Malgré toutes les casseroles qu'il se traîne, MARILYN MANSON est encore un artiste qui fait parler et qui entraîne des débats passionnés voire houleux. Sur le dernier opus en date, "Born Villain", j'avais été assez séduit par les sonorités et les textes que le révérend et ses ouailles nous proposaient. Cependant, malgré d'évidentes qualités, le disque peinait à tenir la dragée haute face aux pépites passées de l'affreux chanteur... c'était pas mal au vu du contexte mais il manquait encore quelque chose.
En fait, "Born Villain" revenait surtout pour nous dire quelque chose d'essentiel : Manson avait encore des disques intéressants à proposer. L'espoir renaissait alors et "The Pale Emperor" tombe donc aujourd'hui à point nommé pour nous dire qu'on avait raison d'y croire.
"The Pale Emperor" est en donc le meilleur disque de MARILYN MANSON sorti depuis "Mechanical Animals". Rien de moins à mon goût. Évidemment, c'est un sentiment sujet à discussion, mais ça faisait loooongtemps que je n'avais pas entendu le révérend sonner de manière aussi menaçante, dépouillée et immersive. Loin des "Mansonneries" classiques qui pourrissaient un peu ces derniers disques (rappelons-nous les morceaux faciles à l'architecture éculée que nous pondait l'artiste sur "The Golden..."), le touche à tout étonne ici par la facilité avec laquelle il se fond dans ce nouvel univers bluesy, pop et cradingue où chaque détail semble avoir été pensé pour faire mouche. La production est aux petits oignons et les morceaux groovent méchamment.
Étonnante métamorphose ? Pas si sûr dès lors que l'on sait que le compositeur/guitariste Tyler Bates (auteur de nombreux et fumeux morceaux de B.O dont "The devil's rejects", "Halloween" ou "Les gardiens de la galaxie") s'est investi autant dans la prod que dans la composition de "The Pale Emperor" (c'est lui qui a écrit toute la musique quand le révérend s'est chargé de tous les lyrics). La guitariste mixe donc son univers ambiancé très "visuel" aux fondations historiques de la musique de M.M. Et ça marche.
On retrouve donc cette rythmique martiale aux accents industriels, ses riffs simples et "dansants" et cette voix habitée très théâtrale qui a fait le bonheur des titres phares du sieur Brian Warner. Dès la première écoute, l'effet est saisissant et on revient très vite sur le skeud tant on sent qu'il y a matière à creuser afin de découvrir de nouvelles nuances. Hyper à l'aise dès l'excellent premier titre "Killing Strangers", Marilyn revient à une expression vocale habitée : il ne hurle pas des masses, mais il se montre ici plus méchant et crédible que sur certains titres des dernières années où il gueulait sans arriver à grand-chose. Traînant tour à tour sur la mesure puis montant ensuite dans les tours de sa voix puissante, Manson redevient à plusieurs moments l'incroyable artiste qu'il a été sur "Antechrist..." ou "Portrait...". L'effet est particulièrement manifeste sur le final de "Slave only dreams to be king" où le chanteur interprète avec nuance une ligne de chant pourtant puissante et marquée. On croit rêver...
Je dis tout cela avec d'autant plus de décontraction que je n'ai jamais été un fan hardcore du bonhomme, aimant ses bons albums sans le porter au pinacle. Mais là... la première fois que j'ai écouté l'album, je me suis dis "Nom de dieu, c'est pas possible, c'est génial !". "The Pale Emperor" est cohérent, s'écoute sans qu'il faille se fader plusieurs titres fadasses et surtout, étonne par l'audace de son propos et la qualité de ses chansons.

Je le disais plus haut, il faut plusieurs écoutes pour se rendre compte que derrière les rythmiques d'apparence simplistes se cachent des lignes de basses particulièrement efficaces, des sonorités étranges, des claviers aux éclats oniriques, des mélodies de folie. Niveau grosse torgnole, je retiens le final de "Odds of even" où un impeccable synthé vient hanter le décor avec une mélodie qu'on croirait tout droit sortie d'un film d'horreur des 80's. Ambiance glauque à souhait tout comme sur "Warship my Wreck" où Manson chancelle sur le fil du rasoir d'un titre qui inquiète et intrigue."Deep Six" avec son côté pop renvoie aux meilleures heures de "Mechanical Animals" (avec ce côté bien déjanté), le planant "Mesphistopheles of Los Angeles" rentre impeccablement dans la tête et le sublime et très inspiré solo de "Odds of even" laisse un goût de trop peu tant il est réussi et magistralement interprété.
Quelques élans pop assumés laisseront peut-être l'attention des plus durs d'entre nous papillonner mais l'ensemble reste tellement solide qu'on s'y laisse prendre. Bon, après cette pluie de compliments difficile de ne pas mettre une sélection non ?
Il serait en effet particulièrement malhonnête de ma part de baisser la note de "The Pale Emperor" pour qu'il n'atteigne pas les 17/20 et "zappe" la sélection. L'album est très bon et ce n'est pas parce qu'il y a "Marilyn Manson" écrit sur la pochette qu'il faut nier la qualité du skeud... et ce, même si Manson à parfois fait de la musique totalement auto parodique et à la limite du ridicule. "The Pale Emperor" est un renouveau pour le révérend... apprécions le donc pour ce qu'il est.




Rédigé par : Pamalach | 17/20 | Nb de lectures : 15071