En matière de Heavy-Thrash racé et technique Manticora est devenu depuis quelques années une valeur sûre et leur nouvel album, un ambitieux concept album (ce sont des habitués du genre) racontant en deux parties (“The Black Circus Part 1 et 2) les histoires d'un cirque ambulant de la fin du XIXème, va sans peine leur permettre de franchir un nouveau palier.
L'influence de Blind Guardian dans la musique de Manticora est bien évidemment indéniable mais on aurait tort de ne retenir que cette seule influence, surtout dans le cas de cet album. En effet, Manticora se fait ici plus théatral que jamais (afin de coller au concept) et, pour ce faire, le chant de Lars L. Larsen se rapproche encore sensiblement, sur certains passages, de celui d'un Dane Warrel ou d'un Charles Rytkönen.
L'album comprend un nombre assez conséquent de titres réellement imparables que ce soit “The Black Circus”, “Forever Carousel” (sublime morceau qui n'est pas sans rappeler le Blind Guardian de la bonne époque -notamment au niveau des choeurs-) ou encore le magnifique « Gypsies Dance Part I » avec son crescendo final très technique et complètement orgiaque (la deuxième partie de ce titre figurera sur le second album). Dans cette déferlante de titres rapides et légèrement alambiqués un morceau comme « Freakshow », sublimé par le chant plaintif à couper le souffle de Lars, se détache remarquablement du reste. Tout en intensité et en émotion « Freakshow » prend littéralement aux tripes grâce au chant mais également grâce à ses parties de guitares acoustiques. Une très belle ballade, très intense qui fait vraiment office de pause dans l'album.
La seule ombre au tableau provient du titre « Wisdom » qui voit l'apparition d'un chant féminin royalement quelconque dont le but est de faire le contre-poids à un chant hurlé qui l'est tout autant. Un beau cliché dont Manticora aurait pu faire l'économie. Les interludes sont nombreux mais conservent toujours une durée raisonnable (ils restent l'accessoire et ne deviennent jamais le principal). Ces derniers apportent une substance supplémentaire au concept, genre ambiance de fête foraine malsaine (on salue nos amis les forains au passage...) dans laquelle des gypsies aux intentions peu catholiques rencontreraient le « Freakshow » de Tod Browning.
Un très bon album à la production absolument irréprochable (c'est toujours Tommy Hansen aux manettes) qui est quasiment du même niveau que le dernier Wuthering Heights et assez nettement supérieur au dernier Morgana Lefay qui est, il faut bien l'avouer, assez décevant. On ne peut qu'espère que le « Part 2 » soit du même acabit.


Rédigé par : BigHenry | 15/20 | Nb de lectures : 10972