Mon premier est une petite étendue d'eau stagnante. Mon deuxième est le nom de famille de Donald. Mon troisième est une pitrerie alsacienne. Mon quatrième dure 365 jours. Mon cinquième se badigeonne dans les cheveux pour faire de la montagne russe en ayant l'air d'un gland. Mon tout est un groupe et un album tous deux sacrément attendus au tournant.
Le départ de Legion a clairement été une bénédiction pour Marduk. Non pas que je remette en cause les compétences vocales du bonhomme qui ont souvent été excellentes et qui ont largement contribuées au succès du groupe, mais il fallait un déclic pour sortir du cercle vicieux des récentes productions trop surfaites et peut-être trop ambitieuses. Marduk est un groupe de black brutal et il faut qu'il le reste. Ca ne les a jamais empêché de concevoir des oeuvres géniales comme "Heaven shall burn..." ou "Nightwing" donc pourquoi chercher l'efficacité là où elle n'est pas ? "World funeral", comme je vous l'avais précisé dans ma kronik de l'époque était un disque à mon avis bien fade et qui ne reflétait nullement le vrai esprit de Marduk, sauf peut-être dans le premier morceau. Bref, je suis heureux de constater que presque tout le monde a oublié l'oeuvrette en question, à part quelques irréductibles qui se sont reconnus dans le côté plus heavy de cette galette. Grand bien leur fasse.
Pour ceux qui auraient loupé un épisode, c'est donc Mortuus (ex-Funeral Mist) qui a pris les rênes vocales de Marduk et il faut reconnaître que le changement ne saute pas aux cages à miel comme si Dick Rivers avait intégré Queen après la mort de Freddy Mercury. Sa voix est plus directe, moins écorchée que celle de Legion. Son phrasé est plus immédiat, s'attarde moins sur les terminaisons de phrases mais le quidam qui suit la carrière du groupe de manière ponctuelle ne remarquera certainement pas le changement. Pas de soucis à avoir à ce niveau là. L'intéressé remplit bien son office et le choix a été judicieux. Je trouve tout juste qu'il sonne un peu moins "evil" que Legion dans ses moments de grâce.
Comme le problème du vocaliste est réglé, je me demandais donc quelle allait être l'orientation musicale adoptée. Je m'attendais à quelque chose d'un peu plus brutal que "World Funeral" et je n'ai pas été déçu. "Plague Angel" dépote pas mal et on trouvera plusieurs morceaux dans la veine ultra-rapide qui a fait la réputation du groupe ("Everything bleeds", "Throne of rats", "Blutrache", "The hangman of Prague", "Life's emblem", "Steel inferno", "Holy blood, holy grail", "Warschau") donc 8 morceaux sur les 11 présents. Enlevez l'inutile instrumental "Deathmarch" et il reste deux titres plus modérés. Tout d'abord "Seven angels, even trumpets", très heavy et rampant qui permet à Mortuus de s'égosiller de belle manière même si le mixage ne lui rend pas toujours honneur. Le break au milieu du morceau est un bon moment à recenser sur "Plague angel". Ensuite "Perish in flames" se rapproche beaucoup d'un "Wolves" ou d'un "Dracul Va Domni Din Nou in Transilvania", ce qui n'est pas fait pour me déplaire.
Le travail sur les guitares se rapproche beaucoup de ce qui a été fait sur "Panzer division". Les harmonies de grattes se déroulent naturellement pour s'accrocher le mieux possible au déferlement quasi-permanent de blasts telle une sangsue qui ne voudrait plus faire qu'un avec la peau qu'elle s'octroie. Mais il ne faut pas se leurrer : des recettes bien établies sont largement réutilisées ici. Les riffs sonnent de manière peu originale et le style Mardukien sera aisément catalogué de caricatural par les détracteurs. De plus, ce disque a un défaut énorme : le son de la batterie est vraiment raté. On entend à peine la caisse claire et la double sonne de façon presque asthmatique, comme si elle s’étouffait dans son propre écho. Du coup, les cymbales sonnent de manière étrange, un peu comme si elles était soudainement chargées de pallier la rythmique anémiée par le mixage -c'est flagrant sur "Steel inferno"-. Dommage.
"Plague angel", malgré ses quelques défauts et son manque global d'originalité, peut donc être considéré comme un certain renouveau pour une formation qui regagne à mes yeux une bonne partie de la crédibilité qu'elle avait perdue ces dernières années. On n'atteint pas le niveau exceptionnel des grandes oeuvres du groupe mais le temps des interrogations semble être révolu. On fait ce qu'on sait faire le mieux à savoir bourriner, fournir du black brutal par grosses pelletées, énerver les true beumeus et passer 37 fois par an en concert dans chaque village européen. Ceux qui les croyaient morts en seront pour leurs frais.


Rédigé par : Loufi | 14/20 | Nb de lectures : 19284