La Horde MARDUK revient à ses amours guerriers avec un artwork et un titre qui sentent bons les années 14-18, les tranchées, la Grosse Bertha, les affrontements baïonnette aux fusils, la boue, sa saleté, les gueules cassées, les poilus d’un côté et les frontschweins de l’autres. Frontschwein était le nom que se donnaient les soldats allemands au front lors de la Première Guerre Mondiale. L’artwork est d’ailleurs très réussi. Pour le reste, le fond des morceaux, on est dans un bon vieux retour aux fondamentaux de la Seconde Guerre Mondiale, une des indécrottables marottes du suédois. Au niveau de l’artwork et de la thématique générale on est bon. Mais quoi de neuf du côté de la musique ?

MARDUK livre un album comme il sait les faire, guerrier mais plus varié que ne l’était Panzer Division Marduk, mètre étalon de la guerre sur disque. « Frontschwein » s’inscrit dans la veine du MARDUK version Mortuus, c'est-à-dire celui qui sait calmer le jeu quand il le faut pour faire du Funeral Mist. Ou presque. Beaucoup regretteront à jamais le départ de Legion, d’autres prendront comme une bénédiction l’arrivée de Mortuus. Quelque soit le camp dans lequel on se trouve, il faut reconnaître que Mortuus est parvenu à injecter du sang neuf pour donner un nouveau visage au groupe qui commençait doucement à ronronner. Bon, personnellement je sors de ce débat car mon disque favori de MARDUK est « Fuck Me Jesus » avec Andreas Axelsson au chant. Pas de parti pris, je trouve du bon et du moins bon dans les deux périodes et je réécoute toujours les mêmes disques (Those Of The Unlight, Nightwing, Panzer, Wormwood et Serpent Sermon).

Basiquement, au premier abord, ce petit dernier se rapproche plus de la seconde période MARDUK avec une alternance de titre ultra rapides qui crachent le feu et d’autres pièces plus lentes, lourdes et portées sur les atmosphères. « Frontschwein » joue et fait mouche sur les deux fronts. Au niveau de la vitesse et de l’agression brute, ils n’ont plus grand-chose à prouver. D’entrée, ça savate et ça blaste. « Frontschwein » s’il n’est pas super original, livre le premier sang et permet de bien rentrer dans le disque. Riffs efficaces, grosse caisse de sortie et haut débit de Mortuus qui enchaîne avec un petit refrain martial, tout comme il faut. Un bon titre d’ouverture qui donne le ton. « The Blonde Beast » change un peu la donne avec sa rythmique binaire, martiale, militaire et son mid-tempo lourd et entêtant. Il fallait bien ça pour mettre en musique « l’œuvre » de Reinhard Heyndrich, une des têtes pensantes de l’Holocauste (j’entends que ça jase déjà). « Afrika » (coucou Rommel) lui déboule à du cent à l’heure et renoue avec la fougue de « Panzer Division Marduk ». Direct et efficace, du 100% Marduk avec un riff typique de Morgan. Voila pour le trio de tête qui résume tout le reste du disque : lourdeur, vitesse et Seconde Guerre Mondiale, côté allemand bien évidemment.

Mortuus impose encore son style vocal sur cet album, tout en hargne et en rage contenue. « Wartheland », « Rope Of Regret » ou « 503 » démontrent toute l’ampleur de ses capacités vocales. Mortuus fait flipper et agresse dans le même mouvement, d’une pierre deux coups. Sa performance la plus marquante reste « Thousand-Fold Death » où il sort le short et la casquette pour claquer un flow scandé monocorde supersonique à faire pleurer le plus basé des chanteurs de hardcore. Un véritable débit mitraillette pour clore l’album de fort belle, et surprenante, manière.

Depuis l’arrivée du sieur Mortuus, MARDUK aime ralentir le tempo et se lancer dans la lenteur et la lourdeur. C’est encore le cas ici avec les morceaux « Nebelwefer » et « 503 ». Le premier est froid comme l’enfer et tranchant comme les hauts pics suédois. Le tout rehaussé de quelques claviers d’ambiance qui apportent une vraie atmosphère de défaite à ce morceau. La bande son des troupes en déroute très certainement. « 503 » est plus dans la vraie lourdeur qui écrase sous sa botte toute forme de résistance. Je ne parle pas de la production qui est excellente et parfaitement emballée comme d’habitude. « Frontschwein » est un album cohérent, homogène dans sa variété (encore que c’est pas non plus la Compagnie Créole, ça reste du gros black qui tâche) mais sans vraie prise de risque. MARDUK fait du MARDUK post « Wold Funeral » mais le fait bien. Toutefois on peut regretter le côté un peu plus « aventureux » de « Serpent Sermon » ou « Rom 5 : 12 », ici les suédois sont en terres conquises et y règnent sans trop de partage. Du bon MARDUK, finalement assez classique, pas transcendant mais malgré tout fort appréciable. Du travail de pros.





Rédigé par : Seb On Fire | 15/20 | Nb de lectures : 14053