Tu es fan de thrash, de black ou de death ? Alors passe ton chemin car MANNGARD n’est rien de tout cela ! A moins qu'il ne soit au contraire un peu de tout à la fois, mais sous une forme tellement instable qu'elle en dénature ses composants originels. Ou alors jette une oreille sur ce deuxième CD des Norvégiens, mais sache que si tu exècres le mathcore et ses plans tordus et dissonants, tu risques d’en être pour tes frais… Bizarre et imprévisible, MANNGARD livre avec « European Cowards » un disque assez inhabituel dans le métal traditionnel, celui qui se retranche derrière de hautes murailles hérissées de pics empoisonnés afin de ne rien laisser passer qui puisse nuire à son intégrité.

« Pests In Pools Of Stagnant Water » ne tourne d’ailleurs pas autour du pot, entrée en matière brutale à la DROPPDEAD suivie d’un enfilage de plans complexes en opposition totale. Le reste de l’album sera à l’avenant, sans aucun repère auquel se raccrocher, très vite fatiguant pour le non-initié ou celui qui recherche plus de stabilité. Le chant punk qui revient à de nombreuses reprises insuffle pourtant pas mal d’énergie aux compos et donne en quelque sorte une légère unité aux morceaux, mais il est trop souvent supplanté par un chant blackisant désagréable sans intérêt. On retrouve parfois quelques éléments piochés dans le répertoire de VOIVOD (« European Cowards », « Divine Justice »), mais pas assez exploités malheureusement. On retombe trop vite dans le chaos formé par un empilage de riffs et de cassures de rythmes pénibles, dont même les plans à la SLAYER qui s’y sont perdus ne faciliteront pas la digestion.

Il n’y a pas assez de cohésion dans « European Cowards », en tout cas pas pour qui en attend quelque chose de relativement traditionnel dans sa structure. L’impact des passages punk sauvages, pas si éloignés que ça du grind, est minimisé par ces incessants sauts d’un style à l’autre au sein d’une même chanson et cette importance donnée à la technique dans les rythmiques au détriment des mélodies ou d’accords mémorisables. Le but de MANNGARD était certainement de justement créer quelque chose de nouveau, difficilement identifiable et étiquetable, et en ce sens ils ont réussi leur coup. Mais avec cette pochette d’assez mauvais goût et son logo bien métal, on peut craindre que le public à même d’apprécier le disque ne sera peut-être pas celui qui se donnera la peine de l’écouter.




Rédigé par : Dungorpat | 07/20 | Nb de lectures : 9976