Ca ressemble à du Death Black norvégien, ça a le goût du norvégien, ça à un nom norvégien et c’est... américain. V’la que de l’autre côté de l’Atlantique on se met à faire des contrefaçons. Où va-t-on? Repompe et Death/Black Metal, voilà deux arguments qui mettraient n’importe quelle myxine en état de sudation psychotique avancée. MARTRIDEN part avec deux semelles de béton en guise de handicap.
Je m'apprêtais à prolonger ce travail de cordonnier sicilien par une immersion aquatique façon Corleone lorsqu’il fallut se rendre à l’évidence : Tony le baveux pouvait ranger le chalumeau. MARTRIDEN mérite plus qu’une exécution sommaire réalisée par un second couteau mal aiguisé.

Bien que se revendiquant d’OPETH, d’EMPEROR voire d’ENSLAVED, MARTRIDEN navigue à cent lieues d’un Death progressif ou d’un Black Metal évolué (pour ne pas dire progressif, lui aussi). Le premier morceau de “The Unsettling Dark” nous plonge dans un Death teinté de Black épique et lourd. On pense à ZYKLON ou à SIRIUS. Les guitares cisèlent leurs riffs dans une fonte glacée et charbonneuse, le chant racle comme un grattoir de silex. Le style est abrasif, percutant et n’oublie pas certaines références Morbid Angeliennes... tout en s’“enrichissant” d’un fond de clavier (faut bien faire plaisir aux copains). C’est efficace, bien exécuté mais pas très original. Les canards à trois pattes ne risquent a priori pas de fracture.

Lorsque “Ascension”, la troisième chanson de “The Unsettling Dark” débute, on en vient à se dire que MARTRIDEN possède décidément bien des qualités mais qu’à la longue, on risque de s’emmerder ferme. Qu’on va pouvoir ressortir les tenailles et arracher quelques tétons pour assouvir les penchants sadiques de Luigi la pastille. Las, ladite “Ascension” est construite en deux parties et à cette occasion, MARTRIDEN vire de bord pour hisser une musique emphatique et chargée d’émotions. Ca prend aux tripes. Dès lors, chaque composition se construit progressivement en combinant noirceur et exaltation, brutalité et sensibilité. Les Américains vont même jusqu’à s’inspirer effectivement d’OPETH, voire de PRIMORDIAL en un final acoustique des plus agréablement mélancoliques. Si ce n’est pas encore du grand art, c’est en tous cas très prometteur.

Le temps des complexes de la vieille Europe semble révolu lorsque l’on constate l’évolution du Metal outre-Atlantique. Il semblerait que l’on se soit rendu compte là-bas du foisonnement des styles pratiqués sur notre continent, et en particulier dans les pays nordiques durant ces dix dernières années. Les clones d’AT THE GATES déferlent, le Black reprend du clou de la Bête, et dans le cas de MARTRIDEN, le mélange des genres donne naissance à une musique moins originale que porteuse d’espoirs. A suivre.


Rédigé par : LaMyxine | 14/20 | Nb de lectures : 11006