hommage féroce à la Vie, dans sa puissance et sa complexité.
« Streams Inwards » voudrait nous renvoyer vers nos « Courants Intérieurs », pourtant c'est vers les confins de l'espace que les huit titres de l'album nous expédient. Sauf à considérer une spatialisation infinie de nos sphères les plus intimes. Un peu des deux sans doutes. L'artwork de l'album irait presque dans ce sens, tant son illustration renvoie vers un trou noir, un Mandala, une géante rouge, quelques notes de musique perdues dans la naissance d'une étoile.

L'album suit toutefois un étrange cheminement. Les trois premiers titres semblent issus du même moule, et propulsent immédiatement l'auditeur en orbite. En dépit d'une certaine redondance, ces morceaux synthétisent l'imparable efficacité du song-writing du groupe. On enchaîne curieusement avec une piste d'ambiant aussi minimaliste qu'inutile, comme s'il était nécessaire de laisser retomber l'intensité avant la suite. Puis, en position géostationnaire autour d'une exoplanète inconnue, la seconde partie de « Streams Inwards » se veut plus posée, portée vers l'introspection. Juan Escobar montre alors la mesure de son incroyable talent en déployant toutes les facettes de son chant, tantôt écorché, avant de plonger dans la limpidité, tantôt éructé, retombant dans un souffle. Les derniers titres sont définitivement moins tape-à-l'œil, porteurs de nuances délicates, presque décevants après la véhémence du début de l'album.
On a même droit à un « Knotted delirium » qui tend vers l'abstraction, une expérience jouissive qui étire des notes isolées vers le lointain, se déploie sur une boucle de sons électroniques, rebondit sur des accords lâchés de nulle part et s'achève sur une fin qui ne conclut rien. Un morceau réjouissant car imprévisible qui se permet de revisiter un genre parfois trop codifié. Dernière interrogation avec le titre bonus qui développe une atmosphère étrange, parfaite pour un atterrissage en douceur. Un choix de track-list curieux qui mettra certains auditeurs en présence d'un album à l'équilibre plus précaire, aussi anecdotique que cela paraisse.



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My space Mar de Grises - 235 téléchargements


Rédigé par : #Guillaume# | 16/20 | Nb de lectures : 14237




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Clalire
Membre enregistré
Posté le: 01/09/2010 à 15h57 - (86554)
Eh bien j'ai hâte d'écouter ça car "Draining the Waterheart" est un très bel album, plein d'atmosphères prenantes. L'évolution évoquée dans la chronique fait, malgré cette histoire à propos de l'équilibre de la tracklist (qui n'empêche pas d'avoir mis 16/20?), donc j'attends de me faire mon avis...

c'est quand les résultats du concours VS pour gagner l'album ? :)

Clalire
Membre enregistré
Posté le: 01/09/2010 à 15h58 - (86555)
euh dans la 2è phrase il fallait lire "fait envie"

Clalire
Membre enregistré
Posté le: 12/09/2010 à 15h22 - (86844)
eh bien cet album déchaîne les foules...

reçu grâce au concours VS / Season et il me semble tout à fait à la hauteur du précédent, c'est vrai que les premiers morceaux sont peut-être les meilleurs de l'albums, mais j'ai aimé aussi le morceau bizarroïde ainsi que celui avec la voix féminine... quant au chant il est assez varié et très très bon dans l'ensemble

non vraiment après 2 écoutes pour l'instant je suis très convaincue par cet album, moins planant que "Drainig"... mais avec toujours une certaine personnalité, des ambiances variés, on s'éloigne parfois du metal pour aller vers une sorte de "post-rock" non ?

en tout cas, certains trouveront sûrement que j'exagère, mais pour moi ce groupe est bien plus intéressant que les références annoncées sur la promo du cd ("pour les fans de MDB, Katatonia...")

donc voilà en fait je suis très largement d'accord avec la chronique à ceci prêt que le "déséquilibre" de la tracklist ne m'a pas vraiment dérangée, je me laisse porter par le voyage et son "atterrissage en douceur" comme l'a bien décrit Guillaume.

mon seul petit regret est pour le livret qui aurait pu explorer plus de variations autour de cet artwork (surtout après celui superbe de "Draining..."), mais c'est un détail.



gardian666
Membre enregistré
Posté le: 13/10/2010 à 16h50 - (88082)
Je découvre ce groupe avec cet album, et franchement pas déçu de la découverte !
Des mélodies exceptionnelles ("The Bell and the Solar Gust" en tête), des ambiances pesantes qui prennent aux tripes...d'ailleurs le style pratiqué me rappelle les premiers Swallow the Sun !



chaussure
Membre enregistré
Posté le: 09/12/2010 à 12h50 - (89730)
d'excellents titres,

"shining human skin" est une bombe. (en écoute sur leur myspace)
du bon gros doom avec des touches "isis" je trouve.
ça fait moderne, intense.. un de mes titres préférés 2010.

j'aime aussi particulièrement le titre "bizaroïde" dont Clalire fait mention plus haut (la piste 7) qui est plus "inquiétant" que "bizaroïde" d'ailleurs.

pour le reste, c'est sans plus pour moi.

quelques titres très doom pas dégueu.

mais beaucoup trop de longueur.

je me pencherai quand même un jour sur le reste de leur disco parce qu'il y a du gros potentiel.



Ash_InHell
Membre enregistré
Posté le: 09/12/2010 à 13h23 - (89733)
Je découvre également le groupe avec cet album et je suis totalement convaincu!
Je trouve l'album étonnamment digeste et pas long pour un sou pour du doom. Des mélodies accrocheuses, une interprétation impeccable pour un très bon album dans l'ensemble.
Le tracklisting ne m'a pas gêné non plus.

J'ai plutôt hâte de les voir en première partie de Swallow the Sun au Ferrailleur!



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