Alors que la sortie du troisième album de MARTYR est imminente, Galy a eu l’idée pertinente de rééditer les deux premiers disques du groupe dans des versions remasterisées par les soins de l’increvable Yanick St Amand.

Il est vrai que, dans un premier temps, la réédition de « Warp Zone » ne plongera pas les fans français dans l’émoi, puisque l’hexagone avait bénéficié, fin 2002, d’un pressage judicieux sur Sekhmet records.
Toutefois, sachez que cette nouvelle version a été enrichie de bonus et plus précisément d’une démo de pré-production de « Warp Zone » datant de 1999.

Si aucun inédit ne pointe le bout de ses riffs, il vous faut savoir que les versions de « Warp Zone », « Virtual emotions », « Deserted Waters » et « Carpe Diem » figurant sur cette fameuse démo n’étaient tout à fait identiques à celles de l’album. Idem pour le son ; malgré la remasterisation dont le but était visiblement de limiter les différences de production entre les deux enregistrements, le son de la démo qui, sans être mauvais ou manquer de clarté, est nettement plus rugueux, plus direct.

Des détails qui ne manqueront pas de soulever l’intérêt des fans. « Warp Zone » ayant déjà bénéficié de deux chroniques dans nos colonnes, je vous conseillerai de vous reporter à ces articles pour vous faire une idée plus précise de ce qui vous attend sur ce nouveau pressage frôlant les 55 minutes.

Passons maintenant à « Hopeless Hopes » première œuvre de MARTYR qu’il était devenu laborieux de dénicher à un prix décent. Les spéculateurs d’eBay en seront pour leurs frais avec cette nouvelle version boostée par une remasterisation justifiée, mais également par des bonus portant la durée totale de cette réédition à plus de soixante-dix minutes.

Trois de ces titres supplémentaires proviennent directement de la démo de 1995 « Ostrogoth », le quatrième étant un enregistrement de pré-production de « Non Conformis ». Comme pour « Warp Zone », les versions démos diffèrent des interprétations définitives allant même jusqu’à proposer une vingtaine de secondes additionnelles sur « Non Conformis ».

Du côté de la zic, ces débuts discographiques de MARTYR mettent en avant le savoir-faire d’un groupe dont on reconnaît déjà la patte très personnelle. C’est sans doute par ce simple disque que la scène métallique québécoise est devenue aussi férue de métal technique de haute volée.

Principalement articlué autour de deux guitares siamoises indissociables mais complémentaires, MARTYR orchestre dès son premier disque un death metal incroyablement riche aux influences jazzy parfaitement digérées. Ici, les mélodies se disputent la suprématie de ce disque avec un feeling puissant délivré par un quatuor de techniciens surdoués. On songe brièvement à des formations telles ATHEIST ou CORONER mais MARTYR possède bel et bien, dès cette première galette, une personnalité qui lui est propre.

Le chant thrash, qui a bien du mal à trouver ses marques sur un métal aussi voluptueusement alambiqué, en rebutera probablement plus d’un par son côté parfois maladroit. Mais d’un autre côté on arrive à faire facilement abstraction de ces petites imperfections tant le plan musical déployé ici est irréprochable et captivant.

Il va sans dire que si vous êtes un amateur de death metal technique et progressif averti et que vous ne possédez pas encore ces deux disques de MARTYR, il va falloir remédier rapidement à cette lacune sous peine de passer à côté d’un groupe à l’envergure colossale, un véritable joyaux comme on en rencontre que trop peu par les temps qui courent.

Indispensables.


Rédigé par : Tonton | réédition/ | Nb de lectures : 13391