Inutile de vous précipiter sur le site de Season of Mist, ce n'est pas le nouvel album de Mar de Grises. Le successeur de l'excellent « Draining the waterheart » ne devrait pas sortir sur le label marseillais avant la fin de l'année. "First river regards" est l'ultime collaboration du groupe avec Firebox, une friandise pour patienter avant les choses sérieuses.
Ce EP fourni dans un digipack élégant n'est même pas constitué de nouveaux titres, il s'agit de la réédition de la toute première démo enregistrée par les Chiliens en 2000. Un cadeau pour les fans du groupe, amateurs de la première heure qui ne bouderont pas leur plaisir avec ces quatre titres qui posent les bases du doom de MdG. On reconnaît immédiatement la griffe du groupe sans pouvoir s'empêcher de constater qu'on écoute là un brouillon de leurs albums à suivre. Tout ce qui donne des frissons ou suscite l'admiration chez le groupe est présenté ici à l'état latent, si bien qu'on se retrouve rapidement à envisager le potentiel d'un groupe dont on sait déjà qu'il a pleinement satisfait nos attentes. A découvrir la carrière de musiciens à rebours, on s'expose forcement à ce genre de désagréments.

Avant même de rentrer dans les détails on ne peut que répéter que ce EP est à réserver aux impatients et autres collectionneurs qui prennent un plaisir coupable à archiver dans leur crypte le moindre enregistrement de leurs musiciens favoris. Ils auraient tort de se priver. Les autres feraient bien de jeter une oreille attentive sur les deux albums suivants sortis précédemment (ce qui ne veut rien dire mais vous avez compris).
Notez d'ailleurs que sur les quatre morceaux présentés sur cette démo, seuls les deux derniers sont véritablement inédits, "Storm" et "Recklessness" apparaissant en effet sur le premier album, « The tatterdemalion express », dans des versions remaniées. On retrouve donc sans surprises les composantes du doom de MdG ; magnifiques arrangements au clavier, chant profond et sensuel, une pincée de passages black abrasifs et une recherche émotionnelle permanente qui ne tombe jamais dans la facilité ou le pathos. Pour une première démo le son reste relativement correct, au final l'enregistrement assez brut jette un éclairage qui n'est pas dénué d'intérêt sur les compos du groupe.

Le CD contient un bonus multimédia tout à fait dispensable avec deux video live du Doom shall rise festival de 2005 de qualité médiocre. Plan fixe d'une caméra unique, bouillie sonore, grain super8 de l'image, si ce n'est pas du remplissage éhonté je ne m'y connais pas.
La note d'intention rédigée sur le digipack le précise bien, « First river regards » est un vestige, une empreinte laissée dans notre univers musical de ce moment de grâce qui a vu MdG porter sa musique par delà les océans, pour notre plus grand bonheur. C'est peut-être là que réside l'intérêt majeur de cet enregistrement.


Rédigé par : #Guillaume# | 07/10 | Nb de lectures : 12686