Tiens, je ne sais pas trop pourquoi mais avant de m’intéresser de manière plus précise à MANETHEREN j’aurais juré que c’était un groupe allemand, mais en réalité il s’agit d’une formation américaine. Pas grave, vu que tout comme la Hollande est l’autre pays du fromage, les USA sont quelque sorte l’autre pays du Black Atmo. Avant sa signature sur Debemur Morti, je n’avais jamais entendu parler de MANETHEREN qui existe tout de même depuis 2003, et dont Time est le 4ème album. Chose rare pour un groupe de BM américain, MANETHEREN n’a pas une flopée de démos et de splits à son actif, juste 4 full-length et rien de plus. Après des débuts semble-t-il assez raw, mais dans l’optique d’un BM atmosphérique un peu dépressif à la BURZUM, le combo va légèrement évoluer pour Time, dans la continuité de la seconde version de son 3ème album Solitary Remnants, qui avait bénéficié d’un réenregistrement complet.

S’il reste un combo de BM résolument atmosphérique, MANETHEREN est désormais taxé de groupe de « Black/Ambient ». Et le slash (pas celui des Guns, l’autre) a toute son importance, vu que d’un côté nous avons le BM et de l’autre des passages ambient, notamment utilisés en guise d’intros/outros pour les morceaux. Morceaux, Black Atmo oblige, qui se présentent sous de longues plages (toutes dépassent 9 minutes et la dernière atteint les 17 minutes), pour un album dense qui allonge tout de même 74 minutes de musique en 6 morceaux dénommés par les chiffres romains I à VI. Si le fait de voir ce groupe débarquer sur un label BM de renom est enthousiasmant, le résultat de Time va vite faire retomber le soufflé, hélas. Le groupe se débrouille pourtant très bien dans son aspect ambient, avec des passages souvent somptueux (les intros de "I", "IV" et "V"), ainsi que des breaks semi-acoustiques parfaitement amenés. C’est surtout au niveau du BM que ça coince, car MANETHEREN a un peu du mal à se distinguer et à proposer quelque chose qui retienne vraiment l’attention. On assiste donc la majeure partie du temps de Time à un étalage de riffs black mélodiques et de trémolos épiques, pour un ensemble assez répétitif au sein de morceaux interminables. MANETHEREN n’œuvre pas pour autant dans le minimalisme à deux riffs qui tournent (surtout que la prod est très claire), mais son Black Atmo pas agressif pour un sou (même jusque dans les vocaux) qui tend donc vers le Post-Black a vraiment du mal à décoller. Seul "III" qui est assez bien ficelé, et le très lumineux "VI" tirent leur épingle du jeu, mais à l’image de tout l’album ils souffrent de quelques longueurs.

Time n’est pas un mauvais disque pour autant, mais il est bien trop long et trop peu intéressant pour pouvoir maintenir l’attention de l’auditeur pendant plus de 70 minutes. Et surtout, tendre vers du Post-Black à la AGALLOCH et consorts n’est pas un gage de prise de risque ou d’originalité, loin de là et surtout ces dernières années. Au final, MANETHEREN devient juste un énième groupe de Post-Black, qui a certes du talent (notamment au niveau du jeu de batterie assuré par Thorns de 11 AS IN ADVERSARIES, FROSTMOON ECLIPSE et bien d’autres formations) mais n’arrive pas à composer un album assez fort et mémorable pour être au-dessus du lot, et succombe au péché de gourmandise. Le côté ambient est à creuser mais… il n’est pas à 100% du fait du groupe vu que Peter Anderson (RAISON D’ÊTRE) a composé les intros/outros de Time. Ce 4ème album de MANETHEREN vous branchera si vous êtes à l’affut de tout ce qui sort en Post-Black atmo, sinon Time est une galette agréable à écouter mais qui n’est pas un grand disque du genre.




Rédigé par : ZeSnake | 13/20 | Nb de lectures : 12363