« La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.». L’éminent Einstein savait mieux que quiconque la nécessité d’aller de l’avant, et de ne pas se contenter de stagner. Cet adage pourrait sans problème s’adapter à certains groupes de ‘Metal’, car bien que l’innovation ne soit pas forcément le but recherché, la frontière avec la guimauve insipide n’est jamais très loin...

Et à ce jeu, Man Must Die oscille entre le Kinder surprise et le tricycle. A la fois très bonne surprise contenant quelques pépites, et melting-pot bancal d’influences balisées. Attention, ce dernier terme n’est pas pour autant péjoratif, car les Écossais sont loin d’être en queue de peloton. Leur Death Metal Moderne (terme idéal pour classer les groupes ‘fourre-tout’) est vraiment agréable et efficace, mais n’en reste pas moins parfois trop classique, trop prévisible. Il manque ce grain de folie, cette étincelle d’imperfection et d’impulsivité qui permettrait d’emballer la machine et de laisser l’auditeur scotché sur place.

Et pourtant, ‘No Tolerance For Imperfection’ est un album ultra efficace et ultra plaisant. Ce 3ème effort du groupe paraît 2 ans après ‘The Human Condition’, toujours via le soutien inconditionnel de Relapse. A défaut d’établir une véritable comparaison entre cet opus et les précédents, je dirais juste que les Écossais ont relativement durci leurs compos, et accéléré le rythme sur certaines d’entre elles.
Toujours en danseuse entre le Death, le Brutal Death, le Thrash et quelques autres influences plus modernes, ‘The Human Condition’ est un condensé de brutalité et de mélodies.
L’arrivée d’un nouveau batteur, Matt Holland, a dû donner des idées au groupe, car le chef d’orchestre des tempos en a sous la pédale, et ne se prive pas pour poser des accélérations judicieuses. Véritable métronome, sa qualité de jeu est appréciable, et les compos s’articulent autour des régulières variations de rythmes. Enchaînant Breaks plaisants, Mid-tempos groovy et passages bien blastés, la plupart des titres sont également ornés d’une palette de riffs variée, allant du jouissif au banal.

Joe le beugleur s’en donne à cœur joie, ses hurlements majoritairement graves et presque growlés franchissent parfois la frontière de l’aigu, mais restent convaincants et s’accordent parfaitement avec les réguliers ralentissements.
Cependant c’est au niveau des riffs que MMD marque vraiment des points : acérés, mélodiques, efficaces et facilement mémorisables, ils rendent ainsi la plupart des titres très catchy et accrocheurs, à l’image de ‘Reflections (From Within)’ ou ‘How The Mighty Have Fallen’. Les 11 compos de ‘The Human Condition’ sont avant tout mises en valeur par des riffs inspirés du Death mélodique, que ne renieraient pas DARK TRANQUILLITY ou IN FLAMES. Rehaussé par des soli et quelques leads inspirés, l’aspect viril et brutal des compos reste cependant bien présent et évoque parfois AMON AMARTH ou KATAKLYSM via cette alliance de lourdeur et de groove.

Quelques passages plus mous ou bancals ponctuent également l’album, comme l’illustre ‘It Come In 3's’ ou le break de ‘Cainsayer’ ; et si THE BLACK DAHLIA MURDER se fait ressentir de temps à autre, pas de quoi gâcher le plaisir cependant, Man Must Die se complaît dans un DeathMetal Moderne majoritairement brutal et mélodique à la fois. Je ne vous surprendrais pas en disant que le son est puissant, clair (mais impersonnel), support idéal pour pleinement apprécier la déflagration à son juste niveau.

A l’image de l’œuf en chocolat de Ferrero, ce ‘The Human Condition’ est malheureusement parfois trop propre et trop lisse pour être inoubliable, la faute sans doute à une absence d’innovation. Mais absence d'innovation ne signifie pas absence d'intérêt, et comparé à d’autres confiseries, cet album s’avère bien goûtu et efficace, et comblera sans problème les estomacs en manque de décibels.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 14/20 | Nb de lectures : 10995