Fin avril 2012, et sur la page officielle du groupe, MANIMAL annonçait le départ de son principal compositeur et guitariste, Vidda. A l'aube de leur troisième album, le groupe a donc décidé de s'arrêter... mais après la sortie du skeud et après une tournée d'adieu... la dernière de l'homme animal en somme.
Le MANIMAL poussera donc son dernier cri sur ce "Multiplicity" et achèvera sa transformation finale avant de se fondre dans le noir et de dévorer quelques dernières victimes... consentantes ou pas... à ce stade, la bête n'en a plus grand-chose à foutre de toute façon.

Pour parler franco, je n'avais pas de grands espoirs pour ce dernier album. Je pensais que le groupe s'était trop "absenté" et éparpillé de par les divers projets de ses membres pour retrouver une véritable unité.
Je me suis trompé... et lourdement en plus.

Qu'est-ce qui a motivé le groupe pour revenir à un tel niveau de composition et d'exécution ? Je n'en sais rien du tout. Reste qu'on a affaire ici à un MANIMAL assez proche de celui du premier album : aventureux, rageur, mélodique et décomplexé.
Le groupe revient, à mon goût, à son meilleur niveau et, à certains moments, tape plus fort qu'il ne jamais fait jusqu’à présent. Plus vieux, plus fou, plus fort.

Certains passages sont incroyablement bien pensés, super bien exécutés et bien structuré. On retrouve l'originalité du groupe, sa verve, sa fougue et sa détermination.
Touché par la grâce, MANIMAL offre de superbes moments de musique.
Julien n'a jamais chanté aussi bien, il growle, hurle et défonce le mic comme si son chant coulait de source. Le moustachu cinéphile fait preuve sur cet album d'une puissance et d'une folie qui rappelle les débuts de sa carrière... Impérial de bout en bout, il impressionne et signe une des ses meilleures performances.
Brice, le batteur, en plus de son jeu mortel, offre quelques plans vraiment originaux particulièrement carrés et percutants. Les "cordeux" mettent le feu aux amplis et Vidda offre avec classe les dernières estocades musicales qui prennent du coup des allures de bataille de fin du monde.

Le son des guitares est particulièrement gras et épais et les pistoleros bâtissent à grands coups de médiator une scène sonore très dense munie d'un son qui ne plaira pas à tous, mais qui possède une vraie personnalité et un vrai cachet.
Produit et mixé par Vidda, les musiciens ont tout géré de A à Z et offrent donc un album complétement en adéquation avec eux-mêmes.

Bien sûr, une certaine limite financière impose au groupe quelques petits tracas qui font que le son n'est pas parfait, notamment au niveau de la batterie qui ne rend pas toujours hommage aux performances hallucinantes de son batteur.
Mais qu'importe au final, puisque l'album, avec ses limites et ses faiblesses, impose une patte véritable qui lui permet de largement gagner la partie et de proposer des chansons... qui sont bien comme elles sont.
Cet album est donc l'apothéose d'un groupe inventif qui nous propose ici, un très bon disque.

Les neuf chansons que propose "Mutliplicity" sont toutes regroupées autour de neuf personnalités névrosées qui forment un ensemble conceptuel qui livrera ses secrets (de même que l’énigmatique pochette) sur le site de MANIMAL. On optant pour des choix de prénoms, Ju a choisi de donner aux chansons un aspect nébuleux et très réaliste rendant hommage aux capacités créatrices du gazier. On navigue donc entre les passages véritablement Death et les passages plus mesurés mélodiquement parlant et aux accalmies (comme sur la dernière "Edmond") qui sont vraiment les bienvenues.
Alors je devine votre question : Est-ce que MANIMAL arrive au niveau de chansons comme "Le monstre est vivant", "Dead Meat", "Take Me" ou "Eros et Thanatos" ?
La réponse est oui chers amis... allez donc écouter le hit "Ben", la superbe "Christian" ou la brutale "Laura". Quand vous aurez fini avec tout ça, un petit coup d’acoustique morbide avec "Edmond" et je pense que vous aurez votre dose... Sinon, juste le final de "Scottie"... je vous jure que ça file le barreau.

Le temps passe et aucune faiblesse ne semble vraiment se profiler tant l'album est cohérent. Un plaisir de tous les instants, une puissance de tir absolument terrifiante et une décision de se jeter vivant dans les flammes qui fait un peu de la peine... mais qui est au bénéfice de l'art. MANIMAL est mort, vive MANIMAL.

Simon MacCorkindale, le sympathique acteur qui interprétait Jesse Chase (Le personnage principal de la série MANIMAL) est décédé il y a presque deux ans à la suite d'une douloureuse maladie. Aujourd'hui, c'est la bête musicale qui nous fausse compagnie. C'est décidément les meilleurs qui s'en vont les premiers.
Merci pour la musique les gars.


Rédigé par : Pamalach | 17/20 | Nb de lectures : 16369